Préparer les mangroves à un nouvel avenir climatique
Avec l'Université du Queensland, WWF a développé une nouvelle méthode pour mieux comprendre les effets du réchauffement climatique sur les mangroves. L’objectif ? Réduire la vulnérabilité de ces écosystèmes indispensables et accroître leur résilience au changement !
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaLe péril climatique
Essentielles au maintien de la biodiversité, les mangroves rendent des services écologiques, économiques et culturels irremplaçables.
Les palétuviers qui composent les forêts de mangroves, sont présents sur cinq des sept continents. Bien qu’ils soient incroyablement adaptables, ils ne sont, hélas, pas à l’abri du stress lié au climat. Des tempêtes plus fréquentes avec des vents plus violents, provoquant des vagues plus hautes et des inondations plus importantes, peuvent tuer ou affaiblir les mangroves.
C’est une mauvaise nouvelle pour ces forêts côtières et les communautés voisines qui en bénéficient, car essentielles au maintien de la biodiversité, elles rendent des services écologiques, économiques et culturels irremplaçables. Les habitants en dépendent pour s’alimenter, se chauffer, construire leurs habitations et même se soigner.
Mais c’est aussi une mauvaise nouvelle pour nos efforts visant à ralentir le changement climatique. En effet, les mangroves stockent trois à quatre fois plus de carbone que les autres forêts tropicales humides. Lorsque ces “forêts bleues” sont endommagées ou détruites, nous perdons une précieuse solution fondée sur la nature pour atténuer le changement climatique et nous y adapter…
CIBEL : un nouveau programme pour préserver la biodiversité en Afrique
En juillet 2023, le WWF France a lancé le programme CIBEL destiné à protéger les espaces et les espèces dans 4 pays africains.
Depuis 2007, nous travaillons avec les communautés locales de Madagascar pour préserver et restaurer les mangroves. La côte Ouest de Madagascar abrite les mangroves qui comptent parmi les forêts bleues les plus saines et les mieux préservées du pays.
En juillet 2023, le WWF France a lancé un nouveau programme destiné à protéger les espaces et les espèces dans 4 pays africains. Déployé au Cameroun, au Gabon, en République du Congo et à Madagascar, le programme CIBEL (Conservation Inclusive de la Biodiversité et des Écosystèmes par les communautés Locales) vise à mettre en place des mesures de conservation, tout en impliquant les communautés locales, afin qu’elles puissent en retirer des bénéfices socio-économiques.
A Madagascar, le projet permettra la poursuite des activités menées depuis plus de 12 ans sur les écosystèmes de mangrove, à l’Ouest du pays. Il permettra d’étendre les surfaces de restauration de mangrove, mais également d’agir sur les écosystèmes de forêts sèches, à l’intérieur des terres. D’une durée de 4 ans et doté d’un financement total de 10 millions d’euros, le projet CIBEL bénéficie du soutien financier de l’Agence Française de Développement.
Aider les mangroves à s’adapter
En Colombie, nous avons constaté un taux de réussite de 62,5 à 82 % sur nos sites de restauration.
Les mangroves jouent un rôle de plus en plus crucial en tant que solution fondée sur la nature pour protéger les populations de l’aggravation des phénomènes climatiques extrêmes. Mais pour qu’elles puissent jouer ce rôle, encore faut-il qu’elles survivent, elles-mêmes, au changement climatique !
C’est pour optimiser leurs chances d’adaptation que WWF et ses partenaires de l'Université du Queensland, en Australie, ont développé une nouvelle méthode, connue sous le nom de « Climate-Smart Mangrove Tool ». Littéralement, “outil pour des mangroves intelligentes face au climat”.
L’objectif n’est autre que de nous aider à mieux comprendre les risques du changement climatique pour les “forêts bleues”. Et in fine, de déterminer les meilleures mesures de gestion préventive et réparatrice pour réduire la vulnérabilité de ces écosystèmes aux dommages liés au climat et accroître leur résilience au changement.
Il n’existe pas de solution universelle à l’échelle mondiale car les mangroves sont diverses. Les mesures adoptées le long de la côte nord-ouest de Madagascar ne seront pas forcément adaptées aux conditions des îles Fidji du Pacifique. Afin de nous assurer que l’outil était suffisamment robuste pour englober l’éventail des menaces auxquelles sont confrontées les mangroves du monde entier, nos experts l’ont testé sur nos forêts de mangroves prioritaires au cours des deux dernières années.
En Colombie, par exemple, l'utilisation de cet outil nous a permis de comprendre que le « nato », espèce de mangroves colombienne, était plus tolérante aux inondations et aux variations de salinité. En utilisant des espèces indigènes pour faire face à nos principaux risques, nous avons constaté un taux de réussite de 62,5 à 82 % sur nos sites de restauration. Notre ambition est désormais de promouvoir l’utilisation de cet outil et de faire en sorte que les communautés et les experts se l’approprient pour optimiser leurs efforts de restauration et démultiplier les chances d’adaptation des mangroves au péril climatique !