Conserver le capital naturel

Les activités humaines reposent, en grande partie, sur l’exploitation de la nature et de ses fonctionnalités. Fertilité des sols, pollinisation, approvisionnement en matières premières, épuration des eaux, stockage du carbone ou encore protection contre les catastrophes naturelles, les bénéfices écologiques que les organisations retirent de la nature sont aussi variés que stratégiques. Selon l’estimation mondiale la plus complète, leur valeur économique atteint entre 125 et 140 000 milliards de dollars par an, soit presque le double du PIB mondial.

Pourtant, malgré tous les signaux que la planète s’évertue à nous envoyer, nous continuons à détruire le vivant. L’économie, dans son ensemble, exploite le capital naturel à un rythme qui excède les capacités d’absorption et de régénération des écosystèmes. 4 des 9 limites planétaires sont déjà franchies ou en cours de dépassement. Chaque année, la date du Jour du dépassement recule et marque le moment où l’humanité entre en déficit, vivant à crédit car elle a déjà épuisé toutes les ressources renouvelables de la planète. Quant au rythme d’extinction des espèces, il est estimé entre 100 et 1000 fois supérieur au rythme naturel. Cet effondrement progressif des systèmes naturels, tout en soulevant des questions éthiques et écologiques fondamentales pour l’humanité, fait peser des risques considérables sur l’économie, sur les entreprises et, de manière plus générale, sur l’ensemble des sociétés humaines.

Notre action vis-à-vis des acteurs publics vise à encourager et aider les territoires, à l’échelle des régions et des pays, à conserver le capital naturel. 

La première étape consiste à identifier les thématiques environnementales prioritaires d’un point de vue scientifique, c’est-à-dire, celles qui remplissent des fonctions écologiques essentielles à l’économie et aux activités humaines. Nous prenons également en compte la valeur intrinsèque de la nature et l’importance notamment d’espèces ou de paysages emblématiques pour le patrimoine culturel de nos sociétés. Ce travail conduit à déterminer des objectifs de conservation du capital naturel permettant de garantir le bon état écologique des écosystèmes et le respect des limites écologiques. Il vise ainsi à élaborer des budgets verts permettant de financer les actions pour atteindre ces objectifs de conservation, car cette dernière a un coût qu’il convient d’estimer.  

La seconde étape permet d’ancrer durablement la conservation du capital naturel dans l’économie, en l’institutionnalisant via des changements législatifs. Nous nous mobilisons notamment en faveur d’une législation plus rigoureuse sur le reporting environnemental des entreprises afin de contraindre ces dernières à communiquer le  montant de leurs dépenses environnementales et de le comparer à des standards objectifs de durabilité (alignés sur la science et les attentes sociétales).

 

Nous incitons les entreprises à s’engager dans des démarches volontaires d’amélioration de leurs pratiques, notamment via des partenariats transformationnels avec le secteur privé. L’enjeu majeur aujourd’hui pour les acteurs économiques, c’est de parvenir à s’approprier réellement les sujets environnementaux, c’est-à-dire, de prendre conscience de l’ampleur des défis et d’adopter des mesures à leur hauteur.  

Le véritable challenge est de passer d’une vision « relative » de leur performance environnementale, celle du « faire mieux », à une vision « absolue », qui implique de « faire ce qui s’impose ». Pour les y aider, nous nous efforçons de faire connaître les outils dédiés à la préservation du capital naturel et d’orienter leurs choix vers ceux qui leur sont le plus adaptés. Nous les accompagnons également dans la mise en œuvre ou l’expérimentation de ces méthodologies réellement transformatrices.