L’antilope saïga de retour à la maison !

Le désert de Gobi, en Mongolie, est une région particulièrement hostile où l'eau et la végétation se font rares. Entre des étés brûlants et des hivers glacials, seuls les animaux les plus résistants survivent, comme l'antilope saïga, une espèce emblématique du pays. 

Mais à la fin du siècle dernier, sa population chute dramatiquement. L’UICN la classe en « danger critique d’extinction », avec seulement 50 000 individus contre près de 2 millions dans les années 1950. En 2002, la situation devient alarmante : il ne reste plus que 750 saïgas ! Ce déclin est dû à plusieurs facteurs. La destruction de son habitat causée par l’extension agricole, les conditions climatiques extrêmes et le braconnage sont autant de menaces. Les saïgas sont chassées pour leur viande, mais les mâles sont aussi ciblés pour leurs cornes, très prisées en médecine traditionnelle chinoise. De plus, l’espèce est touchée par des épidémies dévastatrices. En 2015, une épizootie foudroyante cause la mort de 120 000 individus en seulement deux semaines, sapant les actions de conservation entreprises depuis plusieurs décennies.

Depuis 1994, le WWF œuvre à la protection de l’antilope saïga. Après avoir contribué à l’adoption d’un mémorandum sur la conservation des espèces migratrices, l’organisation développe aujourd’hui des alternatives économiques pour aider les communautés locales à renoncer à la chasse. En collaboration avec les gouvernements et d’autres partenaires, nous soutenons aussi les habitants des steppes de Betpak-Dala, au Kazakhstan, dans la lutte contre le braconnage. Par ailleurs, l’équipe du WWF Mongolie mène des études sur le terrain pour suivre la répartition des saïgas et mieux comprendre leur évolution. Ces actions combinées visent à assurer la survie de cette espèce emblématique et à préserver son habitat naturel sur le long terme.

Nos efforts pour protéger l’antilope saïga commencent à porter leurs fruits. Il y a un peu plus de dix ans, le WWF de Mongolie a célébré avec fierté le retour de cette espèce emblématique dans son habitat naturel. En mars 2013, une étude de terrain a confirmé que 29 saïgas s’étaient établies autour du lac de Sangiin Dalai, dans le désert de Gobi. Des habitants et des rangers ont aussi signalé une augmentation de la population locale. Le fait que ces antilopes soient revenues sur un territoire qu’elles avaient abandonné est un signe positif, bien que des défis restent à relever.

Au Kazakhstan, on constate aussi quelques signes encourageants. En 2020, plus de 500 saïgas ont vu le jour, contre seulement quatre en 2019. Ce véritable boom de la natalité est un indice clair de la récupération de l’espèce. En outre, l’agrégation des spécimens adultes ayant mis bas est la plus importante jamais constatée depuis 10 ans. Ce phénomène de socialisation est crucial car il indique une bonne santé de la population, favorise la survie des jeunes antilopes et renforce la cohésion du groupe face aux défis environnementaux.

En 1997, il ne restait plus que 3 340 saïgas mongols, mais grâce aux efforts du WWF en Mongolie, leur nombre a rapidement augmenté, passant de 750 en 2002 à plus de 15 000 en 2016. Aujourd'hui, grâce à une collaboration renforcée avec les communautés locales, leur population est estimée à 23 215 individus ! 

Cette belle progression montre que les stratégies de conservation fonctionnent, permettant aux saïgas de revenir naturellement dans leurs anciens territoires, sans avoir besoin de réintroduction artificielle.

Même si l’espèce n’est pas encore totalement sauvée, elle nous montre une incroyable capacité à surmonter les difficultés et nous donne une belle leçon de résilience face aux défis environnementaux.