Madagascar : la pêche au poulpe s’améliore
Le mois dernier, l’île rouge a lancé un projet d’amélioration de la pêche (Fishery Improvement Project) pour sa filière poulpe. Pêcher mieux pour vivre mieux car préserver la ressource c’est aussi augmenter ses revenus !
Pour approfondir le sujet :
Objectif : Vie des océansNos océans sont à bout de souffle
40 % des pêcheurs ne respectent pas le règlement en vigueur de la pêche aux poulpes.
Pêche illégale, surpêche et pêche accidentelle mettent l’écosystème marin en péril et avec lui, tous ceux qui dépendent directement de ses ressources pour subsister : le poisson couvre les besoins protéiques quotidiens de 3 milliards d’individus sur la planète, tandis que les océans procurent un revenu à environ 800 millions de personnes employées dans les filières de la pêche et de l’aquaculture et les industries assimilées.
A Madagascar, quand on pêche le poulpe, le règlement en vigueur, le « Dina », exige un poids minimum de 350 g afin de garantir la durabilité de la filière et des stocks. L’ennui c’est que 40 % des pêcheurs ne le respectent pas. La population du céphalopode décline dangereusement. D’autant que la méthodes de capture traditionnelle, dite du glanage, pose elle-même problème. En écrasant les coraux sous leurs pieds, les pêcheurs détruisent les habitats de récifs coralliens…
Inciter les pêcheurs à améliorer leurs pratiques
Le WWF sensibilise les consommateurs pour les inciter à faire preuve de bon sens dans leurs actes d’achat.
Parce que ces techniques de pêche non responsables détruisent plus d’emplois qu’elles n’en créent, le WWF s’efforce de promouvoir une « pêche durable ». Au-delà des pêcheurs, le WWF sensibilise les consommateurs pour les inciter à faire preuve de bon sens dans leurs actes d’achat. Entre autres, opter en priorité pour du poisson certifié MSC et ASC, consommer avec modération, ou encore varier les espèces et privilégier celles issues d’une pêche sélective.
Dans le cadre du projet Fish Forward, financé par la commission européenne et clôturé depuis peu, le WWF invitait les pays du Nord à s’interroger sur les répercussions de leur consommation sur les pays du Sud car 50% des produits de la mer importés par l’Europe proviennent des pays en voie de développement. Toujours sous la bannière de Fish Forward, le WWF a publié un consoguide. Son objectif ? Aider les amateurs de poisson à diversifier leur consommation en optant pour des espèces moins courues grâce à des recettes revisitées par de grands chefs représentant plusieurs pays d’Europe.
Vers une pêche au poulpe plus durable
Le premier projet d'amélioration de la pêche aux poulpes au monde a été lancé à Madagascar le mois dernier.
FIP. Derrière ces trois lettres se cachent des initiatives bien concrètes pour améliorer les pratiques et la gestion d‘une filière afin que cette dernière réponde aux normes établies par la certification MSC. Trois autres lettres qui désignent le label aujourd’hui le plus exigeant en matière de pêche responsable. En 2010, une pré-évaluation de la filière poulpe malgache avait révélé de nombreuses failles dans son mode de gestion. Des lacunes susceptibles de freiner son développement et son cheminement vers la certification MSC.
Le mois dernier, un projet d’amélioration de la pêche ou Fishery Improvement Project (FIP) a donc été lancé dans la région d’Atsimo Andrefana. Une démarche inédite, car selon Blue Ventures, c’est le premier FIP poulpe au monde à être initié dans un pays à faible revenus. Et une aubaine pour améliorer les revenus des communautés côtières qui dépendent essentiellement de la pêche maritime pour leur subsistance. L’idée est de renoncer au système « lose-lose » de la surpêche qui conduit à l’effondrement des stocks et à la perte d’emplois au profit d’une pêche durable, en mesure de nous faire gagner sur les deux tableaux : écologiques et humains ! Pourquoi ? Tout simplement parce que cette dernière, qui peut-être pratiquée éternellement, les ressources renouvelables possédant, par définition, une capacité d’auto-régénération, peuvent fournir à l’homme, biens et services essentiels à tout jamais.