Ailerons de requins de recif à pointes noires (Carcharhinus melanopterus), Seychelles, Océan Indien
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16. février 2018

Singapour bannit la soupe aux ailerons de requin

A Singapour, 89 enseignes viennent de s’engager à retirer ce plat très prisé de la carte de leurs restaurants. Les squales du monde entier reprennent leur souffle…

Quand la bête noire devient victime

Des ailerons à prix d'or

Un kilo d’ailerons se négocie entre 300 et 500 euros.

Le requin fut l'un des tout premiers vertébrés à mâchoire et n'a pratiquement pas changé depuis son apparition il y a 400 000 millions d'années. Il a façonné nos océans, influençant le comportement des différentes espèces de poissons. Avec sa mâchoire puissante aux dents acérées, le requin fait peur et fascine tout à la fois.

Pourtant, massacré par les hommes, ce mal-aimé risque aujourd’hui de disparaître. En cause : le commerce des ailerons de requin – ingrédient de la soupe du même nom vendu à prix d’or – qui ne cesse de se développer. Quand les requins sont capturés, on coupe leurs ailerons et ce qui reste du requin est rejeté à la mer. Cette pratique, largement répandue, est appelée shark finning. 

Selon la liste rouge mondiale des espèces menacées dressée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), environ 60% des requins pélagiques sont actuellement en danger d’extinction. Un bien mauvais présage pour les océans car la disparition de ces prédateurs-clés qui trônent tout en haut de la chaîne alimentaire aurait de lourdes conséquences pour les écosystèmes marins.

Protéger le seigneur des mers

Notre objectif ? Une pêche soutenable au profit de l’homme sans compromettre les équilibres naturels de l’écosystème marin.

Le WWF œuvre à la protection de l'habitat naturel des requins et en faveur d’une pêche responsable qui limite les captures accidentelles. Des projets spécifiques ont pour objectif la sensibilisation du public à la cause des requins, l’amélioration des zones marines protégées et le développement de l’écotourisme qui contribue à la survie de l’espèce dans son environnement naturel.

Une étude menée en 2011 par l’Australian Institute of Marine Science a révélé qu’à Palau, un seul requin de récif génère au cours de sa vie près de 2 millions de dollars de revenus touristiques.

Nous cherchons également à obtenir l’interdiction de certains types de filets de pêche et œuvrons pour la régulation du commerce des ailerons de requin via le réseau TRAFFIC. L’initiative « Sharks : Restoring the Balance » s’efforce d’améliorer la gestion des pêcheries de requins et de réduire la demande pour parvenir à un commerce international responsable de l’espèce.

Séchage de nageoires de requin pour commercer avec Hong Kong. Utilisé pour la soupe et la médecine à Natal Sharks Board, Umhlanga en Afrique du Sud
Requin de récif (Triaeonodon obesus), département des Islas de la Bahía (Honduras)
Requin-renard pélagique (Alopias pelagicus) aperçu aux Philippines

89 enseignes suppriment la soupe d’ailerons de leur carte

Beaucoup trop !

Selon une étude parue en 2013, 100 millions de requins seraient tués chaque année dans le monde, principalement pour leurs ailerons.

 A ce jour, il n’existe pas d’alternative soutenable pour l’exploitation des requins. Seul le fait de mettre un terme à la demande permettrait de protéger l’espèce.

Ces dernières années, sous la pression d'ONG et d'institutions internationales, de plus en plus de personnalités chinoises ou d'hôtels et restaurants en Chine ont déclaré renoncer aux ailerons de requin. Ce fut le cas par exemple de la star chinoise du basket-ball, Yao Ming, géant retraité des terrains mais dont chaque fait et geste continue d'être suivi par des millions de Chinois.

Mais aujourd’hui, un cap supplémentaire a été franchi avec cet engagement inédit du monde de la restauration. A Singapour, 89 enseignes ont annoncé leur intention de ne plus mettre de soupe d’ailerons au menu, à l’instar de Chrystal, Pan Pacific Hotels ou encore foodpanda, dont la décision s’appliquera également au sein des restaurants partenaires, plus de 3800 en tout.

Le WWF les accompagnera dans cette démarche plus ou moins progressive selon les établissements. Si certains ont opté pour le boycott immédiat et définitif de la fameuse soupe, d’autres vont la retirer de leur carte pendant une période test ou encore ne la servir qu’à la demande, au cas par cas. Puisse cet engagement faire des émules au sein de la profession…

Couple de requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), Galapagos

Ensemble, agissons

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