En Inde, l'espoir renaît pour le rhinocéros à une corne
Voilà de quoi nous mettre du baume au cœur pendant les fêtes de fin d'année : dans le Nord-Est indien, les efforts de conservation menés avec les habitants portent leurs fruits. Dans la zone, on ne déplore qu’un seul rhino braconné contre une quarantaine en 2014 !
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaEspèce convoitée
Le rhinocéros, deuxième plus gros mammifère terrestre après l'éléphant, est aujourd’hui l'une des espèces les plus menacées dans le monde. Outre la disparition de leur habitat, les rhinocéros sont tués massivement pour leurs cornes, vendues au marché noir asiatique, car on leur prête des vertus dans la guérison du cancer et comme aphrodisiaque.
Si le braconnage est interdit par la loi, cela n'empêche pas cette pratique fort lucrative de perdurer. Pour l’espèce, les répercussions sont dramatiques !
Selon une étude publiée il y a quelques semaines dans le Journal of People and Nature, à cause des braconniers, les cornes des rhinocéros rétrécissent ! En effet, les rhinos avec des cornes plus courtes seraient moins visés par les chasseurs. Vivant donc plus longtemps, ils se reproduiraient davantage. Mais cette nouvelle caractéristique est un réel handicap face aux prédateurs et pour trouver des partenaires, ce qui met en péril la survie de l’espèce… D’autre part, ce phénomène pourrait inciter les braconniers à intensifier leurs activités car des cornes plus petites représentent pour eux, un manque à gagner.
Mettre un terme au braconnage
Le WWF est l’une des toutes premières organisations à s’être engagée dans la lutte contre le braconnage des rhinocéros, luttant sur tous les fronts.
D’abord, combattre le braconnage en s’attaquant à l’ensemble des acteurs de la filière : braconniers évidemment mais aussi intermédiaires, exportateurs, transporteurs et consommateurs. Le WWF lutte également contre les organisations criminelles, les fausses thérapies basées sur les soi-disant vertus de la corne de rhino, la faiblesse des peines sanctionnant un commerce très lucratif. Nous nous mobilisons pour faire appliquer la loi par le renforcement de la coopération internationale, l’élaboration d’une base de données d’ADN (pour confondre les braconniers), par une meilleure capacité d’action et par un contrôle renforcé aux frontières. Nous travaillons également au renforcement des zones protégées et menons des actions de lobbying afin de stopper le commerce de bois illégal menaçant l’habitat des rhinocéros.
Des alternatives pour subsister
rhinocéros à corne unique vivent aujourd'hui dans le parc national de Kaziranga au Nord-Est de l'Inde.
Aujourd’hui, plus de 2 500 rhinocéros à corne unique vivent dans le parc national de Kaziranga au Nord-Est de l'Inde, alors que partout ailleurs l’espèce est en voie d’extinction. À l’origine de cette exception rassérenante, il y a un immense travail de sensibilisation à destination des communautés locales qu’il a fallu convaincre de renoncer à des activités illégales particulièrement lucratives. Une corne de rhinocéros se vend en moyenne 50 000 euros le kilo en Chine pour ses soi-disant vertus curatives et aphrodisiaques.
Braconnage, chasse ou encore vente de bois précieux étaient jusqu’alors les principales sources de revenus des villageois vivant aux abords du parc. Aujourd’hui, beaucoup ont su mettre en place des moyens de subsistance alternatifs qui ne nuisent ni aux forêts, ni aux espèces qu’elles abritent. “Protégeons ce qui attire les touristes”, tel est leur nouvel adage. Les uns ont opté pour l’élevage porcin, d’autres pour la couture, tissant des vêtements locaux vendus sous leur propre marque aux visiteurs du parc. Dans le village de Bohikhowa, une femme témoigne : “J'apprends aussi à coudre et à tisser à d’autres personnes dans la communauté. Aujourd’hui, mes revenus ont été multipliés par 4 !”.
Officiellement, un seul rhinocéros à corne unique a été braconné en 2022 dans le parc de Kaziranga contre une quarantaine en 2014.