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13. juillet 2022

Trêve entre l’Homme et le loup

L’OFB - Office Français de la Biodiversité - vient de dévoiler des chiffres encourageants. Tandis que le nombre de loups a augmenté sur notre territoire, le nombre d’attaques du canidé sur les troupeaux domestiques a, lui, baissé. Serions-nous sur la voie de la réconciliation ?

Une réputation usurpée

La dernière situation d’attaque d'un loup sur l'homme en France.

Dans les contes pour enfants, il est le « grand méchant loup », qui dévore les hommes juste par plaisir. Dans la réalité, l’animal est une espèce aussi craintive que discrète. En France, la dernière situation d’attaque d'un loup sur l'homme date de 1918. Il s'agissait d'un animal enragé.



Contrairement à une idée largement répandue, le loup n’a pas été réintroduit dans l’hexagone. Après avoir été éradiqué dans les années 30, il est revenu naturellement au début des années 90 en traversant la frontière italienne. Mais ce retour spontané ne réjouit pas tout le monde. Les éleveurs et les chasseurs, notamment, doivent réapprendre à vivre avec le risque de prédation du grand carnivore sur le bétail et sur le gibier car l’animal, lorsqu’il ne parvient pas à se nourrir de proies sauvages, telles que les ongulés, ses cibles dominantes, peut être conduit à s'en prendre au bétail domestique, ce qui hélas, est la source de nombreux conflits avec les hommes. 



En 2019, pas moins de 98 loups ont été abattus en France, selon les chiffres de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement Auvergne Rhône-Alpes, chargée de la mission loup pour tout le territoire français. Comme tous les grands carnivores, le loup est inscrit sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN en France.

Canis lupus

Réhabiliter le loup

Pour donner au canidé une chance de se réinstaller durablement dans nos régions, la bataille est avant tout idéologique. Partout dans le monde où l’Homme et le loup sont en conflit, le WWF développe des programmes et mène des campagnes de sensibilisation pour parvenir à une cohabitation apaisée entre les grands carnivores et les activités humaines, en particulier l'élevage. Depuis plus de 15 ans, le WWF finance des actions pour aider les bergers à faire face aux attaques de loups : renforcement de la présence humaine aux côtés des troupeaux, recours aux chiens de protection ou installation de clôtures appropriées.

En 2021, dans le cadre du programme “Entre chien et loup”, nous avons lancé un chantier d’aménagement pastoral. Sur l’alpage de Blaitière, dans la vallée de Chamonix, en Haute-Savoie, une équipe de bénévoles a pris part à la construction d’une bergerie en dur à 2200 m d’altitude. Le bâtiment permettra aux éleveurs de rentrer leur troupeau le soir afin de le protéger des attaques de loup. En parallèle, des actions de médiation ont été menées auprès des touristes dans la zone. Pendant plusieurs jours, des bénévoles sont partis à la rencontre des vacanciers afin de les informer sur le pastoralisme, le loup et les moyens de protection. L’objectif : faciliter la cohabitation entre les éleveurs, les loups… et les usagers de la montagne !

 

Canis lupus
Canis lupus
Canis lupus

Vers l’armistice?

On estime que l’hexagone abriterait à ce jour 920 loups

Le 28 juin dernier, l’État a dressé son tout dernier bilan du suivi de la population de loups en France, révélant une expansion, tant numérique que géographique, de l’espèce. On estime que l’hexagone abriterait à ce jour 920 loups. Or, cette bonne nouvelle se double d’une autre : en 2021, le nombre d’attaques sur les troupeaux a diminué pour la première fois, de même que le nombre de victimes (bétail), déjà en baisse en 2020. Les prédations, comme les dommages, se retrouvent ainsi à leur plus bas niveau depuis 2018.

A l’heure où une centaine d’espèces s’éteint chaque jour, l’annonce est encourageante. D’une part, le loup fait partie de notre patrimoine naturel et culturel. En ce sens, il constitue une espèce emblématique à sauvegarder. D’autre part, le loup est une espèce « parapluie », dont la protection permet la conservation d’un grand nombre d’autres espèces, compte tenu de l’étendue de son territoire et de ses exigences écologiques. Maintenir une population de loup viable sur notre sol c’est donc protéger un territoire très étendu et c’est aussi protéger la plus longue chaîne alimentaire puisque le canidé, super-prédateur, est au sommet de la chaîne trophique. Comme tous les grands carnivores, le loup est  un indicateur fiable de l’état de santé de l’environnement. Il est le premier à disparaître lorsqu’il y a un déséquilibre. Sa présence est donc la preuve d’un environnement riche et diversifié.

Si le nombre de dégâts à déplorer sur le bétail a baissé, c’est grâce aux efforts déployés par les éleveurs pour mettre en place des moyens de protection et à l’implication de l’Etat pour la bonne mise en œuvre de ceux-ci. Par contraste, les territoires de nouvelle colonisation, où aucun système de défense n’a été érigé, connaissent une augmentation des dommages causés par l’animal. Un constat qui doit encourager le gouvernement à renforcer l’accompagnement des éleveurs pour permettre, enfin, une cohabitation paisible avec le grand prédateur.

Tous les “Effet Panda”

Canis lupus
Canis lupus

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