Favoriser une pêche et une aquaculture durables
La pêche et l'aquaculture sont des activités économiques importantes. La production halieutique et aquacole mondiale représente 178 millions de tonnes environ, dont 157 millions de tonnes sont destinées à la consommation humaine. Cette production s’intensifie, faisant place à des techniques de moins en moins vertueuses qui contribuent à la surexploitation des ressources halieutiques et à la destruction des habitats. Conjuguée aux effets du changement climatique, cette surpêche met en péril la sécurité alimentaire. Désireux de préserver les ressources marines et d’eau douce, le WWF s’engage pour une pêche et aquaculture durables.
Surpêche, pêche illégale et pêche accidentelle
Nous consommons trop de poissons en France. La France importe près de
de sa consommation annuelle de produits de la mer.
Depuis quelques années, les captures de pêche ont peu augmenté et la situation des stocks ne s’est pas améliorée selon la FAO. Dans le monde, nous pêchons près de 90,3 millions de tonnes de poissons. Près de 93% de nos stocks mondiaux sont pleinement exploités (57,3%) ou surexploités (35,4%). On parle de surpêche lorsque nous pêchons plus que ce que le stock peut nous fournir par renouvellement de la population.
Dans le monde, le poisson est la principale source de protéines et de revenu pour plus de 800 millions de personnes. Cependant, l’augmentation de la pression de pêche au cours des 50 dernières années associée à des pratiques non durables ont abouti à l’effondrement de plusieurs stocks de poissons.
Aujourd'hui, la plupart des espèces les plus consommées sont au maximum de l’exploitation, ce qui signifie que le nombre de captures ne peut pas augmenter. La surpêche met donc en péril les moyens de subsistance des communautés qui en dépendent, comme au large du Sénégal et de la Mauritanie, avec la surexploitation des stocks de petits pélagiques comme la sardinelle. Le phénomène de surpêche inclut les techniques de pêche qui impactent considérablement la plupart de nos écosystèmes marins en détruisant les coraux et en capturant accidentellement des espèces vulnérables (requins ou tortues par exemple).
La pêche illicite non-déclarée et non-réglementée (INN), ou pêche illégale, participe à la surpêche et rentre en concurrence déloyale avec les pêcheurs qui respectent les réglementations. Des problèmes sociaux sont associés à cette pratique telle que les cas d’esclavage sur certains navires.
La surpêche n’a pas que des conséquences biologiques comme l’appauvrissement des ressources et le déséquilibre des écosystèmes marins, mais aussi des conséquences sociales et économiques.
Le boom de l’aquaculture
Sur les 7 des 10 premières plus grandes pêcheries de fourrage du monde, 90% du poisson est transformé en farine ou en huile.
Près de la moitié des produits de la mer que nous consommons est issue de l’aquaculture. Le secteur aquacole s’est très vite développé et la production continue de croître. Cependant, les impacts de l’aquaculture sur l’environnement sont loin d’être négligeables. L’intensification de l’aquaculture a eu des effets négatifs sur l’environnement. Elle participe à la pollution des eaux avec les rejets de déchets, de produits chimiques et de médicaments dans le milieu naturel. De plus, des maladies se propagent hors des bassins de culture et peuvent affecter les espèces sauvages. Par exemple, en salmoniculture, les poux peuvent contaminer les saumons sauvages. Ce parasite affaiblit le poisson, conduisant à long terme à une diminution des individus sauvages.
Par ailleurs, les fermes aquacoles peuvent modifier le paysage et contribuer à la destruction des écosystèmes. Une partie de la mangrove, principalement en Asie du Sud-Est, a disparu pour la construction de fermes de crevettes. Les mangroves sont des écosystèmes riches qui fournissent des services écologiques aux communautés locales.
La plupart des poissons d’élevage sont carnivores et leur alimentation est devenue industrielle, à base de farines animales d’origine terrestre et de poisson. L’aquaculture ajoute donc une pression de pêche pour l’exploitation de ces poissons et ces crustacés de bas niveau trophique (comme la sardine et le sprat ou le krill), dit de fourrage qui ne sont destinés qu’à l’alimentation d’autres animaux. Lorsque les poissons deviennent “végétariens” les problèmes s’en trouvent déplacés sur terre, comme la déforestation en Amérique du Sud par les cultures de soja destinées à l’alimentation des animaux.
Quant aux aspects sociaux, ils sont des points cruciaux à développer dans certains pays. En effet, les droits des salariés ne sont pas toujours existants ou appliqués de façon efficace. Les droits de l’Homme et de l’enfant ne peuvent pas être respectés.
Bien que l'aquaculture puisse représenter une nouvelle source de protéines, tous les modes de production ne sont pas encore durables. C’est pour ces raisons qu’il est essentiel de :
- Modérer sa consommation de poisson, y compris issu de l’aquaculture ;
- Privilégier les espèces de bas niveau trophique, comme les poissons herbivores ;
- Acheter du poisson issu d’élevages certifiés ASC (Aquaculture Stewardship Council) ou Agriculture Biologique.
Pour une pêche et une aquaculture durable
Le WWF agit à plusieurs niveaux pour promouvoir une exploitation responsable des ressources halieutiques, respectueuse de la planète et des hommes. Le WWF plaide auprès des gouvernements pour une bonne gouvernance des océans et une gestion des pêches responsable. Nous encourageons les États à moins subventionner les activités de pêche qui engendrent de la surcapacité et donc de la surpêche. Nous influençons aussi le marché afin de proposer aux entreprises un approvisionnement responsable. Nous les accompagnons dans l’amélioration de leurs pratiques, via les “Fisheries Improvement project" (projet d’amélioration des pêcheries) comme celui de la raie bouclée en Manche Est et les “Aquaculture Improvement project" (projet d’amélioration en aquaculture), qui permettent tous deux d’améliorer les pratiques au sein des pêcheries ou les fermes aquacoles ou encore le projet Medfish, qui vise à la promotion de la certification MSC au sein des pêcheries de Méditerranée.
Nos projets actifs
La protection des écosystèmes marins est l'un des grands défis de notre temps. Nous en avons conscience et menons des projets de terrain en Nouvelle-Calédonie, Guyane, Méditerranée et Manche Est, afin d'assurer une productivité pérenne des pêcheries et une résilience des écosystèmes marins tout en améliorant la subsistance des communautés côtières et le maintien de la biodiversité.