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19. mai 2021 — Communiqué de presse

Soja : les plus gros traders loin de respecter leurs engagements environnementaux et sociaux

Un premier classement, publié aujourd'hui par le WWF en collaboration avec Global Canopy, évalue les engagements et les mesures prises par les plus gros traders de soja du monde pour lutter contre la déforestation, la conversion des écosystèmes naturels et les violations des droits humains. Résultat : les mesures mises en œuvre par les négociants mondiaux sont loin d’être à la hauteur des enjeux.

 

Entre 2005 et 2017, près d’un tiers de la déforestation importée européenne a été causée par l'exportation de soja.

Si le soja est l'une des principales sources de protéines pour l'alimentation humaine mais surtout pour l’alimentation des animaux d’élevage, sa culture est également l’un des premiers moteurs de déforestation. Le récent rapport du WWF « Quand les européens consomment, les forêts se consument » a montré que le soja était la principale matière première responsable de l'empreinte déforestation importée de l'Union Européenne (31 %) entre 2005 et 2017 devant l'huile de palme et la viande de boeuf. 



Le WWF et Global Canopy ont étudié les politiques de 9 traders ayant répondu à l’enquête, représentant à eux seuls 52% des exportations mondiales de soja. L’évaluation a porté sur la robustesse et la mise en œuvre des engagements en matière d'absence de déforestation et de conversion dans leurs chaînes d'approvisionnement. Les critères étudiés étaient le respect des écosystèmes naturels (forêts et autres écosystèmes) et des droits humains, la transparence, la collaboration avec d’autres parties prenantes et la tendance de progression. 

Le résultat est loin d’être à la hauteur de l’urgence de la situation : les traders évalués obtiennent à peine la moyenne, le score le plus élevé n’étant que de 52,5 %. Les politiques existantes en faveur d'un soja sans déforestation et/ou conversion sont faibles et doivent être renforcées. Pour être efficaces, ces politiques doivent également faire mention de “cut-off dates” claires (dates limites à partir desquelles la conversion d’un écosystème naturel est explicitement prohibée), qui n’apparaissent aujourd’hui pas dans leur plan d’action. Enfin, les engagements affichés ne sont pas appliqués de manière égale sur l'ensemble des chaînes d'approvisionnement ni à tous les écosystèmes à risque, comme le Cerrado au Brésil. 

Culture extensive de Soja OGM dans le Mato Grosso au Brésil

La culture de soja est l’un des premiers moteurs de déforestation.

Le WWF appelle les traders à s'engager à l'arrêt de la conversion de tous les écosystèmes naturels et au respect des droits humains dans toutes leurs chaînes d'approvisionnement.

Le WWF et Global Canopy demandent de manière urgente aux traders de soja d’adopter des engagements ambitieux et de les appliquer à toutes leurs activités en déployant des plans d’actions robustes. Ils doivent s'engager à l'arrêt de la conversion de tous les écosystèmes naturels et au respect des droits humains dans l'ensemble de leurs chaînes d'approvisionnement. Une ‘cut-off date’ doit être mise en place à 2020 au plus tard. Enfin, le WWF appelle les traders à généraliser la traçabilité et la transparence à l'ensemble de leurs activités, sans quoi la durabilité de la filière restera fortement limitée.



Dans ce contexte, acheteurs, institutions financières et décideurs politiques ont aussi une responsabilité : 

  • Les acheteurs de soja doivent faire en sorte que leurs propres chaînes d'approvisionnement en soja soient exemptes de déforestation, de conversion et de violations des droits humains, et exiger de leurs fournisseurs qu'ils fassent de même sur l'ensemble de leurs opérations ;
  • Les institutions financières ont le pouvoir de décider de soutenir ou non financièrement des projets et se doivent en ce sens d’être exemplaires. Les acteurs financiers doivent exiger de leurs clients une politique contraignante, incluant le « 0 conversion » ainsi que le respect des droits humains.  Dans cette optique, ils peuvent s’appuyer sur les conclusions et recommandations de l'outil Scorecard afin d’interroger leurs clients sur leurs approches et conditionner leurs investissements à des politiques  « 0 conversion » ambitieuses. 
  • Enfin, dans le cadre de la campagne Together4Forests, le WWF appelle pour l’Union européenne les décideurs politiques à se doter d’une législation européenne contraignante afin de lutter contre la déforestation et la conversion des écosystèmes. Ce projet de loi, visant à encadrer les importations de matières premières au niveau de l’UE, doit être ambitieux et couvrir non seulement la déforestation mais aussi la conversion des autres écosystèmes naturels et le respect des droits humains. 
Vue aérienne de déforestation illégale dans le territoire des indigènes Uru-Eu-Wau-Wau

Les politiques existantes en faveur d'un soja sans déforestation restent insuffisantes.

« Le soja est l'un des principaux moteurs de la déforestation et de la conversion au niveau mondial. Il est cultivé dans des écosystèmes naturels remarquables qui fournissent des habitats importants pour la faune sauvage et jouent un rôle essentiel dans l'atténuation du changement climatique. Pour garantir l'absence de déforestation et de conversion et le respect des droits humains, tous les vendeurs, acheteurs de soja et acteurs financiers doivent rapidement passer de la parole aux actes en mettant en œuvre leurs engagements sur l’ensemble de leurs chaînes d'approvisionnements. » Cristianne Close, responsable du programme « Market » au WWF International

« Les traders de soja ont encore du travail à faire pour que leurs engagements en matière de déforestation et de conversion deviennent réalité. Les engagements couvrent rarement toutes les zones à risque, ou n’incluent pas l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Nous savons que des forêts et des écosystèmes précieux continuent d'être détruits pour le soja. Les négociants doivent améliorer la transparence de leurs chaînes d'approvisionnement et fermer le marché du soja provenant de terres déforestées ou converties. » Emma Thomson, responsable du projet Forest 500 à Global Canopy