Le WWF appelle à un sursaut collectif pour mettre fin à l’effondrement de la nature
L’IPBES, la plateforme scientifique mondiale sur la biodiversité, publie aujourd’hui un rapport historique sur l’effondrement sans précédent de la biodiversité. Fruit de 3 ans de travail et faisant la synthèse de milliers de publications scientifiques, ce rapport représente l’analyse scientifique la plus aboutie sur l’état de notre planète. Pour le WWF France, ce rapport doit être un appel à l’action dont les décideurs et la société toute entière doivent se saisir pour engager une profonde transformation de notre modèle économique et social et mettre fin à la destruction de la nature qui nous fait vivre.
Pour approfondir le sujet :
Call4Nature, Objectif : Alimentation, Objectif : Climat & Énergie, Objectif : Vie des forêts, Objectif : Vie des océans, Objectif : Vie sauvageUn constat édifiant
On estime aujourd'hui qu'un million d'espèces sont menacées.
Le constat du rapport est sans appel : en un demi-siècle, l’Humanité a détruit une grande partie de la nature sur Terre et continue à la faire décliner. A ce jour, on estime qu’un millions d’espèces sont menacées de disparition. Les espèces n’ont jamais disparu à un rythme si rapide, qui est aujourd’hui cent à mille fois supérieur à celui connu au cours des temps géologiques.
Déforestation, utilisation massive de pesticides, dégradation des sols, surpêche, émissions de CO2, pollutions plastiques : jamais l’impact de l’Homme sur la planète n’a été si fort et généralisé. Aujourd’hui, seulement un quart des surfaces terrestres et moins de la moitié des océans ne subissent pas encore l’impact des activités humaines. A titre exemple, l’humanité a détruit 85% des zones humides par rapport à l’ère préindustrielle.
Pourtant, et le rapport nous le rappelle, la biodiversité nous permet de vivre et assure la stabilité de nos sociétés à travers les services qu’elle nous rend : les océans et les forêts nous fournissent l’oxygène que nous respirons, les mangroves et récifs coralliens nous protègent des tempêtes et de l’érosion côtière, les pollinisateurs fournissent 35 % de la consommation alimentaire mondiale, pour ne citer que quelques exemples.
Un appel à l’action pour nos sociétés
Nous sommes aujourd’hui à un point de bascule. Si tout n’est pas perdu et qu’il est encore possible de mettre un terme à cet effondrement de la nature, c’est maintenant que tout se joue.
Pour la première fois, ce rapport met à disposition des décideurs toutes les connaissances scientifiques à date sur l’état de la biodiversité mondiale et les solutions à mettre en place. Face à cet effondrement de la nature, un autre avenir est possible. Tous les acteurs de la société doivent y participer à leur juste niveau de responsabilité : les Etats, les entreprises et les investisseurs, les collectivités locales et les citoyens.
Alors que, selon le rapport, les objectifs d’Aichi pour la protection de la biodiversité, fixés par les Etats en 2010, ne seront en grande partie pas atteints en 2020, le WWF France appelle les décideurs à faire de la biodiversité un enjeu majeur de leurs politiques et actions, dès la réunion du G7 environnement qui se tient à Metz les 5 et 6 mai. Pour appeler les décideurs à protéger la nature, le WWF rejoint l’appel de près de 600 personnalités de tous les continents à travers une tribune publiée dans Le Monde.
Pour le WWF France, l’action des Etats doit passer notamment :
- Au niveau international
➜ Par l’adoption d’un accord mondial ambitieux sur la protection de la nature lors de la COP 15 de la Convention sur la Diversité Biologique en Chine en 2020. Cet accord devra disposer de cibles claires et de mécanismes de mise en oeuvre garantissant leur atteinte ;
➜ Par la mise en place d’une coalition de pays pour la biodiversité par les ministres de l’environnement réunis à Metz à l’occasion de la réunion du G7 Environnement, afin de préparer cet accord de 2020.
- Au niveau national par des transformations sectorielles dans les domaines qui pèsent sur la biodiversité (minier, agriculture et climat) :
➜ L’abandon du projet Montagne d’Or, une mine d’or industrielle qui pourrait voir le jour en plein cœur de la forêt amazonienne guyanaise, symbole d’un modèle de développement du passé qui oppose développement économique et protection de l’environnement. Plus de 2000 espèces dont 127 protégées ont été recensées sur le site de la Montagne d’Or et sont menacées par le projet ;
➜ En matière d’agriculture, principale responsable aujourd’hui de la disparition de la nature et de 70% de la déforestation, le WWF France demande une réduction de la dépendance aux importations de soja pour l’alimentation animale et la fin de l’utilisation d'huile de palme et de soja dans les agrocarburants. D’autre part, l’utilisation de pesticides étant l’une des causes majeures du déclin de la biodiversité en France, le WWF France demande à ce que les moyens soient enfin mis pour atteindre les objectifs du plan Ecophyto (-50% de pesticides en 2025) ;
➜ En matière de climat et notamment de mobilité, le WWF France appelle les députés à adopter une loi d’orientation sur les mobilités ambitieuse, qui engage l’ensemble des acteurs dans la transition vers des formes de mobilité plus durables.