La forêt amazonienne s’offre un répit
En 2023, la déforestation dans l’Amazonie brésilienne a diminué de plus de 20%, atteignant son taux le plus bas depuis 2019. L’horizon semble s’éclaircir pour la plus grande forêt tropicale du monde.
Le fléau de la déforestation
Les importations de l’Union européenne représentent 16% de la déforestation liée au commerce mondial.
Produits alimentaires, cosmétiques, carburants… Notre consommation provoque la destruction des forêts tropicales et d’autres espaces naturels essentiels.
Les importations de l’Union européenne représentent 16% de la déforestation liée au commerce mondial. La viande, les œufs et les produits laitiers que nous consommons chaque jour sont issus d’animaux nourris, pour la plupart, au soja. Cette culture ne cesse de s’étendre, empiétant sur des joyaux de biodiversité comme les forêts naturelles d’Amérique du Sud ou la savane du Cerrado.
Ces dernières années, sous l’administration Bolsonaro, la déforestation a battu des records en Amazonie, un facteur d’aggravation des sécheresses, des incendies de forêt et de la pollution atmosphérique. Avec d’importants dommages, tant pour les personnes qui souffrent du manque d’eau que pour la biodiversité.
Depuis septembre, 228 dauphins roses de rivière (Inia geoffrensis) et dauphins de rivière tucuxi (Sotalia fluviatilis) sont morts. Des décès qui pourraient être liés, selon les experts, à la baisse du niveau d’eau dans les grands fleuves, elle-même liée à l’intensification des sécheresses amplifiées par le phénomène de déforestation.
Pour une loi ambitieuse contre la déforestation
En décembre 2022, les décideurs européens scellent un accord sans précédent selon lequel, l’Union européenne n’autorisera plus la vente sur son marché de produits liés à la destruction des forêts.
En septembre 2020, plus de 100 ONG, dont le WWF France, lancent #Together4Forests pour inciter les citoyens à participer à la consultation publique initiée par la Commission européenne sur la déforestation.
L’objectif est de faire pression sur les décideurs européens pour obtenir une législation forte qui empêche la commercialisation de produits liés à la déforestation.
Plus d’un million de citoyens répondent à l’appel et, en décembre 2022, les décideurs européens scellent un accord sans précédent. L’Union européenne n’autorisera plus la vente sur son marché de produits liés à la destruction des forêts. C’est une victoire importante.
Hélas, le texte de loi se cantonne à la protection des forêts naturelles et n’intègre pas les autres écosystèmes naturels boisés, tels que les savanes, les prairies, les zones humides… qui sont pourtant tout aussi essentiels !
La déforestation ralentit en Amazonie
Comparé à l'année précédente, la déforestation a diminué de 22% .
Selon l'Institut national de recherche spatiale (INPE) et son système de surveillance de la déforestation PRODES, qui utilise des images satellitaires extrêmement précises allant de 10 à 30 mètres, le phénomène de déforestation a regressé en Amazonie.
Entre août 2022 et juillet 2023, 9001 km2 de forêt primitive ont été détruits contre 11594 km2 l’année précédente, soit 22,3 % de moins. Une baisse drastique de la déforestation dans la zone, qui a permis d'éviter l'émission de 133 millions de tonnes de CO2. Ces données viennent récompenser les récents efforts visant à contrôler la dévastation des forêts.
En effet, depuis son retour à la tête du pays le 1er janvier 2023, le président Lula s'est engagé à réduire à zéro la déforestation au Brésil d'ici 2030. Il a notamment mis en œuvre un secrétariat spécifique pour le contrôle de la déforestation et lancé un PPCDAM (Plan de Prévention et de Contrôle de la Déforestation en Amazonie), outil qui a fait ses preuves par le passé.
Cependant, c’est tout l’inverse qui se produit dans la savane du Cerrado, au sud de la forêt amazonienne : la destruction y a atteint un nouveau record annuel, avec une augmentation de 43% sur un an.
Cet écosystème riche d’une biodiversité immense et étroitement lié à l’Amazonie, a perdu plus de 7800 km² de végétation en 2023, le chiffre le plus élevé depuis le début des mesures en 2018.
C’est pourquoi, aux côtés des ONG environnementales brésiliennes, le WWF appelle aujourd’hui le président Lula à ne pas fermer les yeux sur la destruction du Cerrado, nettement moins célèbre que l’Amazonie, mais non moins précieux pour lutter contre le réchauffement climatique via sa fonction de stockage du carbone. La législation ne doit pas se limiter à la déforestation et à la dégradation des forêts naturelles mais bel et bien intégrer la conversion et la dégradation de tous les écosystèmes naturels afin d’éviter le phénomène de “report” observé actuellement.