Pour une production de soja responsable
En quelques décennies, la production et la consommation mondiales de soja ont considérablement augmenté. Cette forte demande s’est accompagnée, le plus souvent, d’impacts environnementaux et sociaux énormes dans les zones où le soja est cultivé. C’est pourquoi le WWF se mobilise pour améliorer les conditions de production du soja dans le monde.
Pour approfondir le sujet :
Alimentation durable, Classement soja, Développer la production de soja certifiée (Mato-Grosso), Objectif : AlimentationL’essor de la production de soja
Le soja caché dans notre alimentation
C’est la quantité moyenne de soja que consomme indirectement un Européen chaque année, via sa consommation de produits animaux.
Le soja entre directement ou indirectement dans la composition d’une grande partie des aliments que nous consommons, puisqu’il est utilisé dans l’alimentation de nombreux animaux d’élevages (bovins laitiers, avicoles, aquacoles, etc.). Son empreinte est donc intimement liée à la consommation humaine des produits issus de ces élevages. L’augmentation de notre consommation de produits animaux a multiplié par quatre la production globale de soja de 1980 à 2020, pour atteindre un volume de près de 350 millions de tonnes. Et la production de soja devrait croître jusqu’à plus de 500 millions de tonnes en 2050.
Cette augmentation des volumes produits s’est traduite par une augmentation des surfaces de production, qui atteignent plus de 120 millions d’hectares en 2020, soit les superficies de la France, des Pays-Bas et de l’Espagne réunies. Plus de 50% de cette surface est en Amérique du Sud, avec le Brésil qui comptabilise à lui seul près de de 37 millions d’hectares pour la culture du soja. Les trois principaux pays producteurs sont le Brésil, les États-Unis et l’Argentine. L’extension des surfaces cultivées se fait majoritairement au détriment des écosystèmes naturels non forestiers comme le Cerrado et le Grand Chaco.
Les impacts de la production du soja
En Amérique du Sud, ce sont les productions de bœuf et de soja qui participent le plus à la conversion des écosystèmes naturels. En effet, entre 2000 et 2010, 24 millions d’hectares de forêts, de savanes et de prairies (Amazonie, Cerrado, Chaco, Pantanal, etc.) ont été transformés en pâturages pour le bétail, puis en cultures de soja. Cette expansion de la production de soja s’est faite au détriment de la végétation naturelle et impacte les populations autochtones ainsi que la faune sauvage qui y vivent (jaguar, tapir ou fourmilier géant).
Dans le Cerrado par exemple, immense mosaïque mêlant prairies sèches, surfaces boisées et zones humides, environ 50% de la végétation naturelle a été perdue depuis les années 1970. Nous l’avons identifié, dans notre dernière étude, comme le principal front de déforestation de l’Amérique du Sud. Responsable de 66% des surfaces converties, la culture du soja est le moteur principal de la conversion du Cerrado. Outre les menaces pour la faune et la flore de la région, les populations sont aussi impactées. Elles subissent l’accaparement de leurs terres, des conflits récurrents avec les producteurs de soja et une pollution engendrée par la culture intensive du soja. Si le rythme de déforestation et de conversion devait se poursuivre à la vitesse constatée en 2004, soit 2 à 3 millions d’hectares par an, le Cerrado serait voué à disparaître dans les 30 ans à venir. Les services écosystémiques que procure cet espace, comme la filtration des eaux et le stockage du carbone, disparaîtraient par la même occasion avec de fortes répercussions sur les populations qui y vivent.
Les solutions pour un approvisionnement responsable en soja
Afin de permettre une production responsable de soja, le WWF s’efforce d’agir à tous les niveaux de la filière. Pour transformer les marchés, le WWF soutient la certification RTRS (Table Ronde sur le Soja Responsable) des producteurs de soja dont les surfaces cultivées n’ont pas subi de déforestation depuis 2009. Nous travaillons également avec les entreprises (distributeurs, industries agro-alimentaires, fabricants d’alimentation du bétail, etc.) qui achètent le soja pour les inciter à s’engager en faveur d’un approvisionnement « zéro conversion d’écosystèmes ». Nous les encourageons à travailler sur la durabilité de leurs achats en passant non seulement par la certification mais aussi par une transparence accrue. Nous estimons aujourd’hui que la certification des matières premières reste un outil important de la lutte contre la déforestation et la conversion mais qu'il faut aussi se tourner vers des schémas globaux en faveur d’une amélioration de la traçabilité. Bien évidemment, nous continuons d’encourager le recours aux alternatives locales et soutenables au soja importé qui permettent d’améliorer l’autonomie et la résilience des territoires.
Pour influencer les pouvoirs publics, le WWF se mobilise pour supprimer la déforestation des chaînes d’approvisionnement alimentaires françaises.
Pour agir sur la consommation, nous recommandons aux consommateurs de diminuer leur consommation de produits animaux pour réduire les importations de soja nécessaires à l’alimentation animale en France. Nous les encourageons à substituer les protéines animales par des protéines végétales (en consommant des mélanges de légumineuses avec des céréales) et de privilégier des produits certifiés, notamment ceux labellisés Agriculture Biologique.
Nos projets actifs
Le WWF s'engage pour lutter efficacement contre les pressions qui pèsent sur la biodiversité et prône des pratiques alimentaires plus respectueuses. Que ce soit sur terre ou en mer, nous menons des projets afin de préserver les ressources naturelles et garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous.