Saumon
Saumons : baroudeurs en déroute
L’homme consomme du saumon depuis le paléolithique. À cette période, il était tellement abondant qu'on l'utilisait pour nourrir les cochons ! Aujourd'hui, les méthodes de pêche modernes et l'élevage commercial du saumon menacent la survie des espèces sauvages. La consommation mondiale de saumon a triplé depuis les années 1980...
En règle générale, le saumon naît en eau douce, migre vers l’océan, puis retourne en rivière pour se reproduire. Ainsi, le saumon de l’Atlantique peut passer de l’eau douce à l’océan plusieurs fois. Il existe toutefois une sous-espèce de saumon de l’Atlantique qui reste dans les lacs d’eau douce.
Le chemin parcouru par les saumons qui survivent à cette quête éperdue vers la reproduction est l’un des plus grands exploits de la nature. Ils peuvent nager plusieurs centaines voire milliers de kilomètres pour retourner à l’endroit où ils sont nés. Ce périple n’est pas sans danger.
Alors que beaucoup d'entre eux n’ont tout simplement pas assez de réserves pour faire le voyage, les autres doivent se faufiler à travers les filets de pêcheurs, les barrages, les chutes et les rapides, et échapper aux aigles, aux loutres et autres ours. Le saumon du Pacifique meurt généralement quelques jours ou quelques semaines après la période de reproduction.
Particulièrement prisé, le saumon est l’une des espèces les plus consommées dans le monde. Pêché de manière intensive pendant des années, il fait aujourd’hui l’objet d’un élevage industriel.
Sauvons les saumons !
Tous les bilans convergent : depuis plusieurs décennies, les populations de chaque espèce de saumon sauvage sont en voie de régression sur l’ensemble de leur aire naturelle de répartition. En vingt ans, la population de saumon atlantique a été divisée par deux selon les estimations. En cause ? Les activités humaines : surpêche, changement climatique, perte d'habitats et propagation de maladies en provenance des fermes aquacoles de saumon.
Surpêche
La surexploitation de certaines populations est, dans une partie de l'Europe (en France notamment), une cause historique de la régression du saumon. À l’échelle du globe, la surpêche fait partie des plus graves menaces pesant sur la santé des mers et de leurs habitants. Et le saumon n’est pas épargné, au contraire. Pour faire face à une demande particulièrement forte (en pleine expansion depuis quelques décennies), chaque jour, d’innombrables tonnes de saumons sont prélevées dans la mer à un rythme malheureusement très supérieur à celui de la reconstitution naturelle des stocks. Si aujourd’hui le saumon atlantique est produit à 93% par l’élevage, 88% du saumon pacifique consommé continue à provenir de la pêche.
Pollution
Les pollutions marines touchent particulièrement l'hémisphère nord, historiquement le plus industrialisé et anthropisé. Des taux préoccupants de mercure et de méthyl-mercure et autres polluants sont trouvés chez les poissons marins dont les saumons. Les molécules de type PCB et de nombreux pesticides sont très solubles dans les graisses animales. Or, le saumon est un poisson gras. Pour franchir les obstacles qui le séparent de sa frayère, il « brûle » ses graisses, et libère dans son organisme les polluants qu'il a accumulés durant plusieurs années, avec une possible auto-intoxication. L'apport continu de pesticide en mer via les fleuves et d'autres pollutions émergentes (par exemple issues des centaines de dépôts immergés de munitions qui commencent à perdre leur contenu toxique) pourraient contribuer à expliquer le déclin des saumons en mer.
Raréfaction de ses proies
Le saumon juvénile, avant de pouvoir manger d'autres poissons, est d'abord un prédateur de petits invertébrés et d’insectes terrestres, notamment entre le moment de sa naissance et la fin de la dévalaison vers la mer. Or, ces invertébrés, la mouche de mai par exemple, sont globalement en régression, à cause des insecticides notamment, mais aussi à cause de la fragmentation de leurs habitats naturels.
