En Russie le tigre ressuscite

Le tigre de Sibérie, également appelé « tigre de l’Amour », est le plus grand de tous les tigres. Son nom fait référence au fleuve Amour qui coule en Sibérie et en Chine. Sa fourrure change de couleur selon les saisons et s'éclaircit l'hiver pour mieux se fondre dans la neige. Particulièrement épaisse, elle lui permet de résister aux températures hivernales extrêmes des régions où il évolue.

Autrefois largement répandu, son habitat se résume aujourd’hui à la cordillère Sikhote-Aline, au cœur des provinces de Primorie et de Khabarovsk dans l’Extrême-Orient russe, ainsi qu’à de petits territoires à la frontière chinoise et peut-être en Corée du Nord. Chassé pour sa fourrure et pour ses os, prisé par la médecine chinoise, le félin est également souvent abattu par des éleveurs en représailles aux attaques perpétrées sur leurs troupeaux. Quant à l'exploitation forestière pour le commerce du bois, elle entraîne une diminution de ses proies, ce qui contraint le tigre de Sibérie à abandonner son territoire et à disparaître peu à peu...

Heureusement, la nature est de notre côté. Le tigre est une espèce qui se reproduit facilement, pour peu qu’il ait assez de nourriture, un peu d’espace et qu’on arrête de le pourchasser !

Le WWF est à l’origine du Tx2, l'objectif mondial consistant à doubler le nombre de tigres sauvages d'ici 2022. En 2010, lorsque le nombre de félins a été estimé à moins de 3200, les 13 pays dits du tigre (Bangladesh, Bhoutan, Cambodge, Chine, Inde, Indonésie, Laos, Malaisie, Birmanie, Népal, Russie, Thaïlande, et Vietnam) se sont engagés à atteindre l’objectif de 6000 animaux d’ici 2022, la prochaine année du Tigre de l’horoscope chinois.

Espèce insaisissable, le tigre est difficile à trouver et à tracer. Mais chaque animal est identifiable par ses rayures uniques, différentes d’un individu à l’autre, telles un code barre, une empreinte digitale. Grâce aux pièges photographiques, les experts du WWF peuvent les identifier et donc les recenser.

Sur les blasons des villes, le tigre de Sibérie est partout, omniprésent dans l'histoire et l'imaginaire de ces régions du bout de la Russie. Pourtant, dans la zone, l’espèce a bien failli disparaître définitivement. Dans les années 2000, plus aucune trace de l’animal. Les experts constatent que le félin a déserté. Le gouvernement décide alors de réintroduire l’espèce dans la province d’Evreiskaya. Quatre spécimens, retirés de « zones à risque », notamment parce que leur habitat était trop proche des habitations humaines et que cela générait de nombreux conflits, sont transférés à proximité de la réserve naturelle nationale de Sikhote-Aline. Grâce aux colliers satellites dont les animaux sont équipés, nos experts suivent leurs déplacements à distance et évaluent les résultats du dispositif de translocation. 

Près de 10 ans plus tard, le succès est au rendez-vous. Lors du dernier recensement effectué au mois de février aux abords de Dichun et Zhuravliny, une vingtaine de tigres a été comptabilisée. Les équipes ont formellement identifié trois portées distinctes qui comptaient respectivement un, deux et trois petits. Notre objectif désormais est d’établir une réserve naturelle sur la crète de la montagne Maly Khingan près de la frontière avec la Chine. C’est là le seul moyen de mettre le félin à l’abri des industries minières et forestières.