La vanille à la rescousse des forêts humides
A Madagascar, la vanille pousse aux pieds des forêts humides, sans altérer les écosystèmes. Produite durablement, elle assure un revenu décent aux communautés de la région de la Sava.
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Les forêts primaires de Madagascar sont coupées ou brûlées pour le défrichage ou le pâturage, au rythme de 36 000 hectares par an.
Nichée au cœur de l'océan Indien, au large des côtes africaines, Madagascar est une sorte d'arche de Noé. La Grande île abrite des espèces animales que l'on ne retrouve nulle part ailleurs… Lémuriens, tortues étoilées et autres reptiles y ont élu domicile en raison de la variété de ses climats et de ses reliefs.
Malheureusement, ce patrimoine unique est en passe de disparaître. Les forêts primaires qui couvraient 30% de l'île au milieu du siècle dernier n'en couvrent plus que 12%. Elles sont coupées ou brûlées pour le défrichage ou le pâturage, au rythme de 36 000 hectares par an. L’agriculture sur brûlis touche essentiellement le plateau Mahafaly et les forêts du Nord.
Un phénomène que vient aggraver la croissance démographique. En effet, le niveau de pauvreté contraint les habitants à une utilisation irrationnelle des ressources naturelles. Dans les zones rurales, on estime que seuls 5 % de la population a accès à l'électricité.
L’exploitation du charbon de bois précipite la dégradation des forêts tout en maintenant le haut niveau de dépendance des populations à l’égard des ressources forestières.
Promouvoir des alternatives durables
A Madagascar, le WWF est présent depuis 1963.
En étroite collaboration avec les autorités du pays et les communautés locales, nous nous efforçons de développer des projets communautaires durables pour permettre aux populations de vivre décemment tout en préservant leur patrimoine naturel d’exception.
Avec plus de 2 800 heures d’ensoleillement par an, la grande île bénéficie d’un énorme potentiel en matière d’énergie solaire. C’est pourquoi le WWF a décidé de soutenir une initiative originale qui vise à mettre en œuvre un réseau de grands-mères ingénieures en énergie solaire dans les régions les plus reculées de la grande île. Chaque année, des femmes, qui ne savent ni lire ni écrire, partent suivre une formation en Inde, au sein du Barefoot College. Elles y apprennent à fabriquer et entretenir des petits équipements à base d’énergie solaire. À l’issue de leur formation, elles assurent l’électrification de leur village.
Depuis le lancement de l’initiative en 2012, les conditions de vie des villageois s’améliorent, des activités génératrices de revenus se développent.
Un cercle vertueux
Rozafy cultive de la vanille depuis 10 ans au pied des forêts d’Andrafainkona, dans la région de la Sava, au nord-est du pays. Avant, elle produisait du riz mais les fins de mois étaient difficiles. Très vite, la récolte de ses premières gousses s’est avérée plus rentable.
Toutefois, pour pérenniser son activité, elle a besoin de la contribution de tous afin de préserver les forêts humides, indispensables à la culture d’une vanille de qualité. C’est la raison pour laquelle elle a décidé de rejoindre l’association communautaire « Andrafainkona Miaro Tontolo Iainana ». Soutenue par le WWF, l’organisation contribue directement à la sensibilisation de ses pairs sur l’importance des forêts et la nécessité de les préserver durablement.
Au sein de cette association communautaire, l’usage de pesticides et d’intrants de synthèse est exclu. Les producteurs s’appuient donc sur les geckos diurnes à poussière d’or, une espèce endémique du nord de l’île, qui se nourrit des insectes ravageurs. Le neem, un insecticide naturel, est également planté aux abords des cultures, ainsi que d’autres végétaux permettant de retenir l’humidité. L’alignement des plantations est également privilégié pour faciliter la circulation du vent et de l’eau.
Si la culture de la vanille est particulièrement sensible aux aléas climatiques et nécessite de lever certaines contraintes techniques, ce qu’on appelle la valorisation écosystémique intégrée de l’agrobiodiversité en forêt change la donne. Le principe est simple : en la cultivant dans les sous-bois, on profite des services écosystémiques rendus par la forêt, telle que la séquestration du carbone notamment. Et c’est ainsi un cercle vertueux qui se met en place : des forêts en bonne santé permettent de cultiver une vanille de qualité qui, elle, va bénéficier aux populations, en améliorant leur niveau de vie mais aussi en contribuant à la protection des écosystèmes essentiels à leur survie.