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10. avril 2020

Le Mékong s’offre un break

Le Cambodge suspend le projet d’un immense barrage hydroélectrique en travers du Mékong. Même s’il ne s’agit que d’un sursis, le fleuve et ses précieux habitants reprennent leur souffle.

La menace des barrages

Le Mékong est l'un des territoires les plus riches en biodiversité de la planète.

Bien que le Mékong soit moins célèbre que l’Amazone, ce cours d’eau d’Asie du Sud-Est abrite plus de 1 200 espèces de poissons connues et c’est un haut lieu de la biodiversité qui rivalise avec l’énorme fleuve d’Amérique du Sud. Raies géantes, poissons-chats et dauphins d’Irrawaddy peuplent ses rivières paisibles et ses torrents glacés. Près de 70 millions de personnes dépendent directement du fleuve Mékong et des territoires qui le bordent pour subvenir à leurs besoins en eau, nourriture et autres services essentiels.

Pourtant, la course aux barrages menace le fragile équilibre de la région. Le fleuve en compte déjà six à sa source, en Chine, deux sont actuellement en construction en aval, au Laos, et on projette d’en construire au moins 27 autres. Si la production d’énergie hydroélectrique et la construction d’infrastructures qui en découle répondent à l’exigence de développement économique du territoire, elles malmènent les systèmes fluviaux et les sites de pêche de la région. Les barrages impactent les cycles naturels, favorisant inondations et sécheresse, entravent le transfert des éléments nutritifs et des sédiments qui ont un impact sérieux sur les poissons et la vie aquatique de la rivière et des marécages. Ils exigent également de transférer des dizaines de milliers de personnes dont les maisons et les terres seront inondées et bousculent la vie de millions d'autres individus en raison des modifications apportées aux habitats, aux terres agricoles et aux zones humides.

Vue d'une forêt innondée par le Mekong, dans la zone protégée de Ramsar, Stung Treng, Cambodge
Pêcheur utilise un bâton en bambou pour naviguer avec son bateau dans l'aire du Parc national où il avait l'habitute de pêcher, Tram Chim (Vietnam)
Deux dauphins de l'Irrawaddy (Orcaella brevirostris) jouent dans l'eau (Thaïlande)

Le Mékong est un réel joyau de biodiversité où l'on peut notamment apercevoir les derniers dauphins de l’Irrawaddy.

Préserver la biodiversité unique du Grand Mékong

Pour la préservation des poissons

C'est le nombre de zones où la pêche est proscrite le long du Mékong.

Depuis plus de 15 ans, le WWF sensibilise le gouvernement cambodgien sur l’importance de la préservation des écosystèmes fragiles du Mékong, tout en élaborant une proposition de solution énergétique alternative à celle des barrages hydroélectriques.

Les pays du Grand Mékong doivent trouver un équilibre entre les besoins croissants de leurs populations et la préservation des trésors naturels qu’ils renferment. Nous soutenons les efforts des gouvernements et travaillons avec les entreprises et ONG partenaires pour assurer une gestion durable des ressources afin de protéger la biodiversité unique du Grand Mékong. 

Notre objectif : 100% d’énergies renouvelables dès 2050 pour les pays de la région. Un rapport global et des plans spécifiques à chaque État ont été établis pour proposer des actions concrètes permettant de mettre en oeuvre cette ambition.

Avec l’UICN et FISHBIO, le Département du Bétail et de la Pêche du Laos et les communautés locales, nous avons développé une série de fish conservation zones ( zones de conservation de poissons ) le long du Mékong. Il y a désormais environ 1 000 zones FCZ dans le pays, soit des espaces où la pêche est proscrite. On espère que ces fermetures permettront aux populations de poissons de se redresser et protègeront des zones de frai vitales.

Chutes de Khone (Laos)

Voici les chutes de Khone, au Laos, l'un des 6 pays que le fleuve du Mékong traverse.

Un immense soulagement

Heureusement pour les espèces et la population vivant la zone du Mékong, le projet de barrage de Sambor est abandonné !

Le gouvernement cambodgien vient de rejeter le projet de barrage de Sambor dans son nouveau plan énergétique 2020-2030. Le pays préfère se tourner vers d'autres sources d'énergie, comme le solaire, pour répondre à la demande d'électricité du royaume. Bien entendu, cette nouvelle nous réjouit et nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement pour soutenir le développement d'un plan énergétique durable, contribuant aux objectifs énergétiques du pays, sans pour autant endiguer les dernières rivières à débit libre. 

Pour l’heure, nous savourons la nouvelle de l’abandon d’un projet extrêmement nocif pour le Mékong, nous l’avons échappé belle ! En effet, selon nos informations, Sambor aurait barré toute la largeur du Mékong. Un mur de béton aurait été érigé sur une longueur de 10 km pour contenir une gigantesque retenue. Le projet de construction du plus grand barrage du Cambodge, soutenu par la Chine, aurait littéralement pu anéantir 10 ans d’efforts de conservation en faveur des dauphins d’Irrawaddy. En danger d’extinction, les cétacés d’eau douce ne comptent plus qu’une fragile population de 92 individus. Leur barrer la route dans cette zone très spécifique reviendrait à les condamner.

Par ailleurs, le site où le projet était prévu est l’une des plus grandes zones de migration de poissons d’eau douce au monde. Leur survie à eux aussi aurait donc été compromise. Sans oublier les impacts sur les nombreux villages de pêcheurs qui dépendent de ce bassin hydrographique. Le Mékong assure la subsistance de 60 millions de personnes et pour 80 % des Cambodgiens, le poisson constitue la principale source de protéines

Tous les Effet Panda

Industrialisation du delta du Mékong (Vietnam)

Ensemble, agissons

Le WWF agit partout dans le monde afin de promouvoir le développement d’activités humaines qui respecte la planète et sa biodiversité.

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