Une clôture érigée pour sauver la biodiversité
L’Australie est en train de construire une clôture de 23 km de long pour mettre ses espèces sauvages à l’abri de la prédation des espèces introduites.
Le fléau des espèces invasives
Sur 29 espèces de mammifères, seulement 2 subsistent dans la péninsule.
Le relief rouge et accidenté de son arrière-pays, son littoral spectaculaire, ses vignobles de renommée mondiale et ses cités historiques : l’Australie méridionale éblouit. Au nord-ouest d’Adélaïde, sa capitale, se trouve la péninsule de Yorke. En forme de botte dont le pied situé au sud est orienté vers l'ouest, elle mesure près de 200 km de haut sur une largeur moyenne de 50 km. Caractérisée par une nature sauvage extrême, il y a quelques décennies, la presqu’île abritait 29 espèces de mammifères. Aujourd’hui, il n’en subsiste plus que deux. Ce terrible déclin a été principalement causé par le développement d’une agriculture intensive, l’exploitation minière industrielle et l’introduction massive de prédateurs, notamment les chats et les renards. Les espèces locales, qui n’avaient jusqu’alors pas d’ennemis naturels, se sont soudainement retrouvées en compétition pour se nourrir, lorsqu’elles ne servaient pas elles-même de nourriture aux intrus ! Cela fait plus de 40 ans que l’Australie est confrontée à cette crise d’extinction majeure. Mais depuis, le rythme de disparition des espèces s’accélère.
Freiner l’érosion du vivant
L'Australie détient le taux d'extinction de mammifères le plus élevé au monde.
Pays du kangourou, de l'ornithorynque et du koala, l’Australie héberge des mammifères particulièrement emblématiques. Malheureusement c’est aussi l’endroit où le taux d’extinction des mammifères est le plus élevé. Face à ce fléau, le WWF riposte. Protéger les espèces, c’est avant tout préserver leur habitat naturel. C’est pourquoi, nous faisons barrage aux projets de développement qui empiètent sur leur espace vital. Nous menons également des campagnes de sensibilisation auprès des communautés riveraines pour leur faire prendre conscience des services écologiques rendus par les marsupiaux, et donc de la nécessité de s’impliquer dans leur protection. Avec les organisations locales, nous effectuons des recensements pour évaluer l’état des populations et nous mettons sur pied des projets de « translocation » - nous réintroduisons des animaux dans leur milieu naturel pour permettre aux colonies existantes de s’étoffer. Via la « coalition des espèces menacées », nous prenons part à différents projets visant à lutter contre les feux, à renforcer la surveillance des populations d’espèces endémiques, à mieux réguler les prédateurs ou encore à améliorer la cohabitation entre les propriétaires terriens et les marsupiaux.
Un refuge pour les espèces locales
Une clôture pour préserver les espèces sauvages indigènes sur 130 000 hectares.
Face à la prolifération des chats et des renards, l’Australie a lancé un immense chantier auquel le WWF s’est associé. Une clôture infranchissable par les deux prédateurs viendra bientôt ceinturer une zone de plus de 130 000 hectares où les espèces sauvages indigènes seront à l’abri. Puis, peu à peu, des espèces disparues seront réintroduites dans la zone.
Le Woylie, en français « La Bettongie à queue touffue » est le premier sur la liste. Sorte de kangourou miniature, ce marsupial très rare joue un rôle fondamental pour l’écosystème. En fouillant parmi les racines des arbres à la recherche de champignons souterrains, le mammifère renverse nos sols anciens, ce qui contribue à répandre des graines et des spores fongiques et favorise la croissance des plantes à fruits et à coques, ainsi que l’infiltration de l’eau. Chaque année, il ramasse jusqu’à quatre tonnes de terre, rendant ainsi de nombreux services écologiques à son milieu par inadvertance… et toute la logique de cet ambitieux projet de conservation est là !
Il ne vise pas à réintroduire une espèce menacée dans son ancienne aire de répartition mais plusieurs, partant du principe que chaque composant d’un écosystème interconnecté a une influence sur tous les autres et contribue, donc, à son niveau, à freiner l’extinction. Au cours des cinq prochaines années, une vingtaine d’espèces menacées, dont certaines n’ont pas été observées depuis plus de 100 ans seront réintroduites dans la zone.