Lobby : les députés se dévoilent
10 jours à peine après le lancement de notre campagne « Lobbying à découvert », 322 députés s’engagent à rendre leurs agendas publics et à indiquer les sources des amendements parlementaires….
La grande nébuleuse
Nous devons savoir qui influence la loi, dans quel but et avec quels moyens.
Qui influence dans l'ombre les textes de loi votés par les responsables politiques ? Associations, ONG, think tanks, syndicats, mais aussi grands groupes internationaux ou cabinets plus ou moins opaques... Les lobbies interviennent tout au long du processus législatif, donnant lieu, parfois, à des dérives. Pesticides, perturbateurs endocriniens, énergies fossiles, plastique… Les scandales sur les actions de lobbying défraient régulièrement la chronique. D’où un sentiment d’opacité autour des décisions politiques et la sensation que nos responsables sont « sous influence ». Selon un récent sondage Ifop, les Français seraient très défiants vis-à-vis du lobbying. A ce jour, 4 habitants de l’hexagone sur 5 estiment que les responsables politiques sont trop influencés par les lobbies. Et ils sont 84% à considérer que les responsables politiques devraient rendre publiques leurs rencontres avec les lobbyistes.
Il est essentiel que chacun puisse savoir qui influence la loi, dans quel but et avec quels moyens. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le plus souvent, les actions de lobbying demeurent confidentielles, loin du regard des citoyens…
Lever le voile
Aux côtés de l'ONG Transparency International France, nous avons lancé la campagne Lobbying à découvert.
Pour mettre un terme à ce manque de clarté qui nuit à la démocratie, le WWF France et Transparency International France lancent la campagne Lobbying à découvert. Communiqué de presse, posts sur les réseaux sociaux, vidéo de sensibilisation… Les deux ONG appellent tous les citoyens à signer une pétition exhortant les responsables politiques à lever le voile sur les activités de lobby qui influencent leurs décisions. L’objectif ? Restaurer notre confiance vis-à-vis de l’action publique.
Nous leur demandons notamment de publier l’agenda de leurs rencontres avec les représentants d’intérêts, quel que soit leur bord. Au sein de la Commission européenne, les élus se soustraient déjà à cette exigence. Une traçabilité essentielle car les décisions étant prises en leur nom, les citoyens sont en droit de savoir et de comprendre comment est influencée une loi, quelles sont les positions défendues et avec quels moyens. Nous appelons à renforcer significativement le niveau d’information relatif aux activités des lobbies dans le cadre de la déclaration à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique.
Un premier pas vers la lumière
Lancée le 30 septembre dernier, la campagne « Lobbying à découvert » semble déjà porter ses fruits. Le 9 octobre, le Monde publie une tribune dans laquelle 322 députés de la majorité présidentielle s’engagent à respecter la transparence de leurs agendas dans le cadre de leurs rencontres avec les lobbies et à indiquer les sources des amendements parlementaires. Saluant la démarche de notre campagne dans leur lettre ouverte, les élus évoquent la nécessité de mettre en œuvre une nouvelle approche des interactions des pouvoirs publics avec les lobbies. Celle-ci doit se fonder sur l’absence totale de conflits d’intérêts, une prise de décision libre et non faussée, mais aussi sur une logique volontariste et assumée de transparence. Plus qu’une nouvelle approche méthodologique, il s’agit d’une véritable exigence démocratique sur laquelle, selon leurs propres termes, « ils doivent refonder l’action politique ». Ils expliquent qu’il leur faut développer de nouvelles pratiques politiques qui permettent à l’ensemble des citoyens de mieux comprendre la façon dont se construit la loi et de saisir la réalité des relations entre décideurs publics et représentants d’intérêts. Et d’ajouter : « En ce sens, la transparence des agendas des députés dans le cadre de leurs rencontres avec les lobbies est fondamentale. C’est en montrant ce que nous faisons au quotidien que nous parviendrons à redonner confiance aux citoyens dans l’action publique ».
Côté citoyens, justement, plus de 18 000 personnes ont déjà signé notre pétition. Preuve que le sujet préoccupe et qu’élus autant qu’électeurs ont envie que les règles du jeu évoluent…