La transition agricole et alimentaire a commencé

Industrialisée depuis les années 1960, l’agriculture affecte gravement la biodiversité, le climat, notre santé et l’emploi dans nos campagnes. La terre est fatiguée. Les traitements chimiques, la surexploitation constante et les monocultures de masse ont appauvri les sols.

La France est le premier pays consommateur d’herbicides, de fongicides et d’insecticides en Europe.

Résultat : 93% de nos cours d'eaux et 70% de nos eaux souterraines sont pollués par les pesticides. Les insectes pollinisateurs, dont les abeilles et les papillons, sont en déclin à cause de nos pratiques agricoles irresponsables. Les hommes sont, eux aussi, durement touchés. En 2017, un tiers des agriculteurs français ont des revenus équivalents à 353 € par mois. Face à une précarité et à une pression constante, les conséquences peuvent être dramatiques. Un agriculteur se suicide tous les deux jours. Quant à la maladie de Parkinson et au lymphome non hogdkinien, ils sont aujourd’hui tous deux reconnus maladies professionnelles d’agriculteurs en raison de leur exposition chronique aux pesticides.

Le WWF France prône une réforme radicale de la Politique Agricole Commune pour garantir une production d’aliments de bonne qualité à court et à long terme, pour créer de l’emploi et préserver l’environnement, au profit de notre avenir et de celui des générations futures.

En ce moment même, le WWF France s’efforce d’influer sur les États généraux de l’alimentation (EGA) qui rassemblent, pour la première fois, tous les acteurs concernés afin de débattre de notre modèle agricole et alimentaire. Ce travail d’influence s’exerce notamment via la publication d’études. Début novembre, nous avons lancé l’étude « vers une alimentation bas carbone, saine et abordable », co-réalisée avec ECO2 Initiative pour démontrer qu'il est possible de manger des produits plus sains et de meilleure qualité, issus notamment de l’agriculture biologique, tout en limitant notre impact sur la planète.

Et la semaine dernière, nous avons publié le rapport « 10 signaux prouvant que la transition agricole et alimentaire a commencé »…

Entre 2015 et 2016, la consommation bio des ménages français a bondi de 21%, la croissance de la consommation de produits issus du commerce équitable a été exceptionnelle (+ 42,8%) et les ventes de produits de la mer labellisés MSC ont augmenté de 35%. Les producteurs sont de plus en plus nombreux à relever le défi d’une agriculture durable, la surface agricole bio a ainsi augmenté de 17% et la filière du « sans pesticide » représente aujourd’hui plus de 118 000 emplois directs.

Les œufs de batterie perdent du terrain face aux œufs dits « alternatifs », (codes 0,1 et 2, respectivement élevage bio, plein air et sol) qui représentent près de 48% en volume du marché des œufs. La viande connait elle aussi un déclin relatif puisqu’entre 2007 et 2013, pour les viandes de boucherie (c’est-à-dire le bœuf, le veau, l’agneau, le porc frais et la viande chevaline) les niveaux sont passés de 58 à 52.5 g par jour et par personne.

Les chiffres sont clairs et nous montrent qu’en France il y a une majorité culturelle composée d'agriculteurs, de consommateurs, de collectivités locales, de producteurs et d’entreprises qui mènent déjà à leur échelle la transition vers un nouveau modèle agricole et alimentaire. Les Français sont en train de changer leur alimentation et les représentations qui l’entourent bien plus vite que nous le pensions.