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27. mai 2022

Une appli pour contrer le braconnage

L’application mobile SEE Shell permet de distinguer les vraies écailles des fausses. En lançant l’alerte sur le commerce illégal d’espèces protégées, elle pourrait bien révolutionner la lutte contre le braconnage des tortues marines…

La technologie à la rescousse du vivant

Cette application a un degré de précision proche de 95%.

Utiliser l’intelligence artificielle pour protéger la biodiversité ? C’est l’idée de l’association SEE Turtles. Créée par des biologistes et soutenue par le WWF, l'application nommée SEE Shell a recours à la reconnaissance d'images, sous catégorie de la computer vision (vision par ordinateur), pour déterminer si un produit est fabriqué à partir de la carapace d'une tortue imbriquée.

L'algorithme est capable de déterminer avec un degré de précision proche de 95% si un objet présentant un motif d’écailles de tortue est un vrai ou un faux. Une véritable prouesse car si les experts sont suffisamment entrainés pour voir la différence à l’oeil nu, ce n’est ni le cas des touristes, lorsqu’ils achètent des produits potentiellement dérivés d’animaux sauvages, pourtant interdits à la vente, ni des forces de l’ordre, en charge d’intercepter ces mêmes produits à la douane. Parce qu'il peut être très difficile de distinguer ces produits, les détaillants et les acheteurs contribuent souvent involontairement au massacre des tortues imbriquées.

Téléchargeable sur l’App Store d’Apple ou sur Google Play, et donc accessible à quiconque, l’application permet ainsi de lancer l’alerte sur le commerce illégal en mettant à contribution consommateurs responsables et agents des douanes. Cette base de données collaborative devrait également permettre de comprendre les schémas commerciaux à travers le monde. En effet, toutes les images sont centralisées dans une base de données privée, avec des coordonnées GPS pour chacune d’entre elles, ce qui permet à SEE Turtles de repérer quels sont les lieux privilégiés des ventes illicites.

Cette technologie de reconnaissance visuelle pourrait être adaptée afin de contribuer à la lutte contre le braconnage d’autres espèces sauvages. Lorsque l’on sait que toutes les demi-heures, un éléphant est victime du braconnage pour le commerce de ses défenses, on se dit que la capacité à reconnaître en un instant de l’authentique ivoire serait particulièrement utile…

 

Une espèce très convoitée

En 100 ans, la tortue marine a perdu 80% de ses effectifs. 

Sa carapace se compose de grosses écailles qui s'entremêlent les unes avec les autres comme des tuiles, ce qui lui vaut son nom de « tortue imbriquée ». 

Des fragments d’écailles appartenant à cette espèce ont d’ailleurs été retrouvés dans des tombes égyptiennes ou dans les ruines de la Dynastie Han qui gouvernait la Chine il y a près de 2000 ans.

Du fait de sa solidité et de son fascinant éventail de couches translucides brunes et ambrées, l’écaille de cette tortue est en effet utilisée depuis des siècles pour fabriquer toutes sortes d’objets, des bijoux aux meubles d’art, en passant par la vaisselle, les peignes ou les lunettes. Mais c’est au cours du siècle dernier que le phénomène s’est accéléré, engendrant le déclin brutal de l’espèce. En 100 ans, cette dernière a perdu plus de 80 % de ses effectifs, ce qui fait d’elle l’un des reptiles les plus menacés de la planète. Bien qu’interdites, les ventes d’écailles de tortue sur le marché noir persistent dans au moins quarante pays, principalement en Amérique centrale et en Asie du Sud-Est. 

En juillet 2017, près d’une demi-tonne d’écailles de Eretmochelys imbricata a été saisie à l’aéroport de Roissy. C’est l’équivalent d’environ 380 tortues ! La marchandise illicite d’une valeur de 300 000 euros était destinée au marché vietnamien.

Une jeune tortue marine marche sur le sable, Kenya

Sauver les tortues marines

Protéger et restaurer l’habitat des tortues marines, doyennes de l’humanité, endiguer la chasse et le braconnage et lutter contre les captures accidentelles, telles sont nos priorités. Le WWF œuvre dans le monde entier pour la création de zones marines protégées. Dans de nombreux pays, nous finançons les patrouilles chargées de protéger les  nids de tortues et encourageons les gouvernements à renforcer leur législation pour la protection des espèces marines. 

En parallèle, nous menons des actions de plaidoyer auprès des gouvernements afin de les inciter à mettre en œuvre des politiques de conservation nationales et transnationales efficaces. Nous apportons également notre appui à la mise en œuvre de la CITES. Nous travaillons notamment au développement de moyens de subsistance alternatifs pour que les revenus des habitants ne dépendent plus des produits dérivés des tortues. Avec TRAFFIC (réseau international de surveillance du commerce des espèces), nous menons des campagnes de sensibilisation pour convaincre les consommateurs de renoncer à acheter des produits dérivés d’espèces menacées.

Jeunes tortues luth (Dermochelys coriacea) se précipitant vers la mer (Guyane)

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