Sécuriser le patrimoine colombien
La Colombie s’engage dans un système de financement innovant pour protéger son capital naturel. Le pays se rapproche de son objectif 30X30 : protéger 30 % de ses terres et 30 % de ses mers d'ici 2030.
Sauver 32 millions d’hectares
245 millions de dollars vont être investis dans la protection de paysages terrestres et marins emblématiques de Colombie.
Dans la lutte contre l’érosion du vivant, la question financière figure au cœur de l’arsenal.
C'est même souvent elle qui décide de l'issue des batailles. Au-delà des bonnes intentions, le budget alloué à la protection de l’environnement est donc déterminant pour notre avenir et celui de la planète.
C’est pourquoi nous nous réjouissons de l’annonce qui vient d’être faite au sujet du financement de la protection des écosystèmes colombiens.
En effet, le 23 juin dernier, le président de la Colombie, Iván Duque, entouré d’une large coalition de partenaires publics et privés, a signé une déclaration conjointe pour le lancement d’une nouvelle initiative de financement appelée Herencia Colombia (Héritage Colombie ). Concrètement, cela signifie que 245 millions de dollars vont être investis dans la protection de paysages terrestres et marins emblématiques. En mettant à l’abri près de 32 millions d’hectares, grâce à la création de nouvelles aires protégées, un tel montant devrait permettre de rapprocher le pays de son objectif 30X30 : protéger 30 % de ses terres et 30 % de ses mers d'ici 2030.
L’initiative Herencia Colombia s’appuie sur un mécanisme de financement innovant appelé PFP, Project Finance for Permanence. Sa particularité est de rassembler le secteur privé, la société civile et le gouvernement au service de la conservation du patrimoine naturel colombien. Le projet est dirigé par les parcs nationaux de Colombie, avec le soutien du WWF, de la Fondation Gordon et Betty Moore, du Fonds pour les aires protégées et la biodiversité, de la Wildlife Conservation Society et de Conservation International.
Une richesse en péril
Une espèce terrestre sur dix a élu domicile en Colombie.
Si la biodiversité terrestre était un pays, ce serait sans doute la Colombie !
De la jungle à la toundra, en passant par les forêts tropicales humides, la nation sud-américaine abrite pratiquement tous les types d’écosystèmes de la planète. Une espèce terrestre sur dix y a élu domicile.
En 2018, 56 343 espèces y ont été recensées, dont plus de 9 000 étaient endémiques. Si depuis, beaucoup ont été découvertes, hélas, de nombreuses autres ont disparu.
A ce jour, près de la moitié des biotopes colombiens sont menacés, et de fait, les nombreuses espèces qu’ils hébergent. L’extraction de pétrole, de minéraux et de métaux, la déforestation, le trafic d’animaux sauvages et l’impact du commerce de la coca sont autant de facteurs qui contribuent à cette menace.
L’homme poursuit ses activités à un rythme effréné, sans égard pour l’environnement, alors même qu’en théorie, environ 10 % du territoire national colombien est protégé.
Réduire les menaces
Le long de la côte colombienne du Pacifique, du Sud-Ouest du Panama au Nord-Est de l'Équateur, nous avons initié le projet « Conservation et développement durable dans l'écorégion du Chocó ». Ses objectifs principaux sont de combattre les menaces qui pèsent sur la diversité biologique et la richesse culturelle des forêts, ainsi que de renforcer le poids de la société civile et des communautés locales dans la gestion de la zone.
En Amazonie, nous travaillons avec les communautés locales, les ONG partenaires, les entreprises, les gouvernements, et veillons à ce que la fragmentation des milieux forestiers ainsi que la dégradation des rivières soient minimisées au sein d’un écosystème amazonien qui a déjà perdu près de 20% de sa surface totale.
Le WWF est activement impliqué dans la protection de l’orénoque, l'une des rivières les plus importantes d'Amérique du Sud, qui traverse le Venezuela et la Colombie. Nous avons notamment publié un rapport sur l’état de santé du bassin et lancé un programme pilote d’évaluation environnementale, afin d’inclure les aspects sociaux et environnementaux dans la planification. Notre prochain objectif est de mettre en place une série d’accords avec les populations locales, les territoires indigènes et les autorités chargées de la régulation de la pêche pour améliorer les pratiques.