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14. septembre 2018 — Communiqué de presse

Plan national vélo : une ambition, mais des moyens insuffisants

Au lendemain d’une mobilisation exceptionnelle pour le climat, le gouvernement dévoile son plan national dédié à la promotion de l’usage du vélo. Pour les associations du Réseau Action Climat (FNH, FNE, WWF, FUB, FNAUT, Greenpeace, etc.), c’est une avancée mais les moyens dégagés ne sont pas à la hauteur des ambitions et doivent être revus à la hausse par le gouvernement d’ici le projet de loi de finances 2019. 

Un homme utilise un vélo partagé en ville pour se déplacer, Paris, France

Les entreprises et les collectivités ont aussi leur rôle à jouer

Une reconnaissance longuement attendue Le Réseau Action Climat se réjouit que ce mode de déplacement quotidien économique, écologique et bon pour la santé soit enfin reconnu comme une solution de mobilité à part entière pour réduire la congestion urbaine, améliorer la qualité de l’air et la qualité de vie !

Combiné aux transports collectifs, il amplifie la vitalité économique, la solidarité de nos territoires et répond aux attentes des Français qui sont à 83% favorables à une augmentation de la place accordée au vélo en ville (sondage IFOP/WWF, juillet 2018). Seulement 50M€ par an durant 7 ans, au lieu de 200M€/an…

La France accuse un retard important qui demandait un vrai rattrapage financier pour amorcer le changement. Depuis un an, associations d’élus et d’usagers ont fourni des estimations fiables et justifiées des besoins financiers pour enclencher un changement d’échelle. Nos associations préconisent la création d’un fonds à hauteur de 200 millions d’euros par an dès 2019 pour cofinancer les infrastructures cyclables majeures. Le Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI) s’était rapproché de nos attentes en fixant comme priorité la création d’une enveloppe vélo de 350 millions d’euros pour 4 ans.

Le Premier Ministre a annoncé aujourd’hui un fonds de 350 millions d’euros sur 7 ans. Bénéficiant d’un budget fléché sur plusieurs années, ce plan national est inédit dans son volet infrastructures. Mais le compte n’y est pas pour rattraper le retard de la France. Seulement 3% des citoyens se déplacent à vélo, contre près d’un quart des danois et un tiers des hollandais, dont les gouvernements ont investi depuis des années en moyenne 4€ par habitant par an pour le vélo. 50 millions d’euros par an pendant 7 ans, soit 0,7€ par habitant par an, c’est donc quatre fois moins que les besoins annuels réels pour résorber notre retard, et deux fois moins que les recommandations du COI.

Les associations du Réseau Action Climat en appellent aussi aux collectivités et aux entreprises à prendre leur part de responsabilité pour développer le vélo L’indemnité kilométrique vélo, mesure consistant à rembourser les déplacements domicile-travail faits à vélo, devient le forfait mobilité durable (200 euros / an défiscalisés dans le secteur public et 400 euros dans le secteur privé) et est généralisée dans le secteur public, mais elle n’est malheureusement toujours pas systématique dans le secteur privé. A ce stade, la relance d’un véritable bonus à l’achat d’un vélo à assistance électrique et la planification de plus de 200 000 stationnements vélo en gare manquent à l’appel.

Les ONG environnementales appellent les instances patronales, comme le MEDEF, à prendre leur part de responsabilité dans la transition écologique : en rendant la prime vélo accessible à tous dans les entreprises, au travers d’un forfait mobilité durable rendu obligatoire, et non plus facultatif tel que c’est actuellement prévu, et véritablement incitatif, c’est-à-dire à hauteur de 35€ par salarié par mois. En parallèle, les collectivités doivent rejoindre la dynamique initiée par des villes telles que Strasbourg ou Grenoble, qui ont d’ores-et-déjà alloué des financements conséquents dans ce domaine.

Les solutions de mobilité plus écologiques restent le parent pauvre du plan d’investissement

Mises bout à bout, les dépenses annoncées par le gouvernement cette semaine dans le cadre du plan d’investissements Transports pour les solutions alternatives au transport routier (fret ferroviaire) et à la voiture individuelle (covoiturage, transports en commun, trains, etc) ne permettront pas de renverser durablement et rapidement la tendance à la hausse des émissions de gaz à effet de serre des transports. S’élevant à moins de 5% (1,2 milliards sur 10 ans sur un total de 27,7 milliards) du plan d’investissement, les financements pour les mobilités propres et partagées demeurent dérisoires en comparaison des besoins et des dépenses prévues sur le réseau routier et la voiture individuelle. Pourtant, le transport routier bénéficie d’un remboursement de taxe sur le diesel de plus d’un milliard d’euros par an, malgré ses incidences considérables sur la pollution de l’air, le climat, les infrastructures, la congestion, etc. et ce, au détriment des alternatives plus écologiques.

Enfin, le maintien de projets routiers (Rouen, Strasbourg, etc.) annonce un gâchis environnemental et financier auquel il est encore temps de renoncer ! En dépit des discours et de l’engagement du Président de la République, la priorité n’est pas encore celle des transports écologiques du quotidien.