En 2020, la tragédie des incendies se répète pour le Pantanal et l’Amazonie
Plus de 43 000 foyers d’incendie ont été recensés en Amazonie depuis le début de l’année, dont 66.5% ont été comptabilisés sur le seul mois d’août. Dans le Pantanal, plus grande zone humide de la planète, méconnue du grand public mais abritant une biodiversité extraordinaire, le bilan est encore pire. L’INPE y a observé une augmentation de 220 % du nombre d’incendies depuis le début de l’année 2020 par rapport à la même période en 2019, passant de 3 165 foyers d’incendies à plus de 10 000 cette année.
Le nombre total d’incendies enregistrés entre janvier et août en Amazonie est supérieur de 39 % à la moyenne des dix dernières années, et au même niveau que 2019, une année particulièrement dévastatrice. La situation est de plus en plus grave. Les dernières tendances pourraient en outre être accentuées par des mois de septembre et octobre encore plus chauds et secs dans ces régions. Les conséquences pourraient être dévastatrices à long terme en raison de la libération de millions de tonnes supplémentaires de dioxyde de carbone, de la perte d'espèces et de la destruction d'écosystèmes vitaux. Par ailleurs, ces incendies présentent un risque de développement des problèmes de santé, en plus de menacer les moyens de subsistance locaux.
Dans certains États brésiliens, l’analyse des données a même démontré que les feux se concentrent parfois dans des zones forestières protégées, des régions parmi les plus riches du monde en biodiversité. Certaines communes très isolées géographiquement qui conservent encore d’immenses zones de forêts intactes, abritent des populations traditionnelles et d'innombrables espèces animales et végétales, sont également parmi les plus touchées, alors qu’elles ne sont pourtant accessibles que par voie aérienne ou maritime. En cause : l’accaparement de terres publiques protégées et leur déforestation pour l'expansion des pâturages. Même si l’on constate une baisse de 6 % du nombre total d’incendies cumulés en Amazonie par rapport à 2019, le mois d’août doit nous alerter car une augmentation des incendies en septembre et octobre est tout à fait envisageable.
Le WWF Brésil reste pleinement mobilisé pour soutenir la lutte contre les incendies et la déforestation en Amazonie et dans le Pantanal, et maintenir les moyens de subsistance des populations locales, grâce à des actions de formation et de soutien à la surveillance territoriale dans un contexte de crise dont les effets sur les populations autochtones sont exacerbés par le Covid-19.
A l’échelle de la France et de l’Europe, il est plus que nécessaire que les pouvoirs publics se saisissent de cette question et soutiennent des législations fortes pour lutter contre la déforestation importée. L’Union Européenne est responsable de 36 % de la déforestation liée au commerce international et continue d’autoriser la mise en marché de produits liés à la conversion d’écosystèmes naturels. Nous devons agir urgemment pour stopper cette catastrophe planétaire.
