La Grande Bleue se porte mieux

Avec ses 46 000 km² de littoral, la Méditerranée est la plus grande mer semi-fermée au monde. Foyer de biodiversité, la grande bleue abrite plus de 10 000 espèces, bien qu’elle ne représente que 1% des eaux de la planète.

Elle s’étend sur 24 pays et territoires d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient. Du détroit de Gibraltar au canal de Suez, ce bassin comporte quelques-unes des terres les plus fertiles, les plus belles et, par conséquent, les plus convoitées. Transport maritime, tourisme, aquaculture, exploration ou même exploitation d’hydrocarbures… Tous les secteurs traditionnels de l’économie s’y développent de manière exponentielle.

Il en résulte de nouveaux impacts sur des écosystèmes déjà sous pression. S’il s’agit d’une région développée, elle est pourtant l’une des moins protégées au monde alors que ses ressources naturelles ne sont pas illimitées. Chaque jour, nous perdons des habitats, détruisons des forêts, dégradons les fleuves et cours d’eau, exploitons la vie marine, polluons les mers et perdons des espèces endémiques de la Méditerranée.

Depuis plus de 17 ans, le WWF France s'investit en Méditerranée pour la protection des écosystèmes marins. Le WWF France a soutenu pendant près de 10 ans la création du sanctuaire Pelagos, la seule aire marine protégée de haute mer créée entre la France, Monaco et l’Italie, et embarque régulièrement pour des missions scientifiques d’observation des cétacés.

Le WWF a également relancé le réseau MedPAN des gestionnaires d’aires marines protégées (AMP) en Méditerranée et s’investit dans la gestion efficace et la création de nouvelles AMP. Par ailleurs, nous avons mis en évidence les risques d’un développement économique maritime anarchique à travers le rapport La Méditerranée à la croisée des chemins : le Far West ou le développement soutenable et nous efforçons de promouvoir une croissance bleue soutenable.

Plus de poissons, moins de pollution plastique. Telles sont les premières conclusions d’une étude inédite : le plus grand inventaire des espèces jamais entrepris sur le littoral méditerranéen français !

Jusqu’à présent, le suivi de la faune marine se faisait principalement appel à des techniques invasives et non exhaustives ne détectant pas les espèces trop petites ou trop furtives. L’ADN environnemental (ADNe) est une nouvelle technologie qui permet d’inventorier la biodiversité aquatique via les traces ADN laissées par les espèces dans leur environnement. Grâce à ce procédé, les chercheurs de BioDivMed ont pu cartographier pour la première fois, à fine échelle et de manière synchrone, la biodiversité marine en Méditerranée française.

Une trentaine d'experts ont ainsi prélevé 700 échantillons sur 2000 kilomètres… et les résultats sont prometteurs ! Parmi les surprises, on compte la redécouverte du requin ange. On supposait que ce très grand poisson aux larges nageoires, semblables à des ailes, ne vivait qu’au large mais grâce à la technique de l’ADN environnemental, on a appris que l’espèce fréquentait aussi les abords du littoral.

La présence du requin à peau bleue, totalement inoffensif pour les humains, ainsi que celle du poisson lune, ont aussi été mises en évidence près de Banyuls-sur-Mer.

De nouveaux habitats remarquables, qui concentrent de fortes densités en espèces menacées, ont été découverts, y compris en dehors des sites protégés. Au total, 267 espèces de poissons ont été recensées. Des trésors de biodiversité, inconnus jusqu’alors, ont été découverts.

Si la mer Méditerranée reprend des couleurs c’est que les efforts entrepris pour préserver la grande bleue (création de réserves marines, amélioration des connaissances, mise en place de stations d’épuration…) commencent à porter leurs fruits. Pour autant, l'écosystème marin reste fragile, surtout à l'approche de l'été, une période où la pollution en mer augmente fortement...