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13. novembre 2020

Tanzanie : les éléphants s’offrent un répit

Nos efforts commencent à porter leurs fruits. Depuis quatre années consécutives, la population d’éléphants se stabilise dans la réserve nationale de Selous.

Un espace menacé

C'est la superficie de la réserve de Selous. Cela fait d'elle le plus grand espace protégé de Tanzanie.

C’est un petit paradis au cœur de la savane de Tanzanie, traversé par le fleuve Rufiji qui serpente sur plus de 250 km depuis sa source, se frayant un chemin entre les forêts claires, les prairies et les bosquets de palmiers. Avec une superficie de 55 000 km², la réserve de Selous est le plus grand espace protégé du pays. Elle abrite une faune extraordinairement riche. Plus de 800 000 grands mammifères s’y côtoient. Éléphants, rhinocéros, hippopotames, buffles, lycaons, lions, zèbres, gnous, crocodiles... De nombreux prédateurs comme le léopard ou le guépard y habitent aussi, cohabitant avec une vaste communauté de babouins, diverses espèces d'antilopes et des girafes. 440 sortes d'oiseaux y ont été recensées, parmi lesquelles l'aigle bateleur ou de rares calaos.

Pourtant, depuis qu’elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, la réserve a perdu près de 90% de ses éléphants, victimes du braconnage. Chaque année, des milliers de pachydermes sont sacrifiés afin de satisfaire l’insatiable appétit de l’Asie pour l’ivoire. En quarante ans, leur population est passée de 110 000 à 15 000 individus environ. Même au cœur d’une zone protégée, la sauvegarde de ces animaux convoités devient de plus en plus difficile face à des braconniers lourdement armés et en raison de l’immensité des zones à surveiller. En 2014, la réserve a été inscrite sur la liste des espaces “en danger” de l’UNESCO. Face aux menaces du braconnage et des autres activités particulièrement nocives pour la réserve de Selous, l’exploitation minière en tête de liste, il fallait réagir. Ensemble, nous nous sommes mobilisés.

Protéger l'écosystème de Selous et ses habitants

Le WWF et les autorités tanzaniennes collaborent pour protéger les éléphants de la réserve de Sélous du braconnage.

Des quatre coins du monde, nous avons été un demi-million à envoyer un email au Président de la Tanzanie afin de lui demander de renforcer la protection de la réserve. Suite à notre campagne, l’autorité tanzanienne de la vie sauvage (TAWA) a annoncé que les mines seront désormais proscrites au sein de la réserve et qu’elle allouera les moyens nécessaires à sa protection.

Depuis, nous œuvrons de concert avec le gouvernement et en lien avec les communautés qui vivent aux abords de la réserve pour atteindre un objectif zéro braconnage afin de protéger les éléphants dans l’une des dernières zones sauvages d’Afrique. Nous formons des équipes de surveillance qui repèrent et détruisent les pièges et dont les patrouilles dans le parc dissuadent les braconniers. Nous travaillons avec les enquêteurs et les procureurs spécialisés dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages pour faire en sorte que le trafic du vivant soit lourdement sanctionné.

Enfin, nous prenons part, sur le terrain, aux opérations de suivi des espèces. Nous équipons notamment les pachydermes de colliers satellites, une mesure efficace pour surveiller leurs mouvements, identifier les menaces et agir en temps réel afin d’assurer leur sécurité.

Vue aérienne de la réserve de gibier de Selous (Tanzanie)
Groupe d'hippopotames (Hippopotamus amphibius) marchant dans l'eau, réserve de Selous, Tanzanie
Éléphants (Loxodonta africana) dans le lit d'une rivière asséchée, réserve de Selous, Tanzanie

Des résultats encourageants

La population d'éléphants de la réserve de Selous est stable depuis quatre ans.

Grâce aux actions combinées de nombreuses organisations et aux mesures de répression du gouvernement ces dernières années, le taux de braconnage a baissé au cœur de la réserve de Selous.

D’après un récent rapport, qui se fonde notamment sur un survol aérien de la zone, la population d’éléphants serait stable depuis quatre ans. Le nombre de carcasses repérées est passé de 39% en 2014 à 16% en 2018. Nous devons poursuivre nos efforts pour ramener ce taux à 8%, soit le pourcentage moyen de morts naturelles, non imputables au braconnage donc. Le rapport indique une augmentation marginale du nombre d'éléphants de 15 217 en 2014 à 15 501 en 2018. Il faudra beaucoup de temps pour que les éléphants recolonisent leur aire de répartition originelle et plus encore pour qu’ils se reproduisent de manière optimale. Mais pour l’heure, nous savourons cette première étape qui vient récompenser notre investissement sur le terrain.

Aujourd'hui, les communautés locales sont les premières à défendre la réserve de Selous et nous continuerons de nous mobiliser à leurs côtés pour qu’elles puissent bénéficier de l’ensemble des services rendus par le précieux écosystème. Chaque année, en Afrique, 20 000 éléphants sont encore tués pour leurs défenses. C’est inacceptable et cela doit cesser immédiatement. Si parvenir à un monde sans braconnage est un objectif ambitieux, c’est un engagement que nous nous devons de prendre pour freiner l’érosion du vivant et permettre aux générations futures de connaître la vie sauvage.

Tous les Effet Panda

Éléphant d'Afrique (Loxodanta Africana)

Ensemble, agissons

Le WWF œuvre à la conservation des espèces menacées sur tous les continents. Aidez-nous à poursuivre nos actions au plus près du terrain.

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