COP23, quels défis à l’échelle internationale ?
Le climat n’attend pas. Alors que les émissions de gaz à effet de serre repartent à la hausse en 2017, plus de 15 000 scientifiques de 184 pays ont lancé un cri d'alarme, lundi 13 novembre, appellant l'humanité à la raison.
Pour le WWF, les 196 États réunis à Bonn à l’occasion de la COP23 - première COP présidée par un petit État insulaire, les îles Fidji - doivent mettre en œuvre des politiques de transition écologique bien plus ambitieuses s’ils veulent réellement limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d’ici à la fin du siècle, comme ils s’y sont engagés dans l’Accord de Paris.
Deux ans après la COP21, où en sommes-nous ?
Les signaux climatiques dans le rouge
Le réchauffement moyen atteint aujourd’hui +1,1°C selon l’Organisation météorologique mondiale, alors même que les émissions globales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter.
La COP (Conference Of Parties ou Conférence des Parties) est la séance annuelle de négociations climatiques à l’échelle mondiale.
La 21ème COP avait débouché sur le fameux Accord de Paris, nouveau cadre universel et historique pour traiter de la lutte contre le dérèglement climatique. En 2016, à Marrakech à la COP22, l’objectif était de consolider cette dynamique face à l’élection du candidat aux déclarations climatosceptiques de Donald Trump à la présidence des États-Unis.
Cette année, l’un des principaux enjeux est la révision à la hausse, en 2018, des engagements des États pour qu’ils puissent s’aligner avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Un écart jugé "catastrophique"
L'écart entre les promesses nationales de limitation des émissions de gaz à effet de serre et les réductions qu’il faudrait opérer pour maintenir le réchauffement en-dessous de 2°C est jugé « catastrophique » par l’ONU Environnement dans son rapport annuel sur l’action climatique.
Ce rapport souligne par ailleurs que les engagements pris par les pays au niveau national ne représentent qu’un tiers des réductions d’émissions nécessaires à l’horizon 2030 pour respecter les objectifs relatifs à la lutte contre les changements climatiques.
C'est pourquoi la décision a été prise en 2015 d’entamer en 2018, notamment à travers le « dialogue de Talanoa », une révision des engagements et en relever le niveau d’ici 2020. Cette année sera l’occasion de tirer les premières leçons des actions étatiques dans la lutte contre les changements climatiques, et de rectifier le tir !
Après le stress test de l’Accord de Paris l’année passée, qui a réussi à montrer que le Président américain était totalement isolé dans cette décision à la fois à domicile et au plan international, le COP23 doit ouvrir une mobilisation pour l’ambition climatique : un moment de vérité pour le climat.
C’est justement lors de la COP23 que les modalités de ce processus doivent être fixées…
Le rôle des États est déterminant
Réchauffement climatique et conséquences financières en Afrique
100 milliards de dollars par an (soit 2 000 milliards de dollars sur la période 2030-2050), c’est le montant des pertes et dommages pour le continent africain si le réchauffement climatique est maintenu sous les 2°C (estimations de l’ONU Environnement)
Selon le rapport de l’ONU Environnement, synthèse des dernières études scientifiques, il faut à la fois "urgemment accélérer les actions à court terme et renforcer l'ambition à long terme".
La France a un rôle particulier dans cette négociation. En tant que gardienne de la COP21, elle doit assurer la pérennité de l’Accord de Paris en soutenant des compromis ambitieux dans le cadre de ces discussions, mais aussi assurer la cohérence de ses propres politiques nationales, notamment en clarifiant la mise en oeuvre de son objectif de neutralité carbone à 2050 et en engageant une réelle transition énergétique.
Le WWF attend notamment de la part des États qu’ils parviennent à fixer dès la COP23 les modalités du dialogue qui aura lieu tout au long de l’année 2018, et qui devra les conduire à revoir leurs engagements vers une réduction plus ambitieuse des émissions de gaz à effet de serre.
Au-delà, à travers ses dialogues stratégiques thématiques et de haut-niveau à son pavillon tout au long de la COP23 (« Framing the future »), le WWF souhaite influencer la discussion autour des transformations sectorielles nécessaires pour aligner l’ambition avec limitation 1,5°C, ainsi que des collaborations à avancer en ce sens.
EN DIRECT de la marche #climat à Bonn. Plein d’énergie avec toute la société civile réunie pour la Planète et l’Humanité. #KlimaDemo #COP23 pic.twitter.com/UhNHBwSCFR
— WWF Climat (@WWF_Climat) 4 novembre 2017
Enfin, la question de la solidarité avec les États insulaires et de nombreux pays en développement a été l’un des principaux points d’achoppement des négociations de la COP21, pour lequel un compromis a été trouvé in extremis afin de permettre l’adoption de l’Accord de Paris. Or, sur ce point, les avancées sont très limitées, en raison d’un quasi-immobilisme des pays développés.
Quelles avancées ?
Le 16 novembre 2017, plus de 20 États et acteurs locaux, dont la France, le Canada, le Royaume-Uni et l’Italie, s’engagent à travers la création de la « Global Alliance to Power Past Coal* » à la COP23, une étape importante vers la construction d’un futur sans charbon.
« Si le WWF France salue la participation de la France à cette alliance, la fermeture des centrales à charbon ne peut être utilisée comme alibi pour repousser à plus tard les efforts pour respecter les objectifs de transition énergétique, qui impliquent la sortie d’une autre source d’électricité qui appartient au passé, comme le nucléaire. Seul un développement considérable et accéléré des énergies renouvelables, couplé à une meilleure gestion de l’énergie et à l’efficacité énergétique, permettra à la France et aux autres pays de mettre en œuvre une transition énergétique durable bénéficiant à tous, pour rester dans un monde à 1.5°C. » Pierre Cannet, responsable des programmes Climat, Énergie et Villes durables au WWF France