Au Népal, le rhinocéros remonte la pente
Dans les années 1960, la population népalaise de Rhinoceros unicornis ne comptait plus qu’une centaine d’individus. Aujourd’hui, elle s’élève à 752 animaux selon le tout dernier recensement effectué en avril dernier. Une véritable résurrection !
Pour approfondir le sujet :
RhinocérosDe plus en plus convoité
Malgré l'interdiction du commerce international de cornes de rhinocéros, l'espèce continue d'être chassée par les trafiquants.
En 1977, la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) interdit le commerce international de cornes de rhinocéros. Mais cela ne suffit pas à dissuader les trafiquants. Outre la disparition de leur habitat, les rhinocéros sont tués massivement pour leurs cornes, vendues au marché noir asiatique car on leur prête des vertus dans la guérison du cancer et comme aphrodisiaque. La demande ne cesse de croître et les braconniers se font de plus en plus inventifs. Entière ou réduite en poudre, la corne de rhinocéros se revendrait sur les marchés parallèles à plusieurs dizaines de milliers d’euros le kilo, soit plus que le kilo d'or.
Le rhinocéros unicorne, Rhinoceros unicornis, n’est pas épargné. Si à l’origine sa zone de répartition couvrait toutes les plaines alluviales situées au pied des contreforts de l’Himalaya, le rhinocéros indien a aujourd’hui totalement disparu du Pakistan et du Bangladesh et se fait de plus en plus rare en Inde et au Népal. Classé dans la catégorie "vulnérable" sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN, le rhino unicorne d’Inde ne compterait plus que 3 500 individus à l’échelle de la planète.
Combattre le braconnage
Le WWF est l’une des toutes premières organisations à s’être engagée dans la lutte contre le braconnage des rhinocéros, luttant sur tous les fronts. D’abord, combattre le braconnage en s’attaquant à l’ensemble des acteurs de la filière : braconniers évidemment mais aussi intermédiaires, exportateurs, transporteurs et consommateurs. Le WWF agit également contre les organisations criminelles, les fausses thérapies basées sur les soi-disant vertus de la corne de rhino, la faiblesse des peines sanctionnant un commerce très lucratif. Pour ce faire, le WWF se mobilise pour faire appliquer la loi par le renforcement de la coopération internationale, l’élaboration d’une base de données d’ADN (pour confondre les braconniers), par une meilleure capacité d’action et par un contrôle renforcé aux frontières. Nous travaillons notamment avec TRAFFIC, l’initiative de « lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages » pour enquêter, identifier et démanteler les réseaux responsables du braconnage et du commerce illégal de corne de rhinocéros, ainsi que pour faire diminuer la demande.
Nette hausse pour la population de rhinos du Népal
D'après le dernier recensement effectué, la population de Rhinoceros unicornis est de 752 animaux contre 645 en 2015.
Depuis 1994, tous les cinq ans, le Népal réalise un recensement pour mesurer les efforts de conservation de l’espèce, considérée comme vulnérable par l’UICN. Lors du premier décompte officiel, 466 rhinocéros avaient été quantifiés. L’an dernier, en raison de la pandémie de COVID 19, le recensement n’a pas pu avoir lieu. Cette année, en revanche, grâce à notre appui financier et technique, il a bel et bien été effectué. Plus de 250 personnes ont été mobilisées pendant près de trois semaines, couvrant l’ensemble de l’aire de répartition des rhinocéros dans le pays, notamment les parcs nationaux de Chitwan, de Parsa, de Bardia et de Shuklaphanta, ainsi que leurs zones tampons.
Les pachydermes ont été comptés selon une méthode d’observation directe, à 100 mètres de distance, à l’aide d’équipements GPS, de jumelles et de caméras. Toute une épopée mais qui en valait la peine car les résultats sont prometteurs. En tout, 752 animaux ont été identifiés contre 645 en 2015. La population de rhinocéros au Népal a donc augmenté de plus de 100 individus au cours des six dernières années, une croissance générale qui reflète les efforts de protection de l’habitat du pachyderme.