Lueur d’espoir pour les dauphins de rivière

A la différence de leurs cousins de mer, les dauphins d'eau douce vivent dans les eaux troubles des rivières. Hélas, depuis les années 1980, leurs populations ont chuté de 73 % ! 

La construction de barrages réduit considérablement leur territoire. Quant à la pêche, même si elle ne les cible pas directement, elle contribue largement à leur déclin car les cétacés se prennent accidentellement dans les filets et se noient.

Aujourd’hui, toutes les espèces de dauphin d’eau douce sont soit en danger critique d’extinction (marsouin aptère de l’Irrawaddy et du Yangtsé), soit en voie de disparition (Amazonie, Gange, Indus et Tucuxi).

Les taux élevés de polluants toxiques fréquemment détectés dans les organismes de ces mammifères nous alertent sur la mauvaise qualité de l'eau. En effet, les fortes quantités de pesticides et d'herbicides présents dans les tissus des cétacés situés au sommet de la chaîne alimentaire de ces cours d'eau indiquent que les poissons qu'ils consomment -et qui nourrissent également les êtres humains- sont contaminés... Ainsi, la conservation de ces animaux emblématiques est l'affaire de tous !

Le WWF s'engage pour que davantage de réserves soient créées dans les fleuves où se concentrent les dauphins et lutte, aux côtés des autorités et d’organisations locales, contre les méthodes de pêche illégales, telles que la pêche à l'explosif ou certains filets interdits.

Nous participons notamment à des travaux d’amélioration de la sélectivité des engins de pêche. Avec nos partenaires (entreprises, institutions et ONGs), nous poussons les États à mettre en place des mesures efficaces pour limiter les prises accessoires, soit les captures accidentelles d’espèces qui n‘étaient pas ciblées.

En 2021, le WWF a, par exemple, lancé un projet innovant pour protéger les dauphins de l’Irrawaddy vivant dans le fleuve Mahakam en Indonésie. Des pingers électroniques, soit des répulsifs acoustiques permettant d’éloigner les mammifères, ont été attachés aux filets de pêche, atténuant le risque pour les cétacés de se faire prendre au piège dans les mailles et de mourir noyés.

Après plusieurs décennies d’un déclin qui semblait irreversible, voici que l’espoir renait. 11 pays d'Asie et d'Amérique du Sud viennent d’adopter à Bogotá un accord vital pour sauver de l'extinction les six espèces survivantes de dauphins de rivière. 

Concrètement, les États de l'aire de répartition d'Asie et d'Amérique du Sud, de la Colombie à l'Inde, s’engagent à intensifier leurs efforts pour sauvegarder les espèces restantes de dauphins de rivière - les marsouins aptères de l'Amazone, du Gange, de l'Indus, de l'Irrawady, de Tucuxi et du Yangtsé. Ils promettent notamment de développer et d’augmenter le financement de mesures visant à éradiquer les filets maillants, à réduire la pollution, à étendre la recherche et à augmenter les zones protégées. 

Cette déclaration mondiale pour les dauphins de rivière constitue une feuille de route pour le rétablissement de ces espèces emblématiques à travers le monde. Mais elle vise également à préserver leurs écosystèmes, les grands fleuves, dont tant de communautés dépendent pour subvenir à leurs besoins. Même si la situation globale est plutôt sombre, les efforts de conservation ont déjà permis d’enrayer le déclin de certaines espèces, notamment dans les bassins fluviaux de l’Indus et du Yangtsé, les plus densément peuplés au monde. Au Pakistan, la population de dauphins de l'Indus a presque doublé au cours des 20 dernières années. Quant aux effectifs des marsouins aptères du Yangtsé, ils ont augmenté de 23 % au cours des cinq dernières années. Il s’agit de la première hausse depuis le début des relevés et elle est le résultat de mesures de protection strictes.