Bienvenue aux deux oursons du Béarn
Jolie surprise dans les Pyrénées en ce début de printemps. Sorita, l’une des ourses slovènes réintroduites en 2018, vient de sortir de son hibernation accompagnée de deux petits…
Entre haine et passion
Malgré l’interdiction de la chasse à l’ours en 1962, l’ours brun reste victime d’erreurs de tirs lors d’opérations de chasse.
Emblématique, l’ours brun incarne la nature à l’état sauvage. Tantôt adulé, tantôt traqué, il illustre l’éternelle ambiguïté des relations que l’homme entretient avec la nature. Aujourd'hui, le territoire de l’ours brun s'est considérablement réduit, du moins en Europe de l'Ouest. Si en Finlande ou en Suède on peut dénombrer quelques centaines d’ours, il n’en subsiste que quelques dizaines dans les Pyrénées, une centaine dans les Monts Cantabriques en Espagne et dans les Abruzzes italiennes, à peine 30 en Autriche.
Malgré une prise de conscience, le retour de l’ours se fait très lentement sur les territoires qu’il avait désertés au siècle dernier. C’est que de nombreuses pressions pèsent sur le plantigrade. Conflits avec les éleveurs qui redoutent les attaques du prédateur sur leur troupeau, exploitation forestière et développement d’infrastructures qui empiètent sur son habitat ou encore erreurs de tirs lors d’opérations de chasse…
Redorer le blason de l'ours brun
A travers des programmes tels que « Pé Descaous » porté par le FIEP, nous lançons un message favorable à la cohabitation entre le grand carnivore et l’homme.
Le WWF finance depuis plus de 40 ans des actions pour protéger l’habitat de l'ours brun et accroître l’acceptation des plantigrades par les habitants, les élus du territoire et les bergers qui vivent avec. Une vaste campagne de sensibilisation pour réhabiliter l’animal et diffuser un message favorable à la cohabitation entre le grand carnivore et l’homme. En 2004, Cannelle, la dernière ourse femelle des Pyrénées Atlantiques est abattue par un chasseur. Depuis, le WWF intervient régulièrement auprès des ministres de l’Environnement et de la Biodiversité pour la restauration d’une population viable.
Concrètement, nous appelons l’Etat à réintroduire des femelles dans la nature, notamment dans cette région où seulement deux ours mâles subsistent, rendant impossible une reproduction. Les conditions d’acceptation sociale sont en effet réunies au niveau local. En octobre dernier, deux ourses ont été lâchées dans les Pyrénées occidentales. Quatorze ans après la mort de Cannelle, elles sont enfin là. Le gouvernement a tenu sa promesse…
La famille s'agrandit
Sorita, la mère des deux nouveaux-nés, avait été relâchée dans les Pyrénées occidentales le 5 octobre dernier.
Le WWF, ses partenaires associatifs et l’ensemble des partisans d’une cohabitation harmonieuse entre les ursidés et les hommes, sont heureux de vous annoncer la naissance de deux oursons dans le Béarn. Aperçue à la fin de son hibernation par les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), l’ourse Sorita n’est plus seule : elle se déplace désormais accompagnée de deux oursons. Des propos confirmés par la préfecture des Hautes-Pyrénées. En vérité, les spécialistes avaient relevé quelques indices laissant présager de l’heureux événement. Tout d’abord, une phase d’hyperphagie chez la mère en novembre. Puis, une sortie plutôt tardive de sa tanière.
Nous nous réjouissons de cette venue au monde, « symbole du retour de l’espèce » dans les Pyrénées occidentales. C’est la première naissance d’ursidé depuis 15 ans ! La dernière remonte à 2005 avec Cannellito, fils de l'ourse Cannelle abattue par un chasseur quelques mois après.Toutefois, nous restons prudents car l’espèce est fragile. Le taux de mortalité est de 50 % la première année de vie des oursons, soit un animal sur deux. La mère ne doit être dérangée sous aucun prétexte car la survie de ses petits dépend de sa tranquillité. Encore totalement dépendants d’elle pour se nourrir et se défendre, ils ne survivraient pas à sa disparition.