Le léopard de l’Amour gagne du terrain

Son nom fait référence au fleuve Amour qui coule en Sibérie et en Chine. Cette sous-espèce du léopard vit dans les forêts tempérées, au sud de l’Extrême-Orient russe. L’animal  possède une fourrure particulièrement épaisse qui s'éclaircit l'hiver pour mieux se fondre dans la neige et qui lui permet de résister aux températures hivernales extrêmes des régions où il évolue.

Le léopard de l’Amour est malheureusement l’un des félins les plus menacés au monde. Depuis 1996, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) classe cette sous-espèce en danger critique d’extinction. A l’origine de ce déclin, les activités humaines ! L’animal pâtit avant tout de la réduction de son habitat car l’homme ne cesse d’empiéter sur son territoire. Il a d’ores et déjà perdu 90% de son espace vital en raison de la déforestation. Mais il fait aussi l’objet d’une réelle persécution. La médecine chinoise attribuant à sa dépouille des vertus médicinales, le léopard de l’amour est chassé à outrance. 200 félins environ se trouvent actuellement répartis dans les zoos du monde entier. A ce jour, il y aurait plus d’animaux en captivité que dans la nature. 

En 1998, le gouvernement russe adopte une stratégie ambitieuse pour la préservation du léopard de l’Amour. Le WWF apporte son soutien aux activités de lutte contre le braconnage, dans la réserve naturelle de Barsovy, ainsi que dans tout l’habitat du léopard de l’Amour, à l’extrême Est de la Russie. Si ces zones peuvent être protégées de l’exploitation forestière excessive, des feux de forêts endémiques et des braconniers, il existe une chance de faire croître la population sauvage de cet animal emblématique.

Le WWF met également en place des programmes pour faire cesser le trafic de produits dérivés des léopards de l’Amour et pour accroître la population d’ongulés (cerf, chevreuils, etc.) qui constituent ses proies principales. En 2007, sous la pression du WWF et d’autres défenseurs de l’environnement, les projets de construction d’un pipeline, reliant le centre de la Sibérie aux côtés de la mer du Japon en traversant le Primorié, et d’une mine de charbon au cœur du territoire du léopard de l’Amour sont abandonnés !

En un peu plus de 20 ans, la surface de son aire de répartition a été multipliée par trois.

Au début du 21e siècle, son habitat s’était réduit à peau de chagrin, le félin n’occupait pas plus de 1380 km2. Mais peu à peu, il a regagné du terrain. Grâce aux efforts de conservation menés par les organisations environnementales et le gouvernement, le territoire du léopard s’étend désormais sur plus de 3780 km2. Cette superficie représente à peu près quatre fois celle de la ville de Londres. 

Résultat : la population du félin a sensiblement augmenté, elle est actuellement estimée à plus d'une centaine d'individus en Russie, contre environ 35 il y a 20 ans. La création en 2012 du Parc National du Pays du Léopard en Extrême-Orient russe, prôné par le WWF depuis de nombreuses années, a joué un rôle fondamental dans cette reconquête car il se situe vraiment au cœur de l’habitat des léopards de l’Amour. D’ailleurs, il semblerait que quelques spécimens commencent à migrer doucement vers la Chine voisine. C’est en tout cas ce que révèlent les clichés des caméras-pièges, installées à proximité de la frontière entre les deux pays.  

Depuis 2019, la Chine dispose d’une vaste zone protégée, le Parc national du tigre et du léopard, située au nord-est du pays. A terme, nous espérons que cette aire protégée fusionnera avec le Parc national russe du pays du léopard, afin de constituer le plus grand parc national transfrontalier au monde, créant ainsi des conditions encore plus favorables à la restauration d’une population viable.

Les léopards de l'Amour sont les principaux prédateurs de leur milieu, ils jouent donc un rôle crucial pour maintenir l’équilibre de l’écosystème qui les abrite. En protégeant le léopard de l'Amour, nous contribuons à prendre soin de son environnement au profit d'autres animaux sauvages et des personnes avec qui il partage son territoire.