Esturgeons
Esturgeons : dinosaures des rivières
Les esturgeons peuplent notre planète depuis plus de 250 millions d’années. Véritables animaux préhistoriques, ils font partie du groupe des poissons cartilagineux et regroupent pas moins de 25 espèces.
Appartenant à l’une des plus anciennes familles de poissons osseux en vie, les esturgeons sont présents dans les eaux douces des rivières, lacs et littoraux subtropicaux, tempérés et subarctiques de l'hémisphère nord uniquement (Eurasie et Amérique du Nord). Peu d’entre eux s’aventurent au-delà des zones côtières.
Les esturgeons sont reconnaissables grâce à leur corps allongé et pointu aux deux extrémités, leur tête en forme de bec, l’absence d’écailles et leur proportion hors-norme ; il n’est pas rare de rencontrer des esturgeons de 2 à 3,5 mètres et des bélugas de 5 mètres.
Bien qu'ils appartiennent à la super-classe des Octeichthyes (poissons osseux), les esturgeons ont un squelette principalement cartilagineux, caractéristique de la sous-classe des chondrostéens. Leur corps est recouvert de 5 rangées de plaques osseuses appelées « scutelles ». Ils ont également quatre barbillons tactiles qui précèdent leur bouche édentée, ainsi qu'un lobe supérieur allongé à leur nageoire caudale.
Les esturgeons mènent une vie solitaire et ne vivent en groupe qu’au moment de la reproduction, qui a lieu à l’endroit où ils sont nés.
L’homme, son principal prédateur
Bien qu’ils aient survécus des millions d’années sur Terre, les esturgeons sont actuellement « plus gravement menacés que n’importe quel autre groupe d’espèces » (UICN). On estime que le nombre d’esturgeons présents dans les principaux bassins a diminué de 70% au cours du dernier siècle. En cause ? La surpêche, le commerce – lucratif – du caviar, le braconnage, la pollution de l’eau, mais aussi de la destruction des cours d’eau et des habitats naturels.
Surpêche
La régulation du débit des rivières ainsi que la surpêche sont les raisons principales du déclin de la population des esturgeons. Leur maturité sexuelle tardive (entre 6 et 25 ans) les rend particulièrement vulnérables. Dans les années 90, une vague sans précédent de prise illégale a décimé les populations d’esturgeons. Rien que dans le bassin de la Volga / mer Caspienne, les activités de braconnage sont 10 à 12 fois supérieures aux limites légales. La même situation a lieu sur le fleuve Amour.
La récolte et le commerce illégal de produits à base d’esturgeons s’avèrent être un commerce lucratif, contrôlé par les crimes organisés, et en lien avec la corruption mondiale.
Commerce légal et illégal de caviar
La pêche légale, hautement contrôlée, ne suffit pas à couvrir la demande. Le trafic est donc florissant et menace des espèces déjà décimées. Une grande partie des esturgeons capturés à l’état sauvage le sont en mer Caspienne.
De nos jours, l’Iran et la Russie sont les principaux exportateurs de caviars, dont 80% des sources proviennent de trois espèces de la mer Caspienne : l’esturgeon russe, l’esturgeon étoilé et l’esturgeon perse.
Il y a 15 ans déjà, le commerce légal international dépassait les 220 tonnes de caviars. Parmi ces pays, l’Iran, la Russie et le Kazakhstan constituaient les exportateurs les plus importants de caviars ; la Suisse, la France et l’Allemagne étaient eux les plus gros importateurs.
Bien qu’a priori « durables », il s’avère nécessaire d’établir des quotas officiels en prenant compte du niveau élevé des récoltes et ventes illégales.
Pollution des rivières
La pollution des rivières et plus particulièrement la pollution des aires de reproduction des esturgeons, les frayères, impactent sérieusement les populations. Les scientifiques russes ont découvert des malformations dans les œufs et ont pu observer chez les individus adultes des tumeurs ainsi que des maladies hépatiques, thyroïdiennes et musculaires. Cela peut avoir des conséquences sur la survie des espèces et la qualité du caviar, soulignant la nécessité de contrôler la pollution.
Destruction des habitats
L’esturgeon souffre également de la destruction de son habitat, résultant de la construction de barrages ou de la correction de cours d’eau. Les obstacles mis en place par l’homme le long des rivières reproductrices perturbent les routes migratoires et entravent l’accès aux sites de reproduction.
De ce fait, la reproduction de certaines espèces d’esturgeons dépend désormais fortement des écloseries piscicoles. Environ 90% du repeuplement de la population des bélugas dépend actuellement de l’élevage artificiel.
Que fait le WWF pour les esturgeons ?
Le WWF œuvre pour attirer l’attention sur le risque d’extinction des esturgeons et promeut une gestion durable des espèces. Notre objectif ? Préserver les esturgeons à l’état sauvage.
Nous luttons contre le braconnage et le trafic de caviar en collaboration avec TRAFFIC, programme commun de protection des espèces du WWF et de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).
Le WWF et TRAFFIC ont apporté leur soutien à la mise en place d’un système d’étiquetage indiquant l’origine et la provenance du caviar. Ce système rend le commerce plus transparent, puisqu’il permet aux consommateurs de déterminer où l’esturgeon a vécu, si le caviar a été récolté légalement et où il a été conditionné.
Le WWF gère d’autres projets visant la préservation de l’habitat des esturgeons, par exemple dans le Danube et plus particulièrement le corridor vert du Danube inférieur, ou dans d’autres grands fleuves d’Europe, où nos actions visent à protéger et à restaurer les habitats vitaux ainsi que les routes migratoires.
Enfin, le WWF a aussi initié et facilité le développement du Plan d’Action des Esturgeons du Danube, adopté par la Convention de Bern.
Nos projets actifs
Le WWF s’engage activement depuis de nombreuses années pour la conservation des esturgeons et mène des projets de terrain afin de lutter efficacement contre les pressions qui pèsent sur cette espèce en danger.
Agissez avec le WWF
Chacun d’entre nous peut se mobiliser et agir au côté du WWF pour faire face au plus grand défi de notre siècle. La sauvegarde des espèces et des espaces menacés ne se fera pas sans votre aide. Ensemble nous sommes la solution !