La Nouvelle-Calédonie met ses eaux à l'abri
Mer de Corail : le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie crée 105 000 km² de nouvelles réserves marines et place ainsi 10% de son espace maritime sous protection forte.
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En 60 ans, les effectifs des tortues « grosse tête » ont chuté de 80% dans le Pacifique Sud.
Son sol, riche en nickel, lui a valu le surnom de caillou. Mais la Nouvelle-Calédonie possède bien d’autres atouts. Joyau de la biodiversité mondiale, l’archipel concentre des écosystèmes terrestres et marins d’une richesse exceptionnelle. Son espace maritime est immense (1,4 million de km²). Il abrite des récifs coralliens, des rides océaniques et des monts sous-marins. On y trouve notamment le plus grand lagon du monde, des populations importantes de baleines à bosse, dugongs, tortues et oiseaux marins.
Malheureusement, de nombreuses menaces pèsent sur l’extraordinaire diversité de ces précieux écosystèmes : surpêche, trafic maritime intense, espèces invasives, pollution, braconnage, autant de pressions que le réchauffement climatique vient aggraver ! En 60 ans, les effectifs des tortues « grosse tête » ont, par exemple, chuté de 80% dans le Pacifique Sud.
Promouvoir les aires marines protégées
Depuis les années 1970, le WWF se mobilise pour la création de nouvelles Aires Marines Protégées qui constituent l'une des méthodes les plus éprouvées pour conserver le monde sous-marin. L'intervention humaine et l’exploitation des ressources y sont strictement réglementées quand elles n’y sont pas complètement interdites. En 2014, nous remportons une victoire significative : le gouvernement Calédonien crée le Parc naturel de la mer de Corail, une Aire Marine Protégée géante de 1,3 million de km2. En termes de superficie, elle occupe la première place en France et la seconde à l’échelle mondiale après Hawaï ! Puis, en 2018, à l’occasion de la conférence « Our Ocean » qui se tient à Bali, la Nouvelle-Calédonie annonce la mise en place d'une protection accrue des écosystèmes coralliens du Parc, soit environ 30 000 km². Ces derniers, qui concentrent un tiers des récifs encore pleinement préservés de la planète, disposent dès lors d’une protection dite “forte” selon les standards les plus élevés au niveau international (niveau I et II selon les critères de l’UICN).
Un pas de plus pour l’océan
Le Parc naturel de la mer de Corail compte désormais 136 830 km² de réserves de protection forte
Le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie vient de signer un arrêté pour la création de nouvelles réserves de protection forte dans le Parc naturel de la mer de Corail. C’est ainsi plus de 100 000 km² supplémentaires qui sont mis à l’abri, consacrant l’ambition de protéger sur le long terme le patrimoine marin exceptionnel de l’archipel. Un important travail du Comité de Gestion (dont fait partie le WWF) et du Comité Scientifique a permis d’identifier les zones d’intérêt écologique prioritaire : monts sous marins, zones de reproduction des baleines à bosse, îles et récifs éloignés, zones de reproduction et de nourrissage des oiseaux.
Cinq nouvelles réserves naturelles voient ainsi le jour, une nouvelle réserve intégrale est mise en place, tandis que deux réserves voient leur niveau de protection rehaussé, passant de réserve naturelle à réserve intégrale.
Ainsi, le Parc naturel de la mer de Corail compte désormais 136 830 km² de réserves de protection forte, soit 10% de l’espace maritime calédonien. Cela en fait la plus grande zone de protection forte de l’espace maritime français devant celle des Terres Australes et Antarctiques Françaises (120 167 km²).
Ces nouveaux classements traduisent la volonté de la Nouvelle-Calédonie de faire du Parc naturel de la mer de Corail un modèle de préservation de la biodiversité au niveau mondial.
Le WWF se réjouit de cette étape et continuera à accompagner les efforts du gouvernement de l’archipel pour renforcer la gestion d’autres zones à enjeux de conservation de son espace marin. Ce projet est également l’occasion de consacrer la vision culturelle kanak de l’océan, et plus particulièrement l’importance des monts sous-marins qui constituent un monde de silence, de tranquillité et de paix où reposent les esprits. En lien avec les autorités coutumières, des noms en langue vernaculaire vont être définis pour plusieurs réserves du parc.
1 Des zones dites « réserves intégrales » peuvent être instituées dans un parc national afin d'assurer, dans un but scientifique, une protection plus grande de certains éléments de la faune et de la flore. Des sujétions particulières peuvent être édictées par le décret qui les institue.