Au Canada, le saumon retrouve son chemin
En restaurant sa zone de frai au cœur de la rivière Pitt, le WWF Canada et la Première Nation Katzie ont favorisé le retour du saumon. Portés par ce succès, nous élargissons aujourd’hui notre périmètre d’intervention au travers d’un vaste plan de conservation déployé sur une décennie.
Pour approfondir le sujet :
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C'est le nombre d’adultes reproducteurs au sein de la population de saumon royal en 2018, alors qu'il était de 3 500 dans les années 1960.
Le saumon naît en eau douce et entreprend une longue migration vers les eaux salines pour se nourrir et arriver à maturité. Après quelques années dans l’océan, il utilise son excellent odorat pour retrouver l’endroit où il est né afin d’y frayer. Cette quête éperdue vers la reproduction est l’un des plus grands exploits de la nature. Les saumons peuvent nager plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres pour retourner à l’endroit où ils sont nés. Mais ce périple n’est pas sans danger. Barrages, microcentrales, ponts... Les fleuves sont parsemés de toutes sortes d'embûches retardant ou empêchant la migration des saumons. Ainsi beaucoup d'entre eux n'atteindront jamais les frayères, ce qui met en péril la régénération de l’espèce !
En Colombie-Britannique, un triste record a été atteint en 2020, celui de la plus basse quantité de saumons rouges enregistrée dans la zone. Au sein des populations de saumon quinnat (ou saumon royal), l’une des espèces de poissons les plus répandues au Canada, le nombre d’adultes reproducteurs au sein de leur population a chuté de 3 500, dans les années 1960, à 75 en 2018. Un drame pour les communautés autochtones qui dépendent de l’espèce pour subvenir à leurs besoins, mais aussi pour l’économie locale et l’environnement.
Restaurer les zones de frai
Le WWF travaille à protéger et à restaurer les rivières, les lacs et les cours d'eau qui forment l’habitat naturel des espèces comme le saumon.
En 2018, en partenariat avec les riverains, en particulier la Première Nation Katzie, nous avons initié un projet de restauration, concentrant nos efforts sur le ruisseau Blue, affluent du cours supérieur de la rivière Pitt, car il constitue une aire de frai du saumon quinnat. Cette frayère avait été perturbée par un glissement de terrain, elle-même engendrée par des pratiques non durables d’utilisation du sol. Nous avons notamment enlevé des barrières qui faisaient obstacle au courant, stabilisé le pied du glissement de terrain et relevé les berges pour prévenir de futures inondations. Une fois le débit et le lit du site de frai restaurés, les saumons quinnats sont rapidement revenus et sont même remontés en amont de l’aire endommagée.
Forts de ce succès irrécusable, nous avons décidé, toujours en partenariat avec la Première Nation Katzie, de restaurer d’autres aires de la région. Le projet initial s’est mué en un plan décennal, bénéficiant de subventions supplémentaires et de l’appui techniques de nombreux experts tels que, le ministère des Pêches et des Océans du Canada, la Healthy Watersheds Initiative, la Pacific Salmon Foundation, la Makeway Foundation, ou encore la W.C. Kitchen Foundation...
Intensifier nos efforts
C'est la longueur du canal qui a été creusé pour créer des abris et des zones de repos pour les saumons.
Pendant les deux dernières années, nous nous sommes concentrés sur la restauration d’habitat dans la rivière Upper Pitt. Concrètement, nous avons réalisé des travaux d’aménagement visant à améliorer ou à corriger les conditions du milieu afin de créer un habitat optimal pour le saumon, nous servant de la nature comme modèle.
Nous avons notamment creusé un canal de 700 mètres de long jusqu’à la nappe phréatique, en enlevant la vase et les débris et en recyclant les troncs pour créer des abris contre les prédateurs et des zones de repos. Les insectes aquatiques s’y concentrent, constituant une source importante de nourriture pour plusieurs espèces de poissons.
Des arbres et des arbustes indigènes ont également été plantés afin de faire baisser la température de l’eau. En créant de l’ombre, l’écran végétal empêche en effet le rayonnement solaire d’atteindre la surface de l’eau susceptible d’emmagasiner la chaleur.
Le prochain objectif c’est la restauration de red Slought, un cours d’eau intertidal coupé de la rivière Pitt par des routes forestières. Sa restauration par la réintroduction de son débit historique, non seulement favorisera la migration des saumons, mais augmentera également la biodiversité en plus de soutenir la séquestration accrue du carbone pour aider à lutter contre la crise climatique.