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Cargo au large de l'Australie

Économie bleue : pour une économie maritime durable

Dès 2007, la Commission européenne a adopté un Livre Bleu proposant une politique maritime intégrée (PMI) à l’échelle européenne, pour plus de cohérence et de coordination entre les différents domaines de l'action des Etats en mer. La directive établissant un cadre pour la planification de l’espace maritime, adoptée le 23 juillet 2014 est au cœur du dispositif, incarnée sous la forme de documents stratégiques de façade visant à organiser l’espace maritime de façon à concilier dans la réalité le développement économique avec un volet environnemental défini comme le bon état écologique (BEE) à atteindre selon la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (adoptée le 17 juin 2008). Le WWF est mobilisé pour veiller à l’application stricte de ces textes réglementaires afin de concilier les usages avec la protection et la restauration des écosystèmes marins.

La Méditerranée, un espace très convoité

Il est probable que les pressions et les impacts cumulatifs sur les écosystèmes marins générés par une exploitation croissante de la mer augmentent à un rythme plus rapide que les effets des avancées technologiques et de la mise en œuvre des politiques de protection des écosystèmes marins.

Le rapport MedTrends du WWF a montré que la Méditerranée fait aujourd’hui l’objet d’un développement économique inédit, qui tend à saturer tout l'espace marin : tourisme et aménagements côtiers, nouveaux projets éolien plus au large, velléités d’exploration des hydrocarbures dans l’offshore. Cette surfréquentation et cette densification de l’utilisation du milieu marin met l’environnement naturel sous pression.

En Méditerranée française, tous les secteurs traditionnels de l’économie maritime tels que le tourisme, le transport maritime, l’aquaculture et l’exploration d’hydrocarbures devraient continuer à croître jusqu’en 2030, à l’exception de la pêche professionnelle. En parallèle, des secteurs nouveaux émergent comme les énergies renouvelables pour répondre aux besoins énergétiques. A plus long terme, l’exploitation minière des fonds marins et le développement des biotechnologies pourraient également se développer sous l’impulsion de l’UE. A travers le rapport MedTrends, le WWF propose de changer de point de vue, dépassant les politiques sectorielles de développement économique et appelle à une meilleure interprétation de la Politique Maritime Intégrée de l’Union Européenne, appelant les décideurs politiques à considérer une vision cumulée des impacts en mer, une compréhension des conséquences conjointes des activités à l'échelle des écosystèmes marins sous pression.

Plongeurs à Kas en Turquie

Les activités touristiques liées à la mer se multiplient en Méditerranée, comme ici en Turquie

Pour que les Aires Marines Protégées deviennent les laboratoires de l’économie bleue durable

Nous manquons d'une vision prospective ambitieuse et partagée pour l’avenir de l’espace maritime méditerranéen et plus encore au sein des Aires Marines Protégées (AMP). Le WWF France a esquissé une telle vision à travers le projet PHAROS4MPAs et la publication de plusieurs rapports.

Les rapports PHAROS4MPAs sont principalement destinés aux gestionnaires d'Aires Marines Protégées pour les inciter à s'engager et à s'investir dans le processus d'aménagement de l'espace maritime, ainsi qu'aux autorités de la planification de l'espace maritime pour porter une attention particulière aux AMP. Ils sont pour la plupart écrits avec les représentants des secteurs maritime en collaboration avec les acteurs publics. Nous en retenons trois messages clés :

  1. ÉVITER LE DÉVELOPPEMENT DANS LES ZONES SENSIBLES : Les zones écologiquement fragiles doivent être totalement interdites.
  2. RÉDUIRE LES IMPACTS : Les impacts environnementaux de chaque activité doivent être évalués ; là où l'interaction ne peut être évitée, des limites doivent être imposées.
  3. CONSIDÉRER LA VUE D'ENSEMBLE : Les espaces maritimes doivent être spatialement planifiés et organisés afin que les ressources marines puissent être utilisées de manière plus durable : la planification spatiale maritime basée sur les écosystèmes a ici un rôle clé à jouer.

Le document stratégique de façade étant un document permettant de coordonner les actions entre acteurs de la façade et d'apporter de la cohérence au sein du réseau d'AMP, il s'agit :

  • D'y intégrer des recommandations du WWF sur les interactions entre les secteurs économiques et les aires protégées dans les plans de gestion des AMP ;
  • Et le cas échéant, plaider pour des zones tampons adéquates autour des AMP afin d'éviter la pression des activités économiques sur leur environnement.

