Retour
28. mars 2025

Pour les tortues d'équateur, l'horizon s'éclaircit

En Équateur, depuis près de 30 ans, la communauté indigène Cofán de Zábalo protège les tortues de rivière. Avec l’aide du WWF, elle a sauvegardé plus de 105 000 tortues à taches jaunes.
 

Une cible sans défense

Les tortues peuplent la terre depuis plus de 200 millions d’années.

Les tortues peuplent la terre depuis plus de 200 millions d’années. Elles ont traversé les âges, survécu aux dinosaures et résisté aux bouleversements climatiques. Pourtant, après avoir surmonté tant d’épreuves, partout dans le monde, leurs effectifs sont en baisse. En cause : le braconnage des adultes et la collecte des œufs destinés à la consommation. Dans certains pays, les jeunes tortues sont capturées, empaillées et vendues comme souvenirs aux touristes. Leurs œufs, perçus comme aphrodisiaques, sont consommés crus ou proposés comme encas dans les bars et restaurants. Bien que de nombreuses législations visent à protéger ces reptiles, le commerce illégal de leur chair et de leur carapace prospère toujours. D’autant que, cercle vicieux, les espèces en danger critique d’extinction peuvent devenir les plus recherchées, leur rareté leur donnant encore plus de valeur sur le marché ! Lentes, particulièrement pacifistes et donc faciles à capturer, les tortues figurent sans doute aujourd’hui parmi les espèces les plus persécutées…

Éradiquer le braconnage

Le WWF soutien l’application stricte des lois sur le commerce des espèces sauvages, tout en contribuant à la formation et à l’équipement des patrouilles de surveillance.

Collaborer avec les gouvernements et les autorités de régulation est essentiel pour garantir une application plus efficace des lois et réglementations en vigueur. Cela permet également de créer de nouvelles zones protégées pour les espèces menacées et d’améliorer la gestion de celles qui existent déjà. C’est pourquoi nous soutenons l’application stricte des lois sur le commerce des espèces sauvages, tout en contribuant à la formation et à l’équipement des patrouilles de surveillance. Parallèlement, nous menons des actions de plaidoyer auprès des gouvernements afin qu’ils adoptent des stratégies de conservation à l’échelle nationale et internationale, et soutenons la mise en œuvre de la CITES. Nous travaillons également au développement d’alternatives économiques durables, afin que les communautés locales ne dépendent plus des produits issus des tortues pour leurs revenus.

Tortue de rivière à tâches jaunes prenant le soleil. Tambopata, Madre de Dios, Pérou.
Fleuve Amazone, Cuyabeno, Équateur.
Papillons et tortue de rivière à points jaunes (Unifilis Podocnemididae Podocnemis). Réserve nationale de Tambopata, bassin amazonien péruvien. Pérou.

Tortues de rivière à points jaunes (Podocnemis Unifilis) et Fleuve Amazone, Cuyabeno, Équateur.

Plus de 100 000 tortues sauvées

De 180 nids répertoriés annuellement à la fin des années 1980, on dépasse aujourd’hui les 1 000. En tout, 105 174 bébés tortues ont vu le jour grâce à ces efforts.

Dans le réserve de Cuyabeno, en Équateur, chaque matin, juste avant l’aube, des petits groupes engagés dans la préservation des tortues de l’Amazone à taches jaunes (Podocnemis unifilis) arpentent les plages pour repérer de nouveaux nids. Légèrement modifié, le sable trahit la présence récente d’une tortue venue pondre. Une fois les nids identifiés, la communauté décide de leur sort : certains seront protégés dans le cadre du programme de conservation, d’autres seront prélevés pour la consommation locale. Depuis des générations, les œufs de tortue constituent une ressource alimentaire essentielle pour les habitants. Mais face à la menace pesant sur l’espèce, un compromis a été trouvé : limiter le prélèvement à 50 % des œufs, tout en veillant à la préservation du reste. Cette approche porte ses fruits. Le taux d’éclosion atteint 81 %, un succès confirmé par une étude publiée en 2023 dans la Revista Latinoamericana de Herpetología. De 180 nids répertoriés annuellement à la fin des années 1980, on dépasse aujourd’hui les 1 000. En tout, 105 174 bébés tortues ont vu le jour grâce à ces efforts.

Tortues de l'Amazone à Tâches Jaune. Dans la réserve naturelle de La Pedregoza, bébés tortues sauvés des chasseurs.
Le garde forestier Hugo avec une tortue de rivière à taches jaunes (Podocnemus unifilis) récemment née sur une plage le long de la rivière Manu.

Bébés Tortues de l'Amazone à tâches jaunes / Le garde forestier Hugo avec une tortue de rivière à tâches jaunes.

Pour ne manquer aucune de nos actualités, inscrivez-vous à notre newsletter :

C’est dans les années 1980, que la communauté Cofán de Zábalo a pris conscience du déclin critique des tortues de rivière. Autrefois abondantes, elles disparaissent sous l’effet d’une collecte intensive d’œufs et d’une chasse excessive, non seulement pour la subsistance locale mais aussi pour le commerce illégal. En 1989, les Cofán interdisent alors leur consommation. Mais sans effet, car les communautés voisines continuent l’exploitation. Constatant que l’interdiction ne suffit pas, avec le soutien du WWF, ils débutent en 1991 un programme de relocalisation des nids vers des plages protégées. Dès la première année, plus de 200 tortues sont relâchées. Le programme s’étend ensuite avec la création de plages et de bassins artificiels. Aujourd’hui, cette gestion communautaire a permis de restaurer les populations locales et d’inspirer d’autres initiatives en Amazonie équatorienne, prouvant que les communautés locales sont des acteurs essentiels de la conservation.

voir tous les "Effet Panda"

Jeunes tortues luth (Dermochelys coriacea) se précipitant vers la mer (Guyane)

Ensemble, agissons

Le WWF œuvre à la conservation des espèces menacées sur tous les continents. Aidez-nous à poursuivre nos actions au plus près du terrain.

Votre don est notre force.