Changement climatique
Un réchauffement des eaux douces et marines a été constaté presque partout et souvent du haut du bassin-versant à l'estuaire. Or, ce changement de température affecte le saumon. Selon les scientifiques, le saumon de l'Allier dévale vers la mer de manière optimale dans une eau dont la température se situe entre 7,5°C et 13,5°C. Au-dessus de 20°C, il cesse tout mouvement migratoire.
Tout réchauffement de l’eau induit aussi une diminution de sa teneur en oxygène et peut contribuer au phénomène d'anoxie. De nombreux décès ont été constatés dans une eau à 25°C. Les poisons à sang froid, comme le saumon, sont probablement plus sensibles que les mammifères et oiseaux au réchauffement ou à des anomalies saisonnières de température. Et il en va sans doute de même pour certains de leurs agents pathogènes, plus agressifs quand la température augmente. Enfin, la température cumulée est aussi un signal qui déclenche le début et la fin de la migration chez le saumon. Ainsi, le dérèglement climatique pourrait affecter les populations de saumon car une précocité ou un retard de migration (dévalaison ou remontée) peuvent nuire à la reproduction de l’espèce et donc à sa survie.
Élevage industriel du saumon
Il est démontré que la pisciculture intensive (où les poissons sont stressés, souvent malades et éventuellement vaccinés ou traités par des antibiotiques), en contact avec le milieu naturel ou immergée dans ce milieu, affectent négativement les populations sauvages. Le risque de contamination des poissons sauvages par les poissons d’élevage est bien réel. Les poux de mer constituent un exemple de maladie qui s’est propagée rapidement au sein des espèces sauvages via des sujets d’élevage qui s’étaient échappés de leur cage.
Aménagement des rivières
Barrages, microcentrales, ponts... les fleuves sont parsemés de toutes sortes d'embûches retardant ou empêchant la migration des saumons qui ont pourtant besoin de rejoindre leur fleuve d’origine pour se reproduire. Ainsi beaucoup d'entre eux n'atteindront jamais les frayères, ce qui met en péril la régénération de l’espèce !
Que fait le WWF pour les saumons ?
Pollution, changement climatique, surpêche : nos océans sont soumis à d'intenses pressions qui mettent à mal de nombreuses espèces aquatiques comme le saumon. Pour empêcher que ce poisson emblématique, et bien d’autres, ne disparaissent, le WWF riposte.
Le WWF s’efforce de protéger les océans et aide à promouvoir une pêche durable et bien gérée.
L'organisation défend ses positions auprès des groupes responsables de la gestion de la santé des océans, tels que l’Organisation pour la conservation du saumon de l'Atlantique nord (OCSAN).
Le WWF travaille également à protéger et à restaurer les rivières, les lacs et les cours d'eau qui forment l’habitat naturel des espèces comme le saumon.
Nous plaidons pour un contrôle plus efficace des saumons d’élevage afin de limiter les effets indésirables de la salmoniculture : rejets d’effluents, la transmission de maladies et propagation de parasites. Nous jouons un rôle clé dans la promotion du label de pêche durable MSC (Marine Stewardship Council) et le label d'aquaculture responsable ASC (Aquaculture Stewardship Council).
Nous menons des campagnes de sensibilisation et des actions de plaidoyer pour convaincre pêcheurs, producteurs, transformateurs, revendeurs et consommateurs d’améliorer leurs pratiques et de choisir du poisson issu d’une production responsable.
Nos projets actifs
Le WWF s’engage activement depuis de nombreuses années pour la conservation du saumon et mène des projets de terrain afin de lutter efficacement contre les pressions qui pèsent sur cette espèce en danger.
Agissez avec le WWF
Chacun d’entre nous peut se mobiliser et agir au côté du WWF pour faire face au plus grand défi de notre siècle. La sauvegarde des espèces et des espaces menacés ne se fera pas sans votre aide. Ensemble nous sommes la solution !