Enfin, le rapport appelle à une surveillance accrue des impacts de l'économie bleue au sein et à proximité du réseau d’AMP.

Parc éolien offshore

Construction d'une éolienne offshore dans les eaux britaniques (Royaume-Uni)

Pour une planification spatiale maritime fondée sur les écosystèmes

En avril 2021, la France s’est dotée d’un Document Stratégique de Façade (DSF) pour la Méditerranée, document qui cadre désormais les travaux d’une instance dédiée, le comité maritime de façade auquel le WWF France contribue.

Le WWF France est impliqué dans la mise en œuvre de la planification de l’espace maritime (PEM) dans les mers françaises afin que l’objectif de protection de l’environnement soit réellement atteint. Il défend ainsi une approche écosystémique dans la PEM qui vise à préserver / restaurer les écosystèmes marins et maintenir les services écosystémiques pour assurer les besoins humains. La PEM doit fournir des solutions spatialisées à la gestion des activités humaines d’une façon qui soit compatible avec l’atteinte du Bon État Écologique (BEE) et la capacité des écosystèmes marins à répondre à des changements d’origine anthropique.

Le WWF a souhaité évaluer le Document Stratégique de Façade (DSF) au regard de l’application de l’approche écosystémique et comparer les documents de planification de toutes les façades maritime en Europe. Il en ressort que le DSF de la Méditerranée française est le plus abouti de ceux que l’on trouve en Méditerranée, mais le moins abouti d’un point de vue européen, en comparaison avec les pays du Nord. Si l'autorité de la planification de l'espace maritime a montré un effort important au sujet de mesures environnementales visant à réduire l’impact de certains secteurs, il reste encore des lacunes à combler pour apporter une vision multisectorielle des impacts sur le milieu marin. Pour cela, les prochaines révisions du texte doivent porter sur l'intégration des Aires Marines Protégées (forcer l’adoption de mesures spécifiques comme pour pêche de loisirs par exemple), la connectivité (respecter les couloirs de migrations de la macro faune notamment à travers le choix des sites de développement des fermes éoliennes en mer et l’application de mesures de régulation du trafic maritime), la gestion des zones frontalières (mesure limitant la pêche près des canyons du Parc Naturel Marin du Golfe du Lion notamment), les impacts cumulés et la prise en compte de l’effet du changement climatique sur les écosystèmes.

Poissons pêchés, Tun Mustapha Park (Malaisie)

Transformer le marché des produits de la mer

Les produits de la mer, source de revenus importante, génèrent des millions d’emplois et sont indispensables à la sécurité alimentaire des populations.

Des grands dauphins (Tursiops truncatus) suivent un paquebot dans le Détroit de Gibraltar, Mer Méditerranée

Agir pour une économie bleu durable dans les Aires Marines Protégées

Malgré leur statut d’espaces délimités visant à protéger l’environnement marin à long terme, les Aires Marines Protégées (AMP) de Méditerranée sont confrontées à la croissance de l’économie maritime.

Le WWF soutient l'Économie Bleue Durable au sens d’une économie marine qui :

  • Fournit des bénéfices sociaux-économiques aux générations actuelles et futures, en contribuant à la sécurité alimentaire, aux moyens de subsistance, à l’emploi, la santé, la sécurité, l’équité et la stabilité politique ;
  • Restaure, protège et maintient la diversité, la productivité, la résilience, les fonctions de base et la valeur intrinsèque des écosystèmes marins, dont sa prospérité dépend ;
  • Est fondée sur des technologies propres, les énergies renouvelables et une économie circulaire pour assurer une stabilité socio-économique dans la durée, tout en restant dans les limites des ressources disponibles sur la planète.
Thon rouge de Méditerranée  (Thunnus thynnus). Murcia, Espagne

Ensemble, agissons

Acteurs publics ou privés, œuvrez pour l'application des principes pour une économie bleue durable. L'économie bleue n'est pas durable en soi, elle le devient à condition de se baser sur la protection et la restauration du milieu marin, ainsi que sur la réponse aux besoins des communautés locales.