Au secours des oursons bulgares
Trois oursons viennent d’être relâchés dans les forêts bulgares après avoir repris des forces dans un sanctuaire de la vie sauvage en Grèce. Chronique d’un sauvetage hors norme, par-delà les fontières…
Entre haine et passion
Tantôt adulé, tantôt traqué, l'ours illustre l’éternelle ambiguïté des relations que l’homme entretient avec la nature.
Tantôt adulé, tantôt traqué, l'ours illustre l’éternelle ambiguïté des relations que l’homme entretient avec la nature. Dans les régions où le grand carnivore peut entrer en contact avec le bétail, les vergers, les réserves d'eau ou les poubelles, il subit avant tout les pressions du monde de l’élevage. Aujourd'hui, le territoire de l’espèce s'est considérablement réduit.
En Bulgarie, la cohabitation avec les ours se passait plutôt bien autrefois. On raconte que lorsque les grands-mères, parties faire la cueillette des champignons, croisaient le plantigrade sur leur chemin, elles le chassaient en faisant du bruit et chacun repartait de son côté. Mais en 2010, un drame survient : un touriste meurt des suites d’une attaque d’ours. L’homme se promenait seul dans la forêt lorsqu’il a accidentellement marché sur le grand carnivore endormi. Ce dernier n’attaque pas les humains, sauf s’il se sent particulièrement en danger… Cette tragédie a profondément marqué les esprits et depuis, la cohabitation avec l’ours est difficile.
Réhabiliter l'ours brun
La commission européenne s’étant clairement engagée à stopper le déclin de la biodiversité, chaque pays membre de l’Union, y compris la France, doit préserver sa population d'ours sur son territoire.
Le WWF finance depuis plus de 40 ans des actions pour protéger l’habitat de l'ours brun et accroître l’acceptation des plantigrades par les habitants, les élus du territoire et les bergers qui vivent à ses côtés. Nous menons des campagnes de sensibilisation pour réhabiliter l’animal et diffuser un message favorable à la cohabitation entre le grand carnivore et les humains.
La protection de l’ours n’est pas soumise au bon vouloir des Etats. La commission européenne s’étant clairement engagée à stopper le déclin de la biodiversité, chaque pays membre de l’Union, y compris la France, doit préserver sa population sur son territoire. C’est la loi. C’est pourquoi le WWF intervient régulièrement auprès des ministres de l’Environnement et de la Biodiversité pour la restauration d’une population viable.
Secourir par-delà les frontières
Avant d’être libérés, les animaux sont équipés d’un collier GPS fourni par le gouvernement bulgare et le WWF-Bulgarie. Cela permet de les suivre pendant un an (après quoi le collier tombe de lui-même) et de contrôler le taux de réussite des actions de relâchement.
C’est une histoire qui finit bien pour Nikola, Mihail et Aneta. Elle avait pourtant commencé de manière tragique. Il y a un peu plus d’un an, trois oursons sont retrouvés seuls dans une forêt de Bulgarie. Âgés de quelques mois à peine, l’espoir qu’ils s’en sortent est faible car si un ourson perd sa mère avant l’âge d’un an, ses chances de survie diminuent considérablement. Heureusement, les trois orphelins ont croisé la route des équipes du WWF et de leurs partenaires locaux. Ces derniers, après leur avoir prodigué les premiers soins, ont conduit les oursons jusqu’en Grèce, au sein du sanctuaire de la vie sauvage d'Arcturos ! Sur place, pris en charge par des vétérinaires et des spécialistes des ursidés, ils ont pu reprendre des forces, avant d'être relâchés, quelques mois plus tard, dans les montagnes bulgares où ils vont contribuer à restaurer la population d'ours du pays.
Le programme affiche un taux de réussite de 100 % pour ce qui est du retour des ours en Bulgarie.
Il s’agit là d’un projet de collaboration inédit entre des experts de plusieurs pays, tous mus par le même objectif, celui de sauver les oursons en détresse !
Arcturos Wildlife Sanctuary est une ONG qui protège la faune, la flore et leurs habitats naturels en Grèce et à l'étranger depuis 1992. Le programme de réhabilitation des ours a vu le jour avec l'aide de la faculté de médecine vétérinaire de l'université Aristote de Thessalonique. En 2011, les deux premiers oursons orphelins sont sauvés. Depuis, une vingtaine d'animaux a été réhabilitée. En 2019, l’organisation décide de travailler avec le gouvernement bulgare et le WWF. Et cette approche transnationale fonctionne ! Le programme affiche un taux de réussite de 100 % pour ce qui est du retour des ours en Bulgarie.