Élections Européennes 2024 : Le WWF Interroge les Partis Français
Pour les élections européennes de 2024, le WWF a envoyé un questionnaire aux partis politiques dans 13 pays européens pour évaluer leurs positions sur les questions environnementales et climatiques. En France, six partis ont accepté de répondre au questionnaire: La France Insoumise, Parti Socialiste-Place Publique (PS-PP), EELV - Les Ecologistes (EELV-LE), Besoin d’Europe (majorité présidentielle), Les Républicains, le Rassemblement National.
Pour approfondir le sujet :
Élections Européennes 2024Face à la gravité des défis climatiques, écologiques, sociaux et géopolitiques en cours, ces élections revêtent une importance particulière.
Il y a cinq ans, au lendemain des élections européennes de 2019, était lancé le Pacte vert européen, un plan audacieux visant à atteindre la neutralité climatique, à inverser la perte de biodiversité et à rendre notre société et notre économie plus résilientes face aux bouleversements climatiques.
Face à la gravité des défis climatiques, écologiques, sociaux et géopolitiques en cours, ces élections revêtent une importance particulière. Les partis politiques vont-ils donner la priorité au Pacte vert comme programme politique pour les cinq prochaines années ? Vont-ils rehausser l'ambition climatique de l’Union européenne ? Vont-ils miser sur la nature pour renforcer l'autonomie et la résilience de l'Europe ainsi que la sécurité des Européens ? Vont-ils garantir les financements nécessaires pour conduire la transition tout en soutenant les ménages modestes et les secteurs économiques clés ?
Pacte vert - A la question de savoir si le Pacte vert doit être maintenu comme l’une des principales priorités politiques du prochain mandat, les résultats confirment un fort soutien des listes LFI, PS-PP, EELV-LE. Besoin d’Europe et LR ne répondent pas explicitement à la question.
Besoin d’Europe explique vouloir donner la priorité à la mise en œuvre des mesures déjà adoptées mais passe sous silence les textes initialement prévus dans le Pacte vert et non adoptés (alimentation durable, pesticides, produits chimiques…).
LR tient à rappeler qu’ils ont soutenu des législations du Pacte vert mais qu’ils s’opposent vigoureusement à ces textes initialement prévus ainsi qu’à celui sur la restauration de la nature.
Seul le RN affirme qu’ils ne maintiendront pas le Pacte vert comme une priorité politique.
Les crises du climat et de la biodiversité étant jumelles, on ne saurait combattre l’une en aggravant l’autre
Climat - Les partis se divisent sur la rehausse de l’ambition climatique de l’Union européenne : seuls LFI et EELV-LE soutiennent une rehausse forte de l’ambition à laquelle s’opposent LR et le RN qui sont aussi contre une obligation juridique de sortir des énergies fossiles.
Un clivage fort et sans surprise oppose les partisans d’un système énergétique 100% renouvelable (EELV-LE, LFI) et les défenseurs du nucléaire (RN, LR), PS-PP ayant une position intermédiaire et Besoin d’Europe devant clarifier sa position (car se prononçant pour un système 100% renouvelable tout en soutenant le nucléaire).
Les crises du climat et de la biodiversité étant jumelles, on ne saurait combattre l’une en aggravant l’autre, d’autant plus que la nature est notre meilleure alliée face au changement climatique. Pourtant seuls EELV-LE, LFI et PS-PP s'engagent à supprimer les récentes dérogations au droit de l’environnement mises en place pour accélérer le développement des énergies renouvelables.
Il n’y a pas de consensus sur l’élaboration d’un cadre européen permettant de renforcer la résilience de l’UE aux effets du changement climatique or c’est pour le WWF l’une des premières mesures à adopter.
Nature - Deux sujets relatifs à la protection de la nature apparaissent consensuels : toutes les listes soutiennent le maintien des objectifs ambitieux de la politique européenne de l’eau ainsi qu’une augmentation des investissements dans la protection et la restauration de la nature.
Sur les autres sujets, les listes sont divisées : en majorité en faveur d’une plus grande ambition sur la protection des océans (sauf le RN) et de la forêt (sauf LR et le RN) mais très clivées sur l’obligation de protéger un pourcentage d’espaces naturels marins et terrestres.
De manière étonnante, il n’y a pas de consensus sur l’élaboration d’un cadre européen permettant de renforcer la résilience de l’UE aux effets du changement climatique, alors qu’il en va de la sécurité des Européens et du maintien de leur économie, or c’est pour le WWF l’une des premières mesures à adopter dans le prochain mandat européen.
Alimentation - Un net clivage se dessine entre d’une part, ceux voulant accélérer face à l’urgence climatique et écologique, partisans d’une nouvelle politique sur l’alimentation durable, d’une Politique agricole commune plus ambitieuse ou d’une accélération de la mise en œuvre de la Politique commune des pêches (PS-PP, EELV-LE, LFI) et, d’autre part, ceux voulant au contraire mettre un coup d’arrêt aux politiques environnementales ou revenir en arrière en s’opposant à toute nouvelle obligation européenne particulièrement en ce qui concerne l’agriculture (LR, RN) ou en défendant une révision à la baisse de la politique des pêches (LR). Besoin d’Europe est dans une position intermédiaire.
Financement de la transition écologique - Tous les partis soutiennent la nécessité d’investissements publics européens massifs dans la transition écologique et dans son accompagnement social (à l’exception du RN pour lequel ces investissements doivent être décidés au niveau national). Un clivage net apparaît sur l’amélioration du cadre européen pour orienter la finance privée vers des activités vertes.
Les réponses sur la suppression progressive des subventions dommageables et de leur réorientation vers la transition écologique sont particulièrement préoccupantes compte tenu des engagements pris depuis des années pour éliminer ces subventions et du peu de progrès accomplis (les listes PS-PP, EELV-LE et LFI sont clairement pour, Besoin d’Europe et LR la soutiennent sur le principe mais s’opposent à un engagement juridiquement contraignant, le RN s’y oppose (puisqu’il dit être contre la suppression de l’avantage fiscal sur le gazole non-routier).
Les mois qui viennent vont déterminer le prochain mandat européen pour 2024-2029. Ils appellent à une discussion ouverte et fondée sur la science, où la crise du climat et la crise de la biodiversité, intrinsèquement liées, devront être traitées de front. Plus que jamais, les dirigeants devront faire preuve de courage et d'ambition en prenant des mesures rapidement tout en veillant à ce que les ménages modestes et les petites entreprises soient accompagnés dans cette indispensable transition.