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Femmes mexicaines posant dans leur plantation de vanille

Mexique : restaurer les forêts et l’espoir

Au Sud Ouest du Mexique, dans l’État de Oaxaca, nous nous mobilisons depuis plus de 15 ans pour préserver les forêts et les précieux services qu’elles rendent aux communautés locales, en particulier l’approvisionnement en eau potable. Au menu : reboisement via la plantation d’espèces indigènes et développement d’activités alternatives à la culture du maïs si préjudiciable aux forêts.

Écosystème en péril

Le Mexique abrite 10% de la biodiversité mondiale.

Le Mexique concentre une biodiversité exceptionnelle dont la richesse le place au 4ème rang mondial. L’État d’Oaxaca, en particulier, abrite une grande diversité d’espèces. Une multitude de groupes ethniques et culturels y vivent, 18 en tout. Haut lieu biologique, le bassin versant Copalita-Zimatán-Huatulco est considéré comme une région prioritaire pour la conservation. Couvrant plus de 250 000 hectares, le paysage s’étend du niveau de la mer jusqu’à 3 500 mètres d’altitude. Dans cette région, les forêts brumeuses de montagne, les forêts tempérées de pins et de chênes, les forêts tropicales sèches, mangroves et les récifs coralliens se côtoient. Ces biotopes, qui abritent eux-mêmes une grande diversité d’espèces, procurent des ressources et des services indispensables aux communautés autochtones qui en dépendent pour leur survie. 

Mais au cours des dernières décennies, les forêts ont été exploitées sauvagement. Elles ont été défrichées pour faire place à la culture du maïs dont les impacts environnementaux sont particulièrement lourds. En effet, la culture du maïs nécessite le défrichement des forêts, soit la destruction pure et simple d’un biotope pourtant essentiel aux populations riveraines. D’autre part, elle est extrêmement gourmande en eau et fragilise les sols pentus : les parcelles de culture doivent être renouvelées tous les quatre ans en moyenne. La perte de couvert forestier, en particulier dans le bassin versant supérieur, a eu de nombreux effets collatéraux, parmi lesquels, la baisse de la quantité d’eau et l’altération de sa qualité, ainsi que l’érosion des sols. Les communautés locales en pâtissent lourdement. D’autant que le changement climatique exerce une pression supplémentaire sur l'approvisionnement en eau !

 

Vue aérienne de la montagne Sierra Sur couverte de nuages à San Miguel Suchixtepec, Oaxaca (Mexique)

La rivière Copalita commence de la montagne Sierra Sur et traverse l'État d'Oaxaca.

Reboiser et promouvoir des alternatives à la culture du maïs

1 million d'arbres ont été plantés dans le bassin versant Copalita-Zimatán-Huatulco.

Dès 2004, le WWF Mexique et la Fundación Gonzalo Rio Arronte (FGRA) se mobilisent. En 2016, le WWF France et son partenaire Caudalie les rejoignent. Un projet de conservation ambitieux est initié avec les communautés locales pour préserver le bassin versant Copalita-Zimatán-Huatulco. Pour cela, il convient en premier lieu de restaurer les forêts dégradées ou détruites. Concrètement, 1 million d’arbres sont plantés. Il s’agit d’espèces indigènes, provenant en majorité de pépinières locales développées par le projet et offrant des débouchés aux communautés riveraines. Nous soutenons ainsi l’activité de trois entreprises communautaires qui cultivent des plants d’arbres indigènes. 

En second lieu, des actions sont menées pour atténuer les impacts de la monoculture du maïs et de l’élevage en sensibilisant les agriculteurs conventionnels à la nécessité d’améliorer leurs pratiques. Nous les incitons notamment à économiser la ressource en eau et à veiller à ce que sa qualité ne soit pas altérée. Nous soutenons également le développement d’activités alternatives à la culture du maïs, soit des exploitations responsables qui garantissent des revenus décents aux populations riveraines sans porter préjudice aux forêts.

 

Deux femmes mexicaines souriantes, assises près de leur plantation de vanille.
Deux femmes entretiennent leur plantation de vanille (Mexique)
Image de multiples troncs d'arbres formant une forêt

Matilde et ses amies travaillent dans les plantations de vanille qui ne nécessitent pas de raser les arbres.

Des résultats prometteurs

« La vanille nous permet de subsister et attire de nouveau les jeunes. Mon fils a décidé de quitter la ville pour venir travailler avec nous. Il voit bien qu'il y a un avenir ici. » 

Photo de profil de Matilde, membre de la coopérative féminine de vanille de Copalita-Zimatan-Huatulco au Mexique.

Depuis le début du projet, 1 000 hectares de forêt ont déjà été restaurés et avec eux, les précieux services écologiques offerts par l’écosystème, en particulier l’approvisionnement en eau. La culture biologique d’une variété de café poussant sous couvert des arbres a été développée. Elle présente l’avantage de pousser sous ombrage, nul besoin de défricher donc pour produire les précieux grains. 

Au fil des ans, le projet a permis d’améliorer les conditions de vie de près de 6 500 personnes et de profiter, de manière plus indirecte, à plus de 22 000 personnes. Bon pour l’environnement et doté d’une saveur unique, il se vend plus cher que le café traditionnel, 65 pesos le kilo contre 30 pesos habituellement. Puis, la culture de la vanille s’est elle aussi développée. Là encore, inutile de raser les arbres car la précieuse épice est extraite d’une gousse, fruit d’une orchidée qui pousse comme une liane et s’enroule autour des troncs. 

Depuis 15 ans, non seulement notre projet de conservation semble avoir porté ses fruits mais il paraît aussi avoir essaimé. Ainsi, deux structures ont été fondées par des anciens bénévoles du WWF. L’ONG o Mbis Bin (« graines à planter » en zapotèque) a pour mission de  préserver la qualité des sols et de l’eau en mettant en oeuvre des solutions locales de gestion des forêts avec les communautés. Alternativa Agrícola est une ferme expérimentale qui combine différentes cultures vivrières traditionnelles comme le maïs, la courge et les haricots avec des arbres fruitiers. Engrais organiques produits localement, eaux de pluie récupérées pour l’irrigation et agriculture en terrasse pour éviter l’érosion des sols, ce modèle d’agroécologie a déjà inspiré une dizaine de communautés rurales. La consommation d’eau des agriculteurs cultivant le maïs dans les environs a baissé de 64% pour l'irrigation. De fait, ils ont réduit leurs coûts d'un tiers, tout en augmentant leurs rendements dans les mêmes proportions.

 

Rivière Copalita avec reflet coucher du soleil

Ecoutez l'histoire dans notre podcast

Dans notre podcast l'Effet Panda, accompagnez Daniel Vallauri, chargé du programme Forêts au WWF France, au cœur des forêts mexicaines à la rencontre de ces communautés locales qui ont choisi une agriculture qui protège les arbres.

Trois hommes se tiennent devant un grand bassin d'eau de pluie stockée.