Le lynx ibérique rebondit
La population du félin continue à progresser. Selon l’UICN, l’espèce n’est plus en “danger” même si elle demeure “vulnérable”. Chronique d’un sauvetage auquel le WWF a contribué aux côtés de 20 autres organisations.
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaAu bord de l’extinction
Au siècle dernier, la péninsule ibérique comptait plus de 100 000 lynx paradelle à l’état sauvage. Au début des années 2000, il n’en reste plus que 94.
Au siècle dernier, la péninsule ibérique comptait plus de 100 000 lynx paradelle à l’état sauvage. Mais au début des années 2000, il n’en reste plus que 94, répartis entre les parcs naturels de Doñana, l’estuaire du Guadalquivir et de la Sierra d’Andujar, dans le nord de l’Andalousie. Le lynx d’Espagne, qui a complètement disparu du Portugal, est alors considéré comme le félin le plus menacé au monde. En octobre 2002, l’UICN le classe même dans la catégorie des espèces en danger critique d’extinction sur sa liste rouge.
En cause : les activités humaines ! Braconnage, agriculture intensive, urbanisation galopante empiétant sur son milieu naturel et bien sûr collisions avec les voitures… Mais le coup de grâce aura sans doute été la raréfaction de ses proies favorites : les lapins sauvages. Ces derniers, décimés par des maladies mortelles, dont la myxomatose, ont perdu 90 % de leurs effectifs. Une véritable catastrophe pour tous ses prédateurs, le lynx paradelle en tête.
Des premiers résultats prometteurs…
Dès 2016, l’espèce est de retour au Portugal et l’UICN la fait passer de la catégorie « en danger critique » (CR) à la catégorie « en danger » (EN).
Depuis que le WWF Espagne existe, il se mobilise pour la conservation du lynx ibérique. Dès les années 90, l’ONG négocie des accords avec les fédérations de chasse à Sierra Morena, Montes de Toledo et Doñana. En 2002, elle participe au recensement national et prend part au projet européen Life Lince, renommé Iberlince, qui a pour objectif de restaurer une population viable sur la péninsule.
Dans le cadre de ce programme, des lynx, élevés en captivité, sont réintroduits dans leur milieu naturel. Des tunnels sont construits pour sécuriser la traversée des routes très fréquentées et faire ainsi baisser le nombre de collisions avec les voitures. Et surtout, plus de 150 000 lapins, proie privilégiée du félin, sont relâchés dans la nature.
Résultat, dès 2016, l’espèce est de retour au Portugal et l’UICN la fait passer de la catégorie «en danger critique» (CR) à la catégorie «en danger» (EN). En 2020, la Commission européenne approuve le projet « Connecter les populations de lynx ibériques pour assurer leur viabilité démographique et génétique à long terme ». Un programme coordonné par le gouvernement régional d'Andalousie qui implique 21 partenaires, dont le WWF-Espagne, et qui sera décliné jusqu'en 2024.
… qui se confirment !
Entre 2020 et 2022, la population de lynx ibérique passe de 1111 individus à 1365, soit une augmentation de 23% en deux ans !
Entre 2020 et 2022, la population de lynx ibérique passe de 1111 individus à 1365, soit une augmentation de 23% en deux ans ! En 2023, le ministère espagnol de l’environnement en dénombre 2021, ce qui représente une croissance de 21% par rapport aux données de 2022.
Suite à cette embellie, l’UICN décide de changer la classification de l’espèce. Cette dernière passe de la catégorie "en danger" à la catégorie "vulnérable" sur sa Liste rouge des espèces menacées.
La réintroduction de sa proie, le lapin européen, a largement contribué à cette amélioration. De même que les actions menées pour réduire la chasse illégale et le braconnage, ainsi que pour prévenir la mortalité routière - les collisions avec les véhicules étant la principale cause de mortalité non naturelle de ces lynx.
Toutefois, malgré ce rebond, le rétablissement définitif du lynx ibérique en tant qu'espèce nécessite la création de nouvelles populations, notamment pour garantir la croissance du nombre de femelles. C’est pourquoi le WWF travaille actuellement en collaboration avec d'autres entités pour réintroduire des lynx dans deux zones de Castille-La Manche et dans une autre en Andalousie.
Nous concentrons aussi nos efforts sur l’amélioration de la connectivité écologique entre les différentes populations. Si pour l’instant le lynx paradelle semble suivre une trajectoire favorable, il n’est hélas, pas encore tiré d’affaire. Car pour garantir une population viable, nous devons multiplier par trois la population actuelle de lynx sauvages d'ici 2040. Un défi de taille !