Lueur d’espoir pour l’ours polaire
Un peu plus gros, un peu plus nombreux, les ours blancs du Canada se portent mieux. Probablement temporaire, cette amélioration fait tout de même chaud au cœur parmi le déluge de nouvelles catastrophiques en lien avec la crise climatique.
Seigneur de la banquise
La banquise, habitat privilégié de l'ours polaire (Ursus maritimus), décroît d'environ 13,4% par décennie.
Icône charismatique de l’environnement arctique, l’ours polaire est le plus grand carnivore terrestre au monde.
Son nom latin, Ursus maritimus, signifie « ours de la mer ». Un nom approprié pour ce géant qui passe l’essentiel de sa vie sur la banquise. Cette dernière lui est vitale, car c’est à la fois son lieu de chasse, de repos et de reproduction. Pourtant, en raison du réchauffement climatique, elle décroît d'environ 13,4% par décennie. Cette fonte des glaces raccourcit la période de chasse de l’ours blanc, d’où l'allongement de son jeûne et un état de santé qui décline. Or, des animaux fragilisés peuvent présenter des taux de reproduction plus faibles - qui conduisent eux-mêmes à une raréfaction de l'espèce au niveau local.
Des scientifiques ont démontré que la cause principale de mortalité chez les oursons était le manque de nourriture, et notamment un lait trop pauvre en graisse. À cela, s’ajoutent des cas de cannibalisme des grands mâles qui s’attaquent aux oursons en période de disette. Enfin, la glace, moins épaisse, peut dériver au gré des vents et courants, emportant les ours en pleine mer. Les animaux doivent alors s’épuiser à nager pour trouver des plaques de glace plus hospitalières ou regagner la terre ferme. À ce rythme là, d’ici le milieu du 21ème siècle, l’habitat estival de l'ours polaire se sera contracté de plus de 40%, faisant diminuer sa population de plus de deux tiers.
Maintenir le réchauffement en dessous des 1,5 C°
Les plus anciennes actions de conservation du WWF pour l'ours polaire (Ursus maritimus) remontent à 1972.
L’ours polaire, créature majestueuse du Grand Nord, est depuis longtemps au cœur de nos actions, dont les plus anciennes ont été initiées dès 1972. Dans notre stratégie globale de conservation, la lutte contre le dérèglement climatique est l’un de nos sujets prioritaires.
Nous nous engageons en faveur de la création d’espaces protégés pour préserver l’ours blanc et son habitat : identifier et protéger les zones clés de l’habitat des ours polaires (zones de nourrissage, tanières, routes migratoires) et plaider pour leur protection.
Par ailleurs, nous soutenons différents projets de recherche au profit de l’ours polaire afin d’optimiser les actions de conservation relatives à l’espèce et nous engageons contre les dangers provoqués par l’exploitation du pétrole et du gaz et la navigation en Arctique.
Enfin, nous travaillons avec les communautés locales pour prévenir les conflits entre les ours blancs et les humains et créer ensemble des opportunités de développement durable.
Le WWF agit mondialement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale en-dessous des 1,5°C d’ici la fin du siècle - seuil à ne pas dépasser pour la survie des populations vulnérables et le maintien des écosystèmes.
Plus gros et plus nombreux
La première sous-population d'ours polaires (Ursus maritimus) du chenal M'Clintock et du golfe de Boothia est passée de 325 ours à la fin des années 1990 à 716 aujourd’hui.
Les ours polaires de certaines régions du Canada reprennent du poids et leur nombre s’accroît. C’est ce qu'indiquent, en tout cas, de nouveaux relevés portant sur les deux sous-populations du chenal M’Clintock et du golfe de Boothia. La première sous-population est passée de 325 ours à la fin des années 1990 à 716 aujourd’hui, tandis que la seconde est demeurée plus stable à environ 1500 ours.
Pas de doute, c’est bien aux actions de conservation locales que les grands carnivores du chenal M’Clintock doivent cette amélioration de leur condition. Les animaux y sont cogérés par les gouvernements et les communautés inuites qui ont accepté de restreindre leurs prélèvements pendant quelques années, dans le respect de leurs droits et de leurs traditions. Mais les scientifiques pensent que les ours du chenal M’Clintok et du golfe de Boothia sont aussi en meilleure forme à cause de la banquise maintenant plus mince. La vieille banquise est remplacée par de la glace qui fond et se régénère chaque année. Cette ouverture de l’océan signifie qu’il a une plus grande productivité : plus d’algues, de zooplancton, de poissons et de phoques, soit de meilleures possibilités de chasse fructueuse pour l’ours polaire.
Mais ne nous réjouissons pas trop vite. D’après les experts, cette remontée n’est que temporaire. En septembre 2020, la banquise a atteint sa seconde plus petite surface de l’histoire documentée. Si la réduction de la banquise a conduit, dans cette partie de l’Arctique, à une plus grande abondance de nourriture pour les ours polaires, cela signifie également que ces sous-populations perdent leur plateforme permanente d’où elles chassaient toute l’année durant. Des estimations récentes suggèrent que l’Arctique connaîtra des étés sans glace dès 2030. Bien entendu, un tel changement aurait des impacts monumentaux sur les écosystèmes marins arctiques, y compris sur les ours polaires.