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10. juillet 2020

Le mérou se porte mieux

Dans la réserve de Cerbère-Banyuls, le nombre de mérous explose. On compte plus de 600 individus contre une dizaine seulement dans les années 80. Les efforts de conservation de ces deux dernières décennies n’auront pas été vains !

Espèce en détresse

C'est le nombre de mérous pêchés en 2009.

Le corps est ovale et massif. 1m50 pour 100 Kg environ. La nageoire dorsale court sur presque toute la longueur et se termine par des épines. Avec sa lèvre épaisse et sa mâchoire proéminente, le mérou ne ressemble à aucun autre poisson, source d’émerveillement pour les marins et les plongeurs mais aussi pour les gourmets. Sa chair particulièrement goûtue est si prisée que l’espèce est aujourd’hui surpêchée

En 2009, près de 20 millions d'individus ont été capturés, soit respectivement 25 % et 1  600 % de plus qu'en 1999 et 1950. Cette industrie rapporterait chaque année plusieurs milliards de dollars. Si cette pêche excessive se poursuit au rythme actuel, près d'une espèce sur quatre sera menacée d’extinction à court ou moyen terme. Un déclin qu’une caractéristique biologique du mérou vient aggraver. En effet, si le poisson peut parfois vivre jusqu'à 50 ans, il n’acquière sa maturité sexuelle que vers l'âge de 5 ans. Il a donc de grandes chances de se faire capturer avant d'avoir eu le temps de se reproduire et par là même d'assurer la pérennité de son espèce. Par ailleurs, ces poissons ont un comportement grégaire : ils se rassemblent durant leurs périodes de reproduction. Les pêcheurs en profitent alors pour les capturer en masse en un temps record. S’ils bénéficient d’une certaine protection sur les rivages français, dans de nombreuses autres régions du monde ce n’est pas le cas.

Mérou brun

Le mérou attire pour son physique hors du commun ainsi que pour sa chair très goûtue.

Pour une pêche durable

La pêche durable représente l'un des plus grands défis du WWF.

Afin de promouvoir une exploitation responsable des ressources halieutiques, respectueuse de la planète et des hommes, le WWF agit à plusieurs niveaux. Nous plaidons auprès des gouvernements pour une bonne gouvernance des océans et une gestion des pêches responsable. Nous encourageons les États à moins subventionner les activités de pêche qui engendrent de la surcapacité et donc de la surpêche. Nous influençons aussi le marché afin de proposer aux entreprises un approvisionnement responsable. Nous les accompagnons dans l’amélioration de leurs pratiques, via les « Fisheries Improvement project » qui permettent d’améliorer les pratiques au sein des pêcheries ou encore le projet Medfish, qui vise à la promotion de la certification MSC en Méditerranée. Afin de diminuer la pression exercée sur les espèces maritimes et d’atténuer ainsi leur risque de disparition, nous avons publié un guide, consultable en ligne et téléchargeable. Via un code couleur intuitif, vert pour les espèces à favoriser, jaune pour celles à consommer modérément et rouge pour celles à éviter, notre guide aide les amateurs de poisson à diversifier leur consommation.

Mérou brun
Un chalutier aperçu dans l'Est de la mer Méditerranée
Merlu pêché au large du Chili

Si la population de mérous a fortement augmenté, il est important de continuer à réguler la pêche excessive pour maintenir leur population.

Le mérou gagne du terrain

C'est principalement grâce à la surveillance des agents de la réserve et au respect, par les habitants, de son habitat naturel que le mérou a connu ce retour significatif !

Sur les 1 200 espèces animales recensées dans la réserve naturelle de Cerbère-Banyuls, les mérous bruns sont en train de reconquérir leur territoire. Le dernier recensement effectué selon un protocole strict par un consortium de chercheurs et de plongeurs a mis en évidence le retour de l’espèce. Leur nombre a en effet augmenté de façon significative dans la zone de protection renforcée. Il pourrait dépasser les 600 individus. Ce comptage confirme l'existence d'une population de mérous importante localisée au large du Cap L'Abeille, une zone qui pourrait être identifiée comme une nouvelle aire de reproduction. L’opération met également en exergue l’intérêt des aires marines protégées. En effet, seuls deux mérous bruns ont été repérés à l’extérieur de la réserve où l’on estime que la population est inférieure à une douzaine d’individus. Si l’espèce se rétablit dans la zone protégée, c’est aux moratoires successifs qu’on le doit, mais aussi à la surveillance efficace des agents de la réserve et à la sensibilisation des plaisanciers et des habitants qui respectent mieux leur habitat naturel.  

Le mérou brun se nourrit principalement de céphalopodes (seiches, poulpes, calmars), de crustacés et de poissons. C’est un prédateur en bout de chaîne alimentaire qui régule l’état sanitaire des populations marines. Quand le mérou va bien, le reste de l’écosystème aussi !

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