Le Cerrado
Cerrado : la savane brésilienne
S’il couvre plus de 20% du territoire du Brésil, le Cerrado ne dispose pas de la notoriété de la savane africaine ou de la jungle indienne. Pourtant, ses prairies arborées recouvraient autrefois une superficie égale à la moitié de celle de l’Europe. Malheureusement, les habitats indigènes et la richesse de sa biodiversité se dégradent plus rapidement que celle de la forêt d’Amazonie.
Le Cerrado abrite près de 5% de la biodiversité mondiale. C’est au cœur de cette savane arborée que pousse l’emblématique arbre Piuva, un arbre qui, à la saison sèche, ne conserve que ses fleurs roses. Plus de 1 500 espèces animales endémiques ont été recensées dans la région parmi lesquelles le célèbre loup à crinière ou d’autres mammifères comme le tatou et le fourmilier géant mais également quelque 800 espèces d’oiseaux, à l’image de l’arara et du toucan, et d’innombrables poissons, amphibiens, reptiles, insectes etc. Parmi les quelques 11 000 espèces de plantes, près de la moitié ne se trouvent que dans le Cerrado, et beaucoup sont utilisées pour la nourriture, la médecine et l'artisanat. Le Cerrado est également un territoire décisif pour les ressources en eau car huit des douze grands bassins hydrographiques du Brésil possèdent des sources dans la région, dont le Pantanal, la plus grande zone humide au monde.
Neuf Brésiliens sur dix utilisent de l’électricité générée par l’eau du Cerrado. La région renferme également une réserve de carbone conséquente grâce aux racines profondes des petits arbres. Environ 70% de la biomasse de cette « forêt renversée » est souterraine. Des études récentes suggèrent même qu'elle pourrait contenir environ 265 tonnes de carbone par hectare.
La surexploitation des ressources menace la survie du Cerrado
Seuls 20% de la végétation d'origine du Cerrado est encore intacte et moins de 3% de sa superficie est actuellement protégée par la loi. Entre juillet 2013 et août 2015, le biome a perdu 18 962 km², une superficie égale à 12 fois celle de Londres, et les zones restantes se trouvent très fragmentées. Le Cerrado est l'une des régions les plus surexploitées et menacées du Brésil, notamment en raison des activités humaines agricoles et industrielles.
Culture du soja et élevage bovin
Les émissions annuelles de CO2 provenant de la conversion du Cerrado en parcelles agricoles atteignent environ 250 millions de tonnes, ce qui équivaut à la moitié des émissions du Royaume-Uni. Le développement effréné des cultures de soja menace la biodiversité. Le Cerrado recouvrait autrefois plus de 200 millions d'hectares, mais près de la moitié de sa végétation naturelle a été détruite depuis la fin des années 1950. Si la tendance se poursuit, l'écosystème naturel du Cerrado pourrait pratiquement disparaître au cours des trois prochaines décennies.
En raison de sa taille et de ses pratiques, l’élevage bovin participe de manière non négligeable aux émissions de gaz à effet de serre (GES) du Brésil. Il compte près de deux cent millions de têtes et est majoritairement de type extensif. De plus, l’expansion de l’élevage bovin extensif en Amazonie et dans le Cerrado s’accompagne du brûlis de parcelles forestières pour implanter du pâturage, ce qui se traduit par des émissions supplémentaires de GES.
Urbanisation et industrialisation
Avec la construction de nouveaux centres urbains comme Goiania et Brasilia, des mesures incitatives officielles ont conduit au développement d'infrastructures et à la création de nouvelles zones agricoles dans le cadre de la politique gouvernementale appelée « Révolution verte ». Le soutien gouvernemental et le développement des technologies agricoles ont abouti à ce que plus de 40% du biome (environ 850 000 km²) soit maintenant occupé par des pâturages et des cultures commerciales.
Exploitation d’énergies fossiles
La moitié de la production annuelle de charbon (dix millions de tonnes) utilisée dans la fabrication d'acier, provient de la végétation indigène du Cerrado. Cette exploitation intense et non durable a provoqué la transformation généralisée de la nature du Cerrado au cours des dernières décennies.
Déboisement
Le déboisement légal est le principal responsable de la destruction du Cerrado. La loi brésilienne permet actuellement de déboiser huit hectares de forêt sur dix au sein des propriétés rurales situées dans le biome du Cerrado, tandis qu’en Amazonie, le rapport est inversé et huit hectares sur dix doivent être préservés. Ainsi, plus de la moitié de la végétation d'origine a été détruite pour faire place à de vastes cultures, à des terrains d'élevage de bétail, à des activités génératrices d'énergie et à d'autres projets d'infrastructure.
Que fait le WWF dans la région du Cerrado ?
Le WWF travaille à la conservation de cet environnement unique, considéré comme l'un des points chauds de la biodiversité dans le monde, mais dont moins de 3% du territoire a été placé sous protection juridique.
Nous avons contribué à la création de l'un des parcs nationaux les plus célèbres du centre du Brésil, le parc national de la Chapada dos Veadeiros, aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
D'autres travaux de conservation sont menés dans la région parmi lesquels un projet d'écotourisme communautaire qui a permis à des mineurs d'être formés pour devenir guides touristiques, des projets de protection des espaces d’eau douce ou des actions de sensibilisation aux enjeux environnementaux.
Le programme Cerrado-Pantanal, que nous portons, vise à promouvoir la conservation de la biodiversité par la création et la mise en place de zones protégées, la préservation des espèces et la promotion du développement durable et des activités économiques à faible impact environnemental.
Le WWF est également actif dans le cadre de la Table Ronde internationale pour le Soja Responsable (RTRS) qui favorise la production et l’utilisation soutenables du soja, en particulier dans le Cerrado.
Le 25 octobre 2017, 23 des plus grandes entreprises alimentaires mondiales se sont engagées à mettre fin la déforestation dans la région. Leur déclaration s’appuie sur les engagements existants visant à protéger l’Amazonie et d’autres forêts. Ce nouvel engagement a été inspiré par le Manifeste pour le Cerrado, élaboré conjointement par le WWF et Greenpeace au Brésil, et signé en septembre 2017 par 60 chercheurs brésiliens et organisations sociales et environnementales.
Bonne nouvelle du réseau
Parce que notre travail n'est jamais vraiment terminé, on peut parfois oublier de célébrer nos victoires. Pourtant, quel que soit le projet, chaque avancée, même infime, demeure essentielle. C'est pourquoi nous prenons le temps de s’attarder sur une bonne nouvelle, un succès, un répit, pour mieux reprendre le combat ensuite.
Agissez avec le WWF
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