Requin
Requins : une mauvaise réputation usurpée
Avec sa mâchoire puissante aux dents acérées, le requin fait peur et fascine tout à la fois. Aujourd’hui, massacré par les hommes, ce mal-aimé risque de disparaître.
Le requin fut l'un des tout premiers vertébrés à mâchoire et n'a pratiquement pas changé depuis son apparition il y a 400 millions d'années. Il a façonné nos océans, influençant le comportement des différentes espèces de poissons.
Ils sont présents dans tous les océans, les eaux tropicales chaudes, les mers tempérées et les mers polaires, près de la surface, mais également à des centaines de mètres de profondeur, près des côtes, ou en pleine mer. Cette vaste répartition est le résultat d’une longue évolution qui s’explique par la parfaite adaptation de chaque espèce à sa « niche écologique ».
Les requins captivent l’imaginaire collectif. Tour à tour craints et vénérés, ils nourrissent de nombreux fantasmes, en particulier celui d’un mangeur d’homme, prédateur cruel, assoiffé de sang. Pourtant, aujourd’hui ils sont menacés par une pêche excessive.
Selon la liste rouge mondiale des espèces menacées dressée par l’Union internationale pour la conservation de la nature, environ 60 % des requins pélagiques sont actuellement en danger d’extinction. Un bien mauvais présage pour les océans car la disparition de ces prédateurs-clés qui trônent tout en haut de la chaîne alimentaire aurait de lourdes conséquences pour les écosystèmes marins.
Quand la bête noire devient victime
Les requins ne se reproduisent pas aussi vite que les autres poissons : la surpêche, à laquelle viennent s’ajouter les captures accidentelles, a donc un impact bien plus conséquent sur leurs populations aujourd’hui disséminées.
Pêche irresponsable
Le commerce des ailerons de requin – ingrédient de la soupe du même nom vendu à prix d’or - ne cesse de se développer et est devenu une menace sérieuse pour de nombreuses espèces de requins. Quand les requins sont capturés, on coupe leurs ailerons, et ce qui reste du requin est rejeté à la mer. Cette pratique, largement répandue, est appelée shark finning.
Si ce commerce se développe c’est qu’il est particulièrement rentable. Un kilo d’ailerons se négocie entre 300 et 500 euros. Les bénéfices étant rapides et importants, la pêche ne peut que s’intensifier. L’essor de l’économie asiatique, et donc du niveau de vie de ces populations, entraîne une demande accrue d’ailerons. Toutefois, si la Chine et le Japon sont les premiers consommateurs de la soupe d’ailerons, ce commerce s’étend néanmoins jusqu’à Paris ou Vancouver.
Par ailleurs, le requin est convoité pour d’autres parties de son corps : ses dents sont vendues sous forme de colliers, sa peau sert à fabriquer des chaussures; des sacs à main et des porte-monnaie, quant à son foie, il est utilisé pour faire de l’huile. Les requins ne se reproduisent pas aussi vite que d’autres poissons : la surpêche a donc un impact très conséquent sur leurs populations.
Pêche accessoire
La capture involontaire d’espèces non ciblées par les pêcheries commerciales constitue également une grave menace pour les requins. La pêche à la palangre, ciblant les espadons et les thons a fortement augmenté au cours de ces trois dernières décennies. Or, bien qu’ils ne soient pas visés à la base, de nombreux requins sont capturés accidentellement par cette pêche. De même, la pêche au filet maillant, largement pratiquée en mer Méditerranée, continue d'en capturer un nombre important, notamment par les filets dérivants même si ces derniers sont désormais interdits.
D’une hauteur pouvant atteindre 30 m, les filets maillants sont suspendus juste en dessous de la surface de l’eau ou ancrés au fond de la mer. Si les poissons d’une taille définie s’y font prendre par les branchies ou les nageoires, les requins sont également nombreux à être attrapés. La plupart sont « mis au rebut » en étant rejetés à la mer ou laissés sur le sol morts, mourants ou gravement blessés. Etant donné que de nombreuses espèces de requins n’atteignent leur maturité sexuelle qu’après plusieurs années, ils ne survivent souvent pas assez longtemps pour pouvoir se reproduire et assurer la continuité de l’espèce.
Disparition et dégradation de son habitat
Le développement des activités humaines, générant pollution et surpêche, a mené à la disparition d’habitats naturels marins essentiels à la survie des populations de requins. Les pratiques de pêches destructrices, les déchets déversés en mer et l’aménagement des littoraux ont tous de sérieux impacts sur les habitats marins dont dépend la survie des requins. Les changements climatiques et leur incidence sur l’écosystème marin entraînent également des transformations de l’environnement qui menacent l’espèce, en impactant la distribution des populations ainsi que celles de leurs proies.
Que fait le WWF pour le requin ?
Le WWF œuvre à la protection de l'habitat naturel des requins et en faveur d’une pêche responsable qui limite les captures accidentelles. En parallèle, nous collaborons avec les communautés locales pour développer des projets écotouristiques qui mettent en vedette les requins pélagiques, notamment les requins-baleines.
Le WWF compte parmi les organisations de conservation à la pointe du combat pour la survie des requins. Il cherche à obtenir l’interdiction de certains types de filets de pêche et œuvre pour la régulation du commerce des ailerons de requin via le réseau TRAFFIC.
Le WWF affronte directement le problème de la surpêche dans tous les océans de la planète par le biais de son initiative Smart Fishing (« Pêche intelligente »).
Des projets spécifiques ont pour objectif la sensibilisation du public à la cause des requins, l’amélioration des zones marines protégées et le développement de l’écotourisme qui contribue à la survie des requins dans leur environnement naturel. Une étude menée en 2011 par l’Australian Institute of Marine Science a révélé qu’à Palau, un seul requin de récif génère au cours de sa vie près de 2 millions de dollars de revenus touristiques.
Bonne nouvelle du réseau
Parce que notre travail n'est jamais vraiment terminé, on peut parfois oublier de célébrer nos victoires. Pourtant, quel que soit le projet, chaque avancée, même infime, demeure essentielle. C'est pourquoi nous prenons le temps de s’attarder sur une bonne nouvelle, un succès, un répit, pour mieux reprendre le combat ensuite.
Agissez avec le WWF